Si le référendum se tient le 12 décembre, « nous ne serons pas là le 13 décembre pour discuter de la construction du pays et de l’après » a prévenu Victor Tutugoro, président de l’Union progressiste mélanésienne (UPM), composante du FLNKS, dans une interview aux Nouvelles Calédoniennes.
Victor Tutugoro fait notamment référence à la période de transition qui doit débuter au lendemain du 3ème et dernier référendum d’indépendance dans le cadre de l’accord de Nouméa et ce, jusqu’en juin 2023. Cette période avait été annoncée par le ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu en juin dernier, à l’issue de plusieurs journées de travail sur l’avenir de l’archipel avec une partie des élus indépendantistes et non indépendantistes calédoniens.
Le chef de file de l’UPM, parti indépendantiste actuellement à l’animation du FLNKS -qui regroupe notamment l’Union calédonienne et le Palika-, est également revenu sur les raisons de l’annonce de « non-participation » du front indépendantiste au prochain référendum. Et outre la situation sanitaire, Victor Tutugoro dénonce « un revirement de la parole de l’État entre 2019 et 2021 » et évoque le Comité des signataires de l’accord de Nouméa, tenu en 2019 sous l’égide d’Édouard Philippe. L’ancien Premier ministre « avait indiqué, au nom du gouvernement de la France, que le troisième référendum ne pourrait se tenir entre septembre 2021 et août 2022 ».
« C’était la parole de la France » a-t-il ajouté, pointant un « changement de méthode » depuis le remaniement ministériel et l’arrivée de Sébastien Lecornu aux Outre-mer. « Depuis que Sébastien Lecornu est en poste, à aucun moment le Comité des signataires n’a été convoqué alors que c’était l’instance de discussion pendant des années », poursuit Victor Tutugoro, regrettant « un État beaucoup plus directif » et un « virage (qui) coïncide avec la position d’une partie de la droite locale ». Victor Tutugoro estime que « les conditions ne sont pas réunies pour tenir un référendum » et que « la sérénité nécessaire n’est pas là ».
L’indépendantiste critique également, dans cette interview au quotidien calédonien, le document des conséquences du OUI et du NON à l’indépendance préparé et présenté par l’État à la Nouvelle-Calédonie. « Il n’est pas approprié, c’est un document à charge contre l’indépendance », a-t-il estimé, jugeant qu’aujourd’hui, « plus personne » ne serait « pour l’accession brute à l’indépendance ». « Le FLNKS défend un partenariat avec la France » a ajouté le cacique indépendantiste qui insiste : « si les indépendantistes ne sont pas écoutés (…) nous ne serons pas là le 13 décembre pour discuter de la construction du pays et de l’après ».
Outre le FLNKS, « des structures coutumières », l’USTKE, le Parti travailliste et le MNSK, ainsi que « d’autres organisations indépendantistes » se sont aussi prononcés pour le report du référendum, a-t-il rappelé. « Il y a donc une unanimité du mouvement indépendantiste » estimant encore si le référendum est maintenu au 12 décembre, « le Non (à l’indépendance, ndlr) gagnerait par forfait ». Dans une tribune au Monde, la présidente loyaliste de la province Sud, Sonia Backès, « déplore l'attitude du FLNKS et appelle les Calédoniens à participer au référendum ».