Le député centriste Philippe Gomès a mis garde mardi sur « l'ogre chinois » dans le Pacifique Sud, à la veille du troisième référendum sur l'indépendance de la Nouvelle-Calédonie et alors que les îles Salomon sont secouées par une crise sur fond de rivalité sino-taïwanaises.
« La Chine a tissé progressivement sa toile et force est de constater qu'elle a aujourd'hui une mainmise sur l'arc mélanésien », a déclaré à l'AFP le député (Calédonie ensemble, UDI) de la deuxième circonscription de Nouvelle-Calédonie. « En cas d'indépendance, pourquoi serions-nous plus intelligents ou plus vertueux pour résister à l'ogre chinois alors que les autres pays n'y sont pas parvenus », s'est-il interrogé, désignant « le positionnement à l'égard de Taïwan comme matrice de l'influence chinoise », tel qu'en témoigne la crise aux Salomon.
Archipel situé à 1 300 kilomètres de la Nouvelle-Calédonie, ce pays est en proie à des émeutes, qui ont fait trois morts, perpétrées par des opposants à la décision en 2019 du gouvernement de transférer sa reconnaissance diplomatique de Taïwan à la Chine. Face aux émeutes, l'Australie a envoyé des renforts militaires dans cet archipel de près de 700 000 habitants.
Selon Philippe Gomès, la Chine « regarde de près ce qui se passe » en Nouvelle-Calédonie, d'autant qu'elle dispose d'une zone économique exclusive de près d'1,5 million de kilomètres carrés et d'un quart des ressources mondiales de nickel de la planète. Alors que les autres pays de Mélanésie (Papouasie Nouvelle-Guinée, Fidji, Salomon et Vanuatu) ont cédé aux sirènes de Pékin, Philippe Gomes, membre de la commission des affaires étrangères, a estimé que « la seule manière pour la Nouvelle-Calédonie d'être protégée » était « de rester dans le giron français ».
Deux référendums sur l'indépendance ont déjà eu lieu en Nouvelle-Calédonie les 4 novembre 2018 et 4 octobre 2020 et ont été remportés par les pro-France (56,7% puis 53,3% des voix). Toutefois, en deux ans, l'écart entre loyalistes et indépendantistes s'est réduit presque de moitié, de 18 535 à 9 970 voix. Invoquant la crise sanitaire, le FLNKS, qui souhaitait un report à septembre à 2022, a décidé de ne pas participer au vote du 12 décembre.
« Chez les indépendantistes (du FLNKS), la tendance incarnée par l'Union nationale pour l'indépendance (UNI) prône un partenariat presqu'exclusif avec la France ou des pays de la région, en revanche celle de l'Union calédonienne (UC) me semble plus friable vis à vis de la Chine », a également indiqué Philippe Gomès.