Depuis le mois de mai 2024, l’activité économique de l’Île des Pins, qui repose essentiellement sur le tourisme, traverse une crise profonde en raison des émeutes qui ont secoué la région. Face à cette situation, des solutions pour relancer cette industrie essentielle ont été au centre des discussions lors de tables ronde réunissant les tribus locales, la municipalité et la gendarmerie. Focus grâce au reportage de nos partenaires de CALEDONIA.
Les responsables coutumiers, en particulier, ont joué un rôle clé dans ces efforts, en cherchant à apaiser les tensions et à sécuriser les zones touristiques. Jacques Apikaoua, responsable coutumier de la tribu de Comagna, explique : « On a beaucoup travaillé avec la pédagogie avec l’ensemble de la tribu, pour sécuriser la tribu et ramener les touristes ».
Le 8 octobre marque une étape importante dans cette relance avec la reprise des rotations du Betico, une navette maritime essentielle pour relier l’île au reste de la Nouvelle-Calédonie. Cependant, l’incertitude plane encore sur la fréquentation touristique. Une des premières passagères de cette navette, visiblement partagée entre l’appréhension et l’espoir, témoigne : « Tout le monde était un peu en attente de voir si on allait être bien reçu, si d’ailleurs c’était possible de venir. Les gens sont accueillants dans les structures de restauration ou d’hôtel, tout s’est bien passé. J’ai passé une super journée ».
Les hôtels, fermés depuis plusieurs mois, commencent à rouvrir progressivement leurs portes, bien que la reprise reste timide. Didier Grava, gérant d’hôtel sur l’île, souligne la difficulté de redémarrer l’activité : « Le taux de remplissage effectivement est encore faible, on est à peine à 15 / 20 % sur la période de vacances scolaires, parce qu’il faut aussi inciter les gens à revenir, pour que le tourisme puisse redémarrer. Donc pour l’instant, on est loin d’être à l’équilibre bien sûr, mais le but était de faire savoir à tout le monde que l’île était praticable ».
Les autres acteurs économiques de l’île, directement dépendants de cette reprise, sont également touchés. Pierre Emmanuel, gérant d’une structure de plongée, dont l’activité est fortement liée à la fréquentation des structures d’accueil alentours, constate la baisse de la demande : « Avant je ne pouvais pas prendre les personnes en plongée sur les “day-trip”, mais là c’est sûr qu’on va être obligé de modifier toute notre organisation pour accepter tout le monde ».
Pour Lilian, président de la fédération du tourisme et des acteurs économiques de l’Île des Pins, la relance prendra du temps, et les résultats ne se feront pas sentir immédiatement : « On capitalise beaucoup plus sur la fin d’année avec les beaux jours qui arrivent et les promotions qui sont en cours, que sur les vacances scolaires d’octobre qu’on prend comme un test, une remise en route avec tous les prestataires que sont Air Calédonie et le Betico. C’est une période transitoire, à la fin des vacances scolaires on fera le point avec tous les acteurs, et puis du coup on définira une stratégie peut-être plus pertinente pour cette fin d’année ».
La reprise du tourisme à l’Île des Pins est donc en marche, mais elle s'annonce progressive, nécessitant la collaboration de l'ensemble des acteurs locaux et une adaptation aux circonstances économiques et sociales complexes qui impactent le secteur.
Damien Chaillot