Nouvelle-Calédonie : La pauvreté revêt des dimensions différentes selon les territoires, indique l'ISEE

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Nouvelle-Calédonie : La pauvreté revêt des dimensions différentes selon les territoires, indique l'ISEE

L’Institut de la Statistique et des Études Économiques (ISEE) a publié une synthèse relative à la pauvreté en Nouvelle-Calédonie, mettant en exergue de fortes disparités sur le territoire. Basée sur l’année 2020, l’étude révèle une forte concentration de richesse en Province Sud, devant la Province Nord, et loin devant la Province des Îles.



En 2020, un Calédonien sur cinq se trouve en situation de pauvreté monétaire, entame la synthèse de l’ISEE, précisant que taux n’est pas identique dans les différentes parties du territoire. Pour exemple, le niveau de vie médian des habitants de la Province Sud est le double de celui des personnes vivant dans les îles Loyauté, tandis que des disparités sont également observées géographiquement avec une différence marquée entre l’Ouest et l’Est de la Grande Terre. La mixité sociale, déterminée par la diversité des niveaux de revenus, est plus présente à l’ouest et dans l’extrême sud, alors que la pauvreté plus prégnante dans le reste du territoire. Constat est fait également que les communes où l’emploi est plus développé, notamment minier, sont moins impactées par les situations de pauvreté.

En 2020, la moitié des Calédoniens ont un niveau de vie mensuel inférieur ou égal à 175.900 Francs CFP (1467€), étalon statistique représentant le niveau de vie médian, correspondant au revenu disponible d’une personne seule et à un revenu disponible, évalué à 369.400 FCFP (3081€) pour un couple avec deux enfants de moins de 14 ans.
Ce calcul du niveau de vie tient compte des revenus monétaires déclarés par les ménages, qu’il s’agisse de revenus du travail ou de transferts sociaux, et de l’autoconsommation estimée.

Des disparités marquées entre provinces…

Premier constat flagrant de l’étude, des niveaux de vie qui diffèrent fortement selon les territoires.
En effet, ce sont 45 % des personnes résidant en province Sud, 62 % de celles résidant en province Nord et 77 % de celles de la province des Iles Loyauté qui ont un niveau de vie inférieur à 175.900 FCFP (1467€).
Sous l’angle des Provinces, la médiane des habitants de la province des Iles Loyauté se situe à un niveau nettement inférieur au résultat sur la Nouvelle-Calédonie toute entière, puisque 50 % des personnes des îles Loyauté ont un niveau de vie inférieur à 97.200 FCFP (769€), 50 % des habitants de la province Nord ont un niveau de vie inférieur à 142.000 FCFP (1184€), et 50 % des habitants de la Province Sud, inférieur à 192.400 FCFP (1604€), plaçant la médiane de cette dernière province au-dessus du niveau global Nouvelle-Calédonie toute entière.

... Et au sein même de ces dernières

Au sein même de chaque province, les écarts de distributions sont également très différents.
Les trois communes des îles Loyauté affichent les niveaux de vie parmi les plus faibles. De nombreux habitants des îles ont migré sur la Grande Terre pour travailler. Au recensement de 2019, il y avait 15 ressortissants des îles domiciliés sur la Grande Terre, pour 10 encore domiciliés en province des Iles. Ceux qui restent ont plus souvent de faibles revenus monétaires déclarés. Au quotidien, les ventes ponctuelles, notamment sur les marchés, et l’entraide familiale compensent probablement au moins en partie ce faible niveau de ressources monétaires.

Des disparités plus importantes entre les plus aisés et les plus modestes sont observés, avec un rapport 16,1 entre les 10 % les plus modestes et les plus aisés. Pour autant, ces écarts peuvent ne pas être ressentis avec la même intensité par les populations concernées, atténués par des solidarités, notamment familiales, encore actives, explique le rapport de l’ISEE.

En province Nord, il y a un effet est/ouest marqué. Les communes de l’Est ont des distributions proches entre elles, avec des niveaux de vie plus modestes et des inégalités prononcées. En effet, les 10 % les plus aisés ont un niveau de vie plus de 10 fois supérieur à celui des 10 % les plus modestes. Les communes de l’Ouest, qui ont un taux d’activité plus élevé et une part importante d'emplois liés à la mine, sont plus aisées.

En province Sud, les distributions de niveau de vie des communes sont assez homogènes. Hormis Thio et l’Île des Pins où les niveaux de vie sont plus faibles, les médianes sont très proches. Il existe pourtant plus d’inégalités à Nouméa. Dans cette commune, en effet, le niveau de vie des 10 % les plus aisés est 8,6 fois plus élevé que celui des 10 % les plus modestes. Pour les autres communes, à l’exception de Thio et l’Île des Pins, ce rapport interdécile ne dépasse pas 7,3. À Thio et l’île des Pins, qui comportent plus de personnes aux revenus modestes, ce rapport dépasse 10.

Un Calédonien sur cinq sous le seuil de pauvreté

C’est l’autre donnée marquante de la synthèse, la mesure de la pauvreté monétaire, relative à un seuil qui, par convention en Nouvelle-Calédonie, s’établit à la moitié de la médiane du niveau de vie. En 2020, le seuil de pauvreté s’élève donc à 87.950 FCFP (733€). Environ 51.000 personnes vivent dans des ménages ayant un niveau de vie inférieur à ce seuil, ce qui correspond à un taux de pauvreté de 19,1 %, un nombre stable par rapport à 2019.

Ici encore, la population vivant sous le seuil de pauvreté ne suit pas la même répartition provinciale que l’ensemble de la population. En effet, la province Sud accueille 75 % de la population, mais seulement 60 % des personnes pauvres. La province Nord concentre 18 % des habitants et 26 % des personnes pauvres. Dans la province des îles Loyauté vivent 7 % des habitants du territoire et 14 % des personnes pauvres. Les taux de pauvreté sont donc beaucoup plus élevés dans ces deux derniers territoires, respectivement 29,4 % et 45,8 %, qu’en province Sud (14,9 %). En province des îles Loyauté, près d’un habitant sur deux sont donc en situation de pauvreté monétaire relativement au niveau de vie de l’ensemble des habitants du territoire. 



Damien CHAILLOT