La formation professionnelle en Nouvelle-Calédonie fait face à des défis majeurs, dans un contexte de profondes mutations économiques et de restrictions budgétaires. Entre baisse des moyens financiers, réduction de l’offre de formation et nécessité d’adaptation aux nouveaux besoins du marché, le gouvernement entend impulser une refonte ambitieuse du secteur.
Depuis 2019, les crédits alloués à la formation professionnelle ont chuté de plus de moitié, passant de 1,6 milliard de Fcfp (13,4 millions d’euros) à 600 millions Fcfp (5 millions d’euros) en 2025. Cette contraction a entraîné une réduction du nombre de formations proposées, passant de 25 actions pour plus de 450 stagiaires en 2020 à 6 à 8 formations prévues pour 90 à 110 personnes cette année.
Cette baisse d’offre pèse particulièrement sur l’insertion des jeunes, alors que 28,3 % des moins de 30 ans sont actuellement au chômage, et que 800 jeunes sortent chaque année sans diplôme des cursus de formation initiale. Face à ce constat, le gouvernement, via la direction du Travail, de l’Emploi et de la Formation professionnelle (DTEFP), déploie une stratégie articulée autour de plusieurs axes : mutualisation des ressources, sécurisation des parcours, outillage des acteurs de l’orientation, et innovation pédagogique.
Parmi les mesures phares figure la création d’un "Village des solutions", un espace regroupant les opérateurs de formation et les structures d’accompagnement, destiné à offrir un guichet unique pour les publics en insertion ou en reconversion. Le gouvernement prévoit également de renforcer la validation des acquis de l’expérience (VAE), d’introduire l’action de formation en situation de travail (AFEST) et de clarifier les missions des structures d’orientation.
Un projet structurant vient compléter ce plan : la "Presqu’île des Savoirs", implantée sur le site de l’Île Nou à Nouville. Ce campus innovant réunira formation initiale et professionnelle dans un écosystème commun, en lien avec l’Université de la Nouvelle-Calédonie, le lycée Jules-Garnier et divers partenaires publics et privés. L’initiative vise à simplifier les parcours, mutualiser les moyens, et favoriser la montée en compétences dans des filières en développement telles que les services, le numérique, ou l’économie bleue.
La gouvernance du projet sera assurée par un conseil local réunissant les parties prenantes. Les premières phases de mise en œuvre sont en cours, avec le soutien d’acteurs comme l’AFPA et l’AFD.
Damien Chaillot