Nouvelle-Calédonie : La directrice de la mission interministérielle Claire Durrieu espère "créer un choc de confiance" pour relancer l’économie

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Nouvelle-Calédonie : La directrice de la mission interministérielle Claire Durrieu espère "créer un choc de confiance" pour relancer l’économie

En mission sur le Caillou, Claire Durrieu, directrice de la mission interministérielle pour la Nouvelle-Calédonie, a détaillé sa feuille de route : accompagner la refondation du modèle économique et social, tout en gérant les urgences liées au nickel, aux finances publiques et à la relance. L’État, déjà mobilisé à hauteur de plusieurs dizaines de milliards de francs, veut donner des perspectives et "recréer un choc de confiance". Précisions avec notre partenaire Les Nouvelles Calédoniennes.

Actuellement en déplacement sur le Caillou, la directrice de la mission interministérielle pour la Nouvelle-Calédonie, Claire Durrieu, a présenté ce vendredi les deux priorités de son équipe : accompagner le territoire dans la refondation de son modèle économique et social, et traiter les urgences financières.

"L’objectif est d’accompagner le territoire dans la refondation de son modèle économique et social, sans faire à la place des élus mais en les appuyant, dans le respect des compétences de chacun", a-t-elle rappelé en conférence de presse.

Premier chantier : lancer, avec les institutions et le monde socio-économique, les travaux du futur "pacte de refondation". Une méthode va être présentée aux élus, au Congrès, aux provinces, aux maires, mais aussi aux syndicats, et aux organisations patronales et coutumières. "Il s’agit de proposer une organisation très concrète : quels groupes de travail, quel comité de pilotage, quels sujets traiter en urgence d’ici la fin de l’année, et lesquels inscrire à moyen et long termes", détaille Claire Durrieu.

La mission offrira également un appui technique. "Notre rôle, c’est aussi d’accompagner la mise en place d’outils de suivi, comme un tableau de bord d’indicateurs ou l’évaluation de l’impact des réformes."

Elle espère voir les premiers jalons posés rapidement : "Idéalement, j’aimerais repartir le 19 octobre en ayant vu le lancement officiel de ces travaux, avec un accord sur la méthode, le calendrier et les priorités. Mais si les partenaires veulent modifier ou repartir de zéro, c’est évidemment leur choix."

Trois urgences critiques : nickel, déficit et relance

Le deuxième axe de travail concerne les urgences immédiates. Le nickel en tête, secteur stratégique mais exsangue : "Les usines qui restent sont très déficitaires et ne fonctionnent plus que grâce au soutien massif de l’État, plus de 300 millions d’euros [35,7 milliards de francs] prévus pour 2025", souligne la directrice. Deux experts spécialisés dans l’énergie et l’industrie minière sont attendus pour examiner la trésorerie des usines, les projets de reprise et une stratégie industrielle intégrée.

Deuxième sujet brûlant : les finances publiques. "On sait que le déficit 2026 sera élevé, même si toutes les réformes votées en août sont appliquées. L’enjeu est de dire clairement, dans deux à quatre semaines, voilà l’état des lieux, et de voir ensuite ce que l’on peut faire."

Enfin, la relance économique. Après les aides d’urgence versées à l’été 2024, la mission cherche désormais à identifier des investissements structurants. "Il s’agit de projets capables non seulement de créer de l’activité à court terme, mais aussi d’augmenter la croissance potentielle du territoire", précise-t-elle.

L’État déjà fortement mobilisé

Claire Durrieu a rappelé que l’État a déjà débloqué des moyens considérables depuis les émeutes de mai 2024. "Dès l’été dernier, plusieurs dizaines de millions d’euros ont été versés directement aux entreprises par l’Agence des finances publiques, auxquels s’ajoutent le financement du chômage partiel et le Fonds de solidarité. Au total, l’État a mobilisé près de 28,8 milliards de francs CFP pour soutenir la population, les collectivités et les services essentiels", a-t-elle listé.

Cette enveloppe exceptionnelle, qui s’ajoute aux 300 millions d’euros prévus en 2025 pour soutenir le nickel, témoigne, selon elle, d’un engagement durable.

" Un choc de confiance " attendu

L’instabilité politique à Paris suscite des interrogations. Mais pour Claire Durrieu, "tant que le décret instituant la mission n’est pas abrogé, le travail se poursuit. Notre rôle est administratif, pas politique."

Elle se veut néanmoins lucide : sans visibilité, impossible de mobiliser. "Ce qu’il manque aujourd’hui, c’est une impulsion de confiance, un petit choc de confiance. Les fondamentaux sont là – ressources, infrastructures, savoir-faire – mais il faut donner des perspectives sur cinq, dix, quinze ans."

La mission s’attachera également à multiplier les rencontres sur le terrain, de Nouméa au Nord en passant par les Îles, pour entendre entreprises, les associations et les habitants. "Outre les discussions indispensables avec les élus, il est très important de voir aussi les acteurs de l’économie et les habitants au plus proche du terrain. C’est complémentaire des discussions institutionnelles", insiste-t-elle.

Claire Durrieu a souhaité conclure sur une note d’optimisme : "Beaucoup de choses fonctionnent en Nouvelle-Calédonie. Des chefs d’entreprise, des médecins, des agriculteurs, des bénévoles font tourner le pays au quotidien. Il faut s’appuyer sur cette énergie pour enclencher un mouvement collectif de redressement."

Par Les Nouvelles Calédoniennes