La Nouvelle-Calédonie enregistre pour la première fois depuis trois décennies une baisse de sa consommation d'électricité. Ce recul touche aussi bien l'industrie du nickel que les particuliers. Focus grâce au reportage de nos partenaires de CALEDONIA.

Le secteur du nickel, pilier de l'économie calédonienne, a vu sa consommation d'électricité chuter de 40 %. Cette diminution s'explique par le ralentissement de l'activité métallurgique, marqué par plusieurs arrêts d'unités de production. Jean-Gabriel Faget, directeur d'Enercal, explique ainsi au micro de CALEDONIA : « Effectivement, cela constitue une rupture, à la fois parce que la métallurgie a bien moins fonctionné, notamment avec l'arrêt de KNS, la baisse de consommation de la SLN, et l'arrêt pendant plusieurs mois de PRNC, et puis aussi ce qu'on appelle la distribution publique, qui ont vécu une année 2024 très compliquée ».

Les particuliers ne sont pas en reste, avec une baisse de 7,5 % de leur consommation. Une des raisons avancées est la diminution du nombre de contrats de fourniture d'électricité. « Une baisse de 2000 contrats, par comparaison avec les 115 000 que l'on avait avant la crise insurrectionnelle. Des contrats résiliés pour différents motifs, des gens qui ont quitté l'agglomération ou le territoire ».

L'avenir conditionné par le secteur du nickel

L'évolution de la consommation d'électricité en Nouvelle-Calédonie dépendra fortement de l'activité industrielle du nickel. « L'orientation dépendra des activités industrielles de la métallurgie du nickel. Selon qu'il y aura une, deux ou trois usines de transformation du nickel, on aura plus ou moins de consommation, et ça façonnera différemment le système électrique, sachant qu'on ne perd pas de vue qu'un des moyens de faire gagner en productivité la métallurgie, c'est de lui apporter de l'énergie décarbonée à prix mieux maîtrisé, et ce sera le gros enjeu de l'accompagnement des mois qui viennent dans les perspectives de reprises ou de continuité des trois usines ».

Une dette d'Enercal compensée par l'État

Par ailleurs, Enercal a accumulé une dette de plus de 20 milliards de francs CFP entre 2012 et 2024, en raison du non-versement par le gouvernement de la composante de stabilisation. Ce dispositif permet normalement de compenser la vente à perte de l'électricité aux consommateurs. Une loi votée en juillet 2024 prévoit que le gouvernement rembourse Enercal entre 2026 et 2029. Jean-Gabriel Faget précise : « En fait, on n'a pas de dette, c'est bien le gouvernement qui n'a pas réglé successivement pendant plusieurs années la compensation prévue par le système. Il est prévu par les textes votés en 2024 que cette somme soit payée à Enercal à partir de 2026 ».

Damien Chaillot