Nouvelle-Calédonie :  Expertises, rapports, indemnisations… Où en sont les assurances dans le traitement de la crise ?

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Nouvelle-Calédonie :  Expertises, rapports, indemnisations… Où en sont les assurances dans le traitement de la crise ?

Les exactions menées depuis le 13 mai ont surchargé les cabinets d’experts et les compagnies d’assurances, sous-dimensionnés pour répondre à une crise d’une telle ampleur. Malgré des renforts venus de l’Hexagone, les rapports tardent à être rendus, ralentissant le versement des indemnisations. On fait le point, en chiffres, sur le traitement des sinistres par les assurances. Détails avec notre partenaire Les Nouvelles Calédoniennes.

 

3 280 déclarations de sinistre

Au 6 août, "3 280 déclarations de sinistre liées aux émeutes du 13 mai" avaient été déposées, dévoile Frédéric Jourdain, président du Comité des sociétés d’assurance (Cosoda) de Nouvelle-Calédonie. La majorité concerne des entreprises pillées ou incendiées, avec 1 620 déclarations. Viennent ensuite les dégradations ou destructions de véhicules (1 430) et enfin les atteintes aux habitations (230).

2 520 expertises nécessaires

L’ensemble des déclarations ne débouchent pas forcément sur une expertise. Nul besoin d’envoyer un expert pour estimer les dommages sur un véhicule complètement incendié. En revanche, sa présence sera indispensable pour apprécier le montant des dégâts d’une entreprise pillée. Ainsi, sur les 3 280 déclarations de sinistre, "nous avons besoin de 2 520 expertises", signale Frédéric Jourdain. Au 6 août, 1 160 d’entre elles avaient été finalisées. "On avance doucement", admet le président du Cosoda, bien conscient des critiques formulées par les assurés dans l’attente et de l’image négative qui collent à la peau des compagnies. "Nous avons des procédures à respecter, ça prend du temps, mais on ne peut pas se permettre de faire des chèques en blanc", justifie-t-il.

La marche à suivre peut en effet s’avérer lourde. "Dès qu’on reçoit la déclaration de sinistre, on mandate un expert qui se rend sur site et cherche à comprendre les circonstances du sinistre avant de rédiger un premier rapport de reconnaissance", détaille Frédéric Jourdain. L’assurance doit ensuite réclamer "l’état de nantissement" (taux d’endettement) de l’assuré auprès du tribunal. Ce n’est qu’à l’issue de cette procédure que les assurances sont autorisées à verser "les premiers acomptes", en attendant le rapport définitif et le paiement de l’ensemble des indemnisations.

20 experts envoyés

Problème : dans le contexte actuel, les compagnies doivent composer avec "un tribunal surchargé" et des cabinets d’expert sous-dimensionnés. Vingt experts, mandatés par France Assureurs, ont été envoyés dès le 6 juin en Nouvelle-Calédonie depuis l’Hexagone, mais ce n’est pas suffisant pour faire face à une crise d’une telle ampleur, assure Frédéric Jourdain, également directeur général d’Axa. "Chez nous par exemple, on a une dizaine de dossiers pour lesquels j’ai missionné un expert il y a plus de soixante jours, et je n’ai toujours pas le rapport de reconnaissance."

7,15 milliards déjà versés

Actuellement, "60 millions d’euros ont été versés" par les compagnies d’assurance, soit 7,15 milliards de francs Pacifique, dont 6 milliards d’acomptes. Ça représente environ 1 200 sinistres. "On est encore loin du compte, mais on avance", fait remarquer le président du Cosoda. L’étendue des dégâts liés aux exactions menées depuis le 13 mai devrait coûter "120 milliards aux assurances", révèle Frédéric Jourdain. Une somme astronomique, que les assurances s’engagent à payer, assure ce dernier. "Il n’y aura aucun problème de solvabilité des compagnies. Tout ce qui est garanti sera payé."

Par Les Nouvelles Calédoniennes