Au lendemain de la première réunion plénière du pacte de refondation, Claire Durrieu, à la tête de la mission interministérielle de reconstruction, entourée du haut-commissaire et du président du gouvernement, a tenu une conférence de presse pour présenter la méthode de ce travail qui réunit l’ensemble des responsables dans l’objectif de « transformer le modèle économique et social de la Nouvelle-Calédonie ». Un sujet de notre partenaire Les Nouvelles Calédoniennes.
Le vaste chantier du « pacte de refondation du modèle économique et social de la Nouvelle-Calédonie », prévu par l’accord de Bougival, est officiellement lancé. Mardi 14 octobre, les responsables politiques, économiques et syndicaux se sont réunis au haut-commissariat pour la première réunion plénière de ce groupe de travail, construit par la mission interministérielle créée en août et dirigée par Claire Durrieu.
« L’enjeu, c’est d’élaborer un pacte de refondation économique et financier, idéalement sur plusieurs années, qui permet de redonner une vision d’avenir économique et social, de retrouver progressivement l’équilibre financier et d’élaborer une refonte des politiques publiques prioritaires », a résumé cette dernière, à l’occasion d’une conférence de presse organisée ce mercredi 15 octobre.
« Associer largement »
La rencontre a rassemblé les parlementaires, les présidents des institutions, des groupes du Congrès et des associations de maires, la maire de Nouméa, les présidents du Cese et du Sénat coutumier, les présidents des chambres consulaires, des organisations patronales et des représentants syndicaux. La démonstration d’une volonté de mener la transformation du modèle calédonien dans l’unité.
« C’est ensemble que nous parviendrons à cette refondation », a affirmé Jacques Billant, le haut-commissaire. « Toutes les parties prenantes doivent s’asseoir et travailler ensemble », a abondé Alcide Ponga, président du gouvernement. La veille, en préambule de la réunion plénière, la nouvelle ministre des Outre-mer, Naïma Moutchou, avait déjà évoqué le besoin de « coconstruction » et de « concertation », lors d’une prise de parole par visioconférence. « La méthode consiste à associer largement », a confirmé Claire Durrieu.
Cinq groupes de travail
Ainsi, des réunions plénières auront lieu « tous les trimestres ». La prochaine est fixée à « début février », pour laisser passer les grandes vacances scolaires. L’objectif de ces rencontres élargies « est de tracer les grandes orientations, de partager les informations de manière large ».
Un comité de pilotage, composé des présidents du gouvernement, du Congrès, des provinces, des représentants des maires et de l’État, se réunira une fois par mois. Enfin, cinq groupes de travail ont été formés, et seront composés d’élus ainsi que de représentants de la société civile. Ils porteront sur les thématiques suivantes : les finances publiques ; l’investissement, l’attractivité et la diversification de l’économie ; la vie quotidienne et le projet de société ; le développement économique des terres coutumières ; la jeunesse.
Urgences et réformes structurelles
Mardi soir, l’ensemble des membres présents à la réunion plénière se sont accordés « sur le fait qu’il y avait des urgences de très court terme qu’il convenait de traiter avant la fin de l’année », a indiqué Claire Durrieu. La question de la cantine et des transports scolaires trône en haut de la liste. Une enveloppe de 2,5 milliards de francs, issue du prêt garanti par l’État et octroyée aux collectivités, doit justement servir à améliorer le fonctionnement de ces services publics très dégradés depuis le 13-Mai.
Autre action jugée pressante : dresser un « état des lieux des finances publiques en 2026 ». « Quelle situation, quel déficit, quelles actions les élus souhaitent prendre et quel appui l’État peut apporter », a détaillé Claire Durrieu. Un sujet traité « dans les prochaines semaines », à travers l’élaboration du projet de loi de finances 2026 par le gouvernement Lecornu 2.
Dernière priorité : la mise en place d’un « plan de relance économique », en identifiant les investissements qui « pourraient déclencher rapidement un choc de relance ». À moyen terme, c’est-à-dire d’ici mi-2026, il s’agira de travailler au « retour progressif à l’équilibre budgétaire et au désendettement », ainsi qu’à la diversification de l’économie calédonienne et la définition d’une nouvelle stratégie nickel.
Enfin, à plus long terme (fin 2026-début 2027), les responsables calédoniens devront avoir élaboré un ensemble de « réformes structurelles » relevant du futur « projet de société au sens large : éducation, santé, formation, pouvoir d’achat, préservation de l’environnement, jeunesse, culture… », a souligné Claire Durrieu. Il sera également question du développement économique sur terres coutumières, sujet proposé par le Sénat coutumier et retenu par les membres de la mission.
Des moyens pour « appuyer » le travail des responsables calédoniens
La mission interministérielle de reconstruction est décrite comme un « soutien logistique » de l’État. « L’enjeu n’est pas de faire à la place des élus, mais de les appuyer », insiste Claire Durrieu. Dans ce cadre, elle est dotée de moyens techniques et humains. Onze « experts » la composent, dont quatre basés à temps plein à Nouméa et « sept à Paris qui réaliseront des allers-retours réguliers ».
Ils seront « les petites mains » des membres du pacte de refondation. « Ils seront chargés de préparer les supports de réunion, d’aller chercher des données, de les synthétiser… », explique Claire Durrieu. D’autre part, la mission se chargera d’évaluer « de manière neutre et objective les différentes réformes proposées et donner les informations sur le rendement budgétaire, fiscal, l’impact économique et social… ».
Baptiste Gouret pour Les Nouvelles Calédoniennes