Nouvelle-Calédonie : Après l’UPM, le Palika suspend à son tour sa participation au FLNKS

©Journal Kanak Palika

Nouvelle-Calédonie : Après l’UPM, le Palika suspend à son tour sa participation au FLNKS

La scission se confirme au sein du front indépendantiste. Après l’UPM, c’est au tour du Palika, qui estime « s’être fait virer » du FLNKS, d’annoncer « ne plus participer » aux actions du front, dont il ne reconnaît ni le président Christian Téin, ni même la CCAT. La question du maintien ou d’une sortie du parti ne sera pas tranchée avant la fin de l’année. Explications de notre partenaire Les Nouvelles Calédoniennes.

Signe de la crise que traversent le pays et le camp indépendantiste, c’était la troisième assemblée générale en l’espace de deux mois que tenait, ce week-end, à Koné, le Palika. Un rendez-vous « très important » à l’issue duquel les chefs de parti ont tiré un constat pour le moins amer : « on s’est fait virer du FLNKS » qui fait l’objet d’une « instrumentalisation » devenu un « congrès de l’UCN » (Union calédonienne et nationalistes).

Pour rappel, le front a tenu son 43e congrès à Koumac, fin août en l’absence de deux de ses composantes : l’UPM et le Palika. Ce dernier a donc décidé, comme l’avait déjà annoncé la semaine dernière l’UPM, « ne plus participer » aux actions du FLNKS. « Notre parti ne se reconnaît pas dans les décisions qui ont été prises, dont la nomination du président (Christian Téin) et la reconnaissance de la CCAT », martèle son porte-parole Judicaël Selefen, qui juge bon de préciser qu’à ce stade, le Palika reste une composante du front.

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La question de son maintien ou de sa sortie ne pourra être débattue et actée que d’ici la fin de l’année, dans le courant du mois de novembre, lors de la tenue de son congrès. Le parti n’est d’ailleurs pas tendre envers les actions du front depuis 2021 qui a rencontré « beaucoup de difficultés » à « impulser une dynamique de négociations cohérente et constructive avec l’État et les non-indépendantistes au regard des incohérences de l’Union Calédonienne et du Rassemblement démocratique océanien. »

Changement de majorité au Congrès et sortie de crise

Pour le Palika, l’élection de Veylma Falaeo à la tête du Congrès, synonyme de nouvelle majorité au sein de l’hémicycle, est avant tout « un vote sanction » à l’encontre du président sortant encarté à l’Union calédonienne Roch Wamytan. 

« La question majeure désormais c’est de savoir si cette nouvelle majorité sera alignée sur tous les textes (et les réformes) pour nous permettre de sortir de cette crise ? Car c’est la préoccupation majeure du parti », insiste Judicaël Selefen, faisant allusion au soutien du parti au PS2R (Plan de sauvegarde, de reconstruction et de refondation) porté par le gouvernement de Louis Mapou, et non pas au plan quinquennal d’accompagnement et de reconstruction proposé par Calédonie ensemble, voté en majorité par le Congrès et chiffré à 500 milliards de francs.

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« On est aujourd’hui dans une situation où on a besoin de l’État pour nous accompagner à condition d’engager des réformes au niveau de la Nouvelle-Calédonie pour pouvoir bénéficier de ces aides. Nous sommes dans ce cadre-là, à travers le PS2R, et non pas dans le plan quinquennal. On verra bien ce que décide la nouvelle majorité », explique Jean-Pierre Djaïwé, porte-parole du Palika. 

« Est-ce que toutes les formations politiques au Congrès ont bien entendu qu’il faut aller dans le cadre des réformes déjà engagées par le gouvernement ? Est-ce qu’on en a vraiment la volonté ou sommes-nous dans une posture politique ? Posture qui consiste à dire que l’on était dans un processus de décolonisation et d’émancipation, au terme duquel on devait être en mesure de voler de nos propres ailes. Sauf qu'à la fin, on dit qu’on a besoin de 500 milliards de francs de l’État. Pour nous, indépendantistes, c’est difficile d’aller dans ce sens. »

Quelles reprises des discussions sur l’avenir de la Nouvelle-Calédonie ?

Dans ce contexte, le Palika rappelle qu’il est toujours engagé dans les décisions prises lors des deux congrès du FLNKS précédant celui de Koumac (à l’Anse-Vata et à Kaimolo). Pour autant, si la scission se confirme dans les semaines et mois à venir, au sein de la mouvance indépendantiste, le parti, qui dit vouloir « assumer les négociations qui vont s’ouvrir » sur l’avenir institutionnel « se réserve le droit de poursuivre les discussions sous d’autres formats (que celui du FLNKS) et d’une autre manière notamment avec l’UPM », avec qui le Palika forme le groupe Union Nationale pour l’Indépendance au Congrès.

 « Tout ce qui avait été construit s'est effondré »

Pour Jean-Pierre Djaïwé, la souveraineté partagée et l'accès vers l'indépendance étaient « en bonne voie » avant le déclenchement des émeutes. « La question de l'indépendance, il y a encore 40 ans, était tabou. Mais depuis, elle a fait son bout de chemin, et puis on en est arrivé à la première et la deuxième consultation avec des résultats qui augmentent et enfin aux dernières législatives qui ont vraiment vu la victoire du camp indépendantiste. On était dans le bon sens. Mais il y a eu le 13 mai où tout ce qui avait été construit s'est effondré. Au Palika, ce qu'on dit c'est qu'on a besoin de reconstruire ce pays avec tout le monde et non pas avec quelques-uns. »

Anthony Tejero pour Les Nouvelles Calédoniennes