L’Université de la Nouvelle-Calédonie a récemment organisé une rencontre exceptionnelle entre ses étudiants et d'anciens membres du Comité des Sages, dans le but de partager des expériences et des points de vue sur les événements qui secouent l’archipel depuis mai 2024. Les tensions se sont intensifiées à la suite du projet de loi portant sur le corps électoral, créant un besoin urgent de dialogue intergénérationnel. Focus grâce au reportage sur place de nos partenaires de CALEDONIA.
Une rencontre qui a permis un échange riche et significatif entre deux générations de Calédoniens, cherchant ensemble à analyser les raisons profondes des tensions actuelles. Les membres du Comité des Sages présents, Billy Wapotro, Jean-Pierre Taïeb Aïifa et Marie-José Michel, ont chacun pris la parole pour livrer leur analyse de la situation, forts de leur expérience des premiers événements de 1984 et des années qui ont suivi.
Billy Wapotro a souligné au micro de Caledonia l’importance du rôle des anciens dans la transmission de la sagesse et des repères aux jeunes générations : « C’est important de comprendre que nos générations, qu’on appelle les vieux, nous avons vécu les premiers événements de 1984. Nous avons travaillé pendant tout ce temps-là, et nous savons très bien que, quand il y a des problèmes, ce sont toujours les anciens qui vont conseiller les nouveaux, les jeunes, pour leur donner les moyens et les repères nécessaires pour pouvoir prendre en charge la situation, mais surtout, dans la sérénité, parce que ça perturbe ».
Un message d'Espoir
Les étudiants ont trouvé ces échanges particulièrement enrichissants et porteurs d’espoir. Angie, étudiante à l’université, a témoigné : « J’ai trouvé cela très enrichissant, ça a été vraiment un très bon moment de partage et d’échange, et ça nous a permis, je pense, d’en sortir grandis et d’avoir un petit peu plus confiance en l’avenir ».
Vanessa, étudiante à l’Université de Bako, qui a pu suivre la rencontre en visioconférence, a également partagé son ressenti : « Aujourd’hui, on voit pas mal de choses sur les réseaux sociaux, sur ce qui peut être échangé de part et d’autre, ce qui nous amène nous, en tant que personne lambda, à prendre parti. Mais en les écoutant, on se remet un peu en question sur ce qu’il se passe, et ça nous oblige aussi nous à nous poser les bonnes questions ».
Un Objectif de Réflexion et d'Apaisement
Philippe Bosnie, directeur de la bibliothèque universitaire, a exprimé l’objectif de l’événement : « La présidente, dans le cadre de la reprise des activités sur le campus en présentiel, nous a demandé d’organiser une semaine où l’on pouvait avoir un temps de réflexion. Qui mieux que les sages pourraient venir témoigner de leur engagement et discuter avec nos étudiants des questionnements. On n’attendait pas forcément des réponses, mais aussi des paroles d’apaisement, d’espoir, et je pense que la journée a été riche ».
Cette initiative de l’Université de la Nouvelle-Calédonie pourrait se renouveler à l’avenir, notamment sur le campus de Bako, si la situation le permet, afin de continuer à favoriser le dialogue et l’entente entre générations.
Damien CHAILLOT