L’Université de Columbia va plancher sur le « modèle de développement » de la Polynésie

L’Université de Columbia va plancher sur le « modèle de développement » de la Polynésie

Le professeur Jenik Radon a multiplié les rendez-vous au gouvernement et à la présidence ces derniers jours. Ce spécialiste des affaires internationales, qui entretenait depuis plusieurs années des liens avec le parti indépendantiste de Polynésie a posé les bases d’un partenariat pluridisciplinaire entre l’université new-yorkaise de Columbia et le Pays. Une équipe d’une dizaine de chercheurs est notamment attendue en mars 2024 pour aider à « définir un modèle de développement adapté » pour le territoire. Explications de notre partenaire Radio 1 Tahiti.

Après la vice-présidente Éliane Tevahitua et le ministre de l’Agriculture Taivini Teai, c’est avec Moetai Brotherson, président de la Polynésie, qu’avait rendez-vous samedi Jenik Radon. Ce spécialiste du développement des petits États, du développement durable ou encore de la responsabilité d’entreprises, est professeur adjoint à l’École des affaires publiques et internationales de l’université de Columbia.

Le prestigieux établissement new-yorkais n’en est pas à sa première rencontre avec des élus de Polynésie, notamment indépendantistes. « Les premiers contacts ont été noués lors d’un déplacement du Tavini Huiraatira’a à New York, en octobre 2018, en marge de pétitions à la Quatrième commission de l’ONU », rappelait en fin de semaine dernière la vice-présidence. Trois ans plus tard, Jenik Radon avait participé à la contre-table ronde sur le nucléaire organisée depuis Papeete par le même Tavini alors que le Pays, l’État et divers acteurs institutionnels et associatifs se réunissaient à Paris dans le cadre de la démarche Reko Tika.

Cette fois, il s’agit de formaliser les liens de l’université américaine non plus avec le parti, mais avec le Pays. La Délégation aux Affaires Internationales accueille déjà depuis juillet deux stagiaires chargées « de recherches dans le secteur de l’exploitation des fonds marins » sur le développement économique. Mais le partenariat pourrait aller beaucoup plus loin.

Recherche environnementale, biotechnologies, valorisation des ressources…

Avec Éliane Tevahitua, Jenik Radon a évoqué des échanges interuniversitaires impliquant l’Université de la Polynésie française, et qui couvriraient des champs allant de la recherche environnementale, climatique ou géologique à la pratique artistique. L’Université de Columbia, qui met en avant ses propres liens avec d’autres établissements américains, notamment Stanford, se montre très intéressée par la « Gump Station » installée depuis 1985 à Moorea par l’Université de Californie – Berkeley et par un travail avec l’association de conservation Tetiaroa Society.

Quelques jours plus tard, c’est au ministère de l’Agriculture que le professeur américain échangeait sur les questions de biotechnologies, de brevets pour la pharmacopée, d’exploitation de la biodiversité… Là encore, Jenik Radon a proposé d’aider le Pays à « analyser son potentiel » et de lui faire profiter du « soutien d’étudiants des meilleures universités américaines ».

Des équipes du Népal au Mozambique en passant par l’Équateur ou l’Estonie

Ce sont aussi ces équipes d’étudiants, appelés « Capstone », que le professeur a mis en avant en cette fin de semaine à la présidence, proposant de les faire plancher directement sur le « modèle de développement économique » de la Polynésie. « L’objectif est de fournir aux Pays des analyses innovantes et des recommandations pratiques », précise le gouvernement, ajoutant que Jenik Radon avait déjà dirigé de tels projets « dans de nombreux pays émergents du monde, ou de petits états, notamment le Cambodge, l’Équateur, l’Estonie, la Géorgie, le Mozambique, la Namibie, le Népal, les Philippines et la Tanzanie ». 

Un projet semble-t-il validé par Moetai Brotherson qui veut plus globalement faire porter la coopération avec Columbia sur « le tourisme, le développement du secteur maritime et agricole, les énergies renouvelables et l’économie digitale ». Le président a insisté sur la place de « l’identité et de la langue » dans le développement du Pays quand le professeur Radon a pointé l’opportunité que constituait l’épreuve de surf des JO 2024 pour faire connaître la Polynésie sur la scène internationale.

L’universitaire préparerait déjà un premier rapport sur lequel se basera son équipe Capstone pour « élaborer la définition d’un modèle de développement économique adapté à notre environnement océanique ». Composée d’une dizaine de membres, elle devrait débarquer en Polynésie en mars 2024.

Charlie René pour Radio 1 Tahiti