Numérique : La Polynésie ouverte à l’arrivée de Starlink, mais sous certaines conditions

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Numérique : La Polynésie ouverte à l’arrivée de Starlink, mais sous certaines conditions

À quand une arrivée officielle de Starlink en Polynésie ? Si certains n'ont pas attendu pour se procurer un kit, le Pays réfléchit encore à la manière de contrôler l'arrivée du géant américain, pour préserver les autres fournisseurs d'accès internet, et en particulier Onati. Explications de notre partenaire TNTV.

Nombreux sont ceux qui attendent l’arrivée de Starlink en Polynésie. Une pétition a même été lancée en faveur de son implantation dans les iles… Pour ceux qui n’auraient encore jamais entendu parler de lui, Starlink est le fournisseur d’accès internet par satellite, lancé par la société SpaceX d’Elon Musk. Il fonctionne grâce à une constellation de milliers de satellites en orbite basse autour de la terre.

Une proximité qui lui permet d’avoir un temps de latence réduit. Mais il propose surtout du haut débit à ses abonnés, car Starlink souhaite répondre à la demande croissance de bande passante pour le streaming ou encore les jeux vidéo. En pratique, lorsque vous souscrivez à un abonnement chez Starlink, vous recevez un kit comprenant une antenne, un modem et des câbles. Vous assemblez le tout, et vous avez accès à l’internet par satellite.

Autorisé dans l’Hexagone depuis 2021

Si Starlink est tant attendu en Polynésie, c’est parce qu’il permettrait d’offrir un accès à internet aux habitants des îles les plus isolées. Car le dispositif d’Elon Musk peut être utilisé partout… en théorie. En pratique, il lui faut des autorisations. Le géant américain les a obtenues en métropole via l’Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse (Arcep).

Starlink est officiellement disponible dans l’Hexagone depuis le 10 mai 2021. Il est également autorisé dans plusieurs pays du Pacifique : en Australie, en Nouvelle-Zélande ou encore dans l’État américain de Hawaii. À Wallis et Futuna, la population se rue sur les kits de l’opérateur américain, comme le rapporte un article du journal Le Monde daté de juillet dernier. Mais Starlink n’est pas encore officiellement autorisé dans ces îles…

S’il est difficile d’avoir des chiffres précis, la même chose est en train de se produire en Polynésie. Pour Moetai Brotherson, président du Pays et chargé du numérique, « il faut être prudent. Il faut, bien sûr, accueillir l’innovation. Il ne faut pas l’empêcher d’arriver. Elle arrivera, qu’on le veuille ou non. En revanche, il faut encadrer cette arrivée de manière que la concurrence puisse s’exercer, mais dans des conditions qui soient viables pour tout le monde ».

Pour tout le monde, et pour Onati en particulier. Car pour le groupe OPT (opérateur public auquel appartient le fournisseur d’accès internet local), déjà en difficulté, Starlink pourrait être un concurrent de taille. « La question qui va se poser, c’est : est-ce qu’on autorise Starlink à venir là où les opérateurs actuels fournissent déjà un service de qualité au travers du câble et de la fibre ? ». Pour le président, cela pose la question de l’achèvement du projet FTTH (Fiber to the home). « On est aujourd’hui un peu loin du compte. Beaucoup de retard a été pris. Il faut faire avancer les choses sur le câblage en fibre d’un maximum de zones. »

Christophe Bergues, directeur d’Onati, estime quant à lui qu’on ne « peut pas vraiment parler de retard puisqu’on vient de réaliser dans les délais la 4e tranche de déploiement de la fibre optique sur la Polynésie. Aujourd’hui, nous avons 64 900 logements qui sont équipés de la fibre sur un total recensé de 80 000 logements. Nous sommes dans les délais et le Pays et l’État viennent de nous confier une 5e tranche de déploiement de la fibre qui délivrera 13 200 logements supplémentaires (…) Aujourd’hui, le déploiement de la fibre sur la Polynésie est bien réel. Nous sommes dans les délais d’installation. »

Des discussions avec OneWeb aussi

Par ailleurs, des accords commerciaux existent déjà entre l’OPT et OneWeb, concurrent européen de Starlink. « Nous avons des accords dans le cadre du transit des flux de ses satellites sur nos câbles sous-marins (…) Aujourd’hui, ce sont des accords qui portent sur du transit. Cependant, nous sommes en discussion pour distribuer de l’internet haut débit avec eux, là où nous n’avons pas de raccordement direct ou indirect avec le câble. Là où nos îles ne sont raccordées que par une transmission satellitaire géostationnaire coûteuse et qui présente bien moins de performances. Des discussions sont engagées avec Oneweb, mais nous en engagerons également avec Starlink ».

Moetai Brotherson se dit aussi ouvert à la discussion et assure qu’il s’adressera directement à la direction de Starlink. Si la société parvenait officiellement à s’installer, resterait encore la question du prix des abonnements, variable selon les zones. Dans l’Hexagone, 10 000 personnes sont abonnées. L’abonnement le moins cher est à 40 euros (environ 4 800 Fcfp) si on choisit d’acheter le kit facturé 450 euros (près de 54 000 Fcfp). Si vous décidez de le louer, il vous en coûtera 50 euros (environ 6 000 Fcfp) par mois.

Manon Kemounbaye pour TNTV