Vendredi dernier, Patricia Miralles, secrétaire d’Etat chargée des Anciens combattants et de la Mémoire et Yvette Tommasini, inspectrice d’académie et représentante du président de la Polynésie française Edouard Fritch à la commission d’ouverture des archives des essais nucléaires en Polynésie, se sont rencontrées pour faire un point d’avancement du processus de tri et de déclassification des archives et dresser les perspectives à venir sur la transmission aux jeunes générations. Les archives, après expertise, sont très majoritairement ouvertes à la consultation, le nombre de documents jugés incommunicables restant extrêmement limité, a assuré le Ministère des Armées dans un communiqué.
En chiffres : « 594 cartons sur les 621 identifiés dans les fonds du Service Historique de la Défense ont été traités, ce qui correspond à 113 380 documents » indique le communiqué. « A ce stade, 81 980 documents sont communicables et seulement 40 sont incommunicables, les autres étant encore en cours d’expertise » ajoute-t-on. Ce premier corpus documentaire porte sur des documents en lien direct avec le sujet des essais nucléaires, plus particulièrement demandés en communication par les chercheurs. Il sera élargi par la suite à des fonds complémentaires.
« Ce travail d’ouverture des archives est également mené à l’Établissement de communication et de production audiovisuelle de la Défense (ECPAD), aux Archives nationales, à la Direction des applications militaires du commissariat général à l’énergie atomique et aux énergies alternatives et au département de suivi des centres d’expérimentations nucléaires de la Direction générale de l’armement », précise encore le communiqué.
Le Ministère des Armées rappelle que l’ouverture de ces archives fait suite à l’engagement pris par Président de la République, à Papeete en juillet 2021, « à ce que l’intégralité des archives soient ouvertes à la consultation, à l’exception de celles présentant des informations proliférantes, afin de permettre aux historiens d’effectuer leur travail de recherche pour éclairer ce pan de l’histoire de la Polynésie française, toujours très controversée ».
Une commission dédiée, pilotée par le ministère des Armées, à vocation interministérielle et associant deux représentantes de la Polynésie française a ainsi été constituée. Elle est notamment chargée « d’identifier les archives non communicables car contenant des informations proliférantes (susceptibles de permettre de concevoir, fabriquer, utiliser ou localiser des armes nucléaires) ». Cette commission s’est déjà réunie à deux reprises, en octobre 2021 et février 2022 et se réunira de nouveau en début d’année 2023.
« Patricia Miralles et Yvette Tommasini, à l’occasion de leur visite du Service Historique de la Défense, ont pu rencontrer les équipes d’archivistes et d’experts à l’œuvre. Après un rappel sur le processus d’instruction, elles ont pu consulter plusieurs cartons d’archives, librement communicables, et envisager toutes les pistes de recherches qu’elles permettent désormais. Madame Tommasini a également pu prendre connaissance des documents incommunicables, en présence des experts qui lui ont présenté la nature des informations proliférantes », ajoute le communiqué.
Au-delà de l’ouverture des archives, le Ministère des Armées a développé des outils numériques « permettant de faciliter l’accès des chercheurs et du grand public aux archives » : la page du site Mémoire des hommes dédiée aux essais nucléaires permet de suivre le processus d’ouverture des archives et de prendre connaissance des ressources historiques disponibles dans les différents services d’archives ; et la plateforme ImagesDéfense où sont mises en ligne les archives audiovisuelles (photographies, films, vidéos). Plus de 12 000 photographies et plus de 100 films sont à ce jour numérisés et consultables en ligne.
« Outre l’ouverture et la facilitation de l’accès aux archives, le Ministère des Armées soutient la recherche historique sur les essais nucléaires dans le Pacifique, notamment à travers le financement pour 3 ans d’un contrat doctoral »poursuit le communiqué. Un soutien financier complémentaire est apporté par la Polynésie française. Après un appel à candidature et une sélection par un jury, la candidature retenue est celle de Manatea Taiarui qui mène une recherche sur les essais nucléaires en Océanie dans les relations internationales. Les travaux de recherche sont encadrés par les Professeurs Renaud Meltz, directeur de recherche au CNRS et Eric Conte, directeur du laboratoire de la Maison des Sciences de l’Homme du Pacifique.
« Enfin, la mise à disposition de ces archives, en particulier audiovisuelles, permet de nourrir le programme « enseigner le fait nucléaire » porté conjointement par le ministère de l’Education de la Polynésie française et le vice-rectorat en Polynésie française. Elle permettra de diversifier les sources pédagogiques utilisées par les enseignants et les élèves des classes de CM1 jusqu’au lycée » conclut le communiqué.