Le président de la Polynésie française, Édouard Fritch, a donné quelques précisions sur la « table ronde de haut niveau » sur les conséquences des essais nucléaires. Elle devrait se tenir sur deux jours « aux alentours du 20 juin » à Paris. Le président a regretté la « politique de la chaise vide » de certains et les a invités à réviser leur position. Un sujet de notre partenaire Radio 1 Tahiti.
Interrogé à l’Assemblée territoriale de la Collectivité ce jeudi matin sur la « table ronde de haut niveau » sur les conséquences des essais nucléaires, qui sera présidée par Emmanuel Macron, Édouard Fritch a souligné : « C’est la première fois depuis l’installation du CEP qu’un Président de la République nous offre de venir discuter en face de lui ».
Cette rencontre prévue sur deux jours « autour du 20 juin » n’est « pas une fin en soi » mais « une étape historique » : « Il ne faut pas prendre le risque de la gâcher, cette chance », a-t-il déclaré. Moruroa e Tatou ne veut pas aller à Paris, et Oscar Temaru ne veut pas rencontrer l’État sans l’ONU en arbitre. Édouard Fritch a déploré la « politique de la chaise vide (…). Mais je comprends ces réactions spontanées, à chaud. On n’efface pas d’un revers de main 60 ans de propagande d’État, de déni, d’intimidation, de mépris et d’arrogance même parfois », avant de réitérer son offre de participer à cette table ronde.
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Édouard Fritch prévoit de conduire à Paris une délégation d’une vingtaine de personnes. Pour déterminer sa composition, il a lancé des invitations à une réunion avec Sébastien Lecornu qui doit se tenir lundi 10 mai à Papeete : associations de défense de victimes, représentants de salariés et du patronat, représentants des différents groupes de l’Assemblée, parlementaires, représentants du Cesec, maires, chercheurs, associations de protection environnementales.
Un délégué coordinateur de cette délégation Reko Tika (« la voie droite » en pa’umotu) sera nommé mercredi prochain en conseil des ministres et « deux à trois » réunions seront organisées avant le départ pour la France pour « bâtir ensemble un cahier de doléances ». À Paris aussi, un délégué sera nommé par le Président de la République.
Le ministre des Outre-mer, qui est arrivé ce jeudi soir en Polynésie (vendredi matin heure de Paris) a assuré que le rendez-vous préparatoire du 10 mai était ouvert à tous, placé sous le signe « de l’écoute » et de « la compréhension ». Selon nos informations, le leader indépendantiste Oscar Temaru, parmi les figures de la lutte anti-nucléaire, ne devrait pas participer. Son proche conseiller Moetai Brotherson pourrait y participer en tant que député.
À son arrivée à l’aéroport de Tahiti-Faa’a, Sébastien Lecornu a assuré que les essais nucléaires faisaient « partie des gros thèmes » de sa première visite sur place en tant que ministre des Outre-mer. « Un livre est venu secouer (l’enquête Disclose, ndlr), beaucoup ici et je peux vous dire qu’un jeune ministre de 34 ans a été aussi secoué », a-t-il déclaré. « J’aurais un certain nombre de propositions à faire » a-t-il ajouté, souhaitant « prendre le temps de traiter calmement ce problème ».
Caroline Perdrix pour Radio 1 Tahiti