Environnement : En Polynésie, l’Ifrecor publie son plan d’actions pour la protection, la restauration et la gestion durable des récifs coralliens

Environnement : En Polynésie, l’Ifrecor publie son plan d’actions pour la protection, la restauration et la gestion durable des récifs coralliens

Le comité polynésien de l’Initiative française pour les récifs coralliens (Ifrecor) vient d’élaborer sa stratégie 2024-2028 pour la protection des récifs coralliens et de leurs écosystèmes associés. L’organisme a institué un cadre stratégique global en sept points visant une approche intégrative, multi-acteurs et multidisciplinaire.

La Polynésie française est constituée à 99,9% d’océan, dont la surface récifale est quatre fois plus vaste que ses terres émergées, qui n’occupent que 3726 km2 de ce territoire grand comme l’Europe. Les récifs et lagons, eux, en représentent environ 15 000 km2. Selon l’Ifrecor, « la Polynésie française constitue ainsi un système récifal multi-insulaire unique au monde. Elle concentre une très importante diversité de formations récifales avec 66 classes géomorphologiques répertoriées, abritant 5.500 espèces marines : récifs barrières, récifs frangeants, atolls (fermés, ouverts, soulevés) ainsi que des plateformes récifales. Des récifs coralliens vieux de plus de 10.000 ans, situés à plus de 60m de profondeur, constituent une singularité unique en Polynésie française, rare dans le Pacifique ».

Mais la résilience des récifs coralliens a ses limites, essentiellement dans les îles les plus peuplées de la Société. L’Ifrecor y relève des décroissances du recouvrement corallien et de la biomasse de poissons, et des modifications très importantes du littoral côtier. « Parallèlement à ces pressions anthropiques, le changement climatique qui génère la multiplication des canicules marines et l’accélération des modifications des conditions océanographiques (augmentation de la température de surface et de l’acidification de l’eau) menacent désormais fortement l’état de santé du corail en Polynésie française », souligne l’organisme. De fait, certaines projections montrent un important risque de blanchissement annuel récurrent en Polynésie à partir de 2040, ce qui aura des répercussions importantes sur l’équilibre des récifs coralliens.

Pour la population polynésienne également, l’écosystème récifo-lagonaire est vital. Ils sont une source de nourriture, protègent les côtes d’évènements climatiques extrêmes, sans compter qu’ils sont intimement liés à la culture et à l’identité des Polynésiens. Pour les 280 000 habitants du territoire, l’économie dépend majoritairement de la bonne santé de l’écosystème marin, notamment dans les secteurs du tourisme, de la pêche côtière et hauturière, et de la perliculture. D’après l’Ifrecor, une étude réalisée sur « la valeur économique des écosystèmes coralliens de Polynésie française estime que les écosystèmes coralliens contribuent chaque année à hauteur de 462 millions d’euros (55 milliards de FCFP) à l’économie locale. Plus de 21 000 emplois dépendent de leur bonne santé ».

Présidé conjointement par le Haut-Commissaire de la République et le Président de la Polynésie française, le comité local de Polynésie française a fixé par convention sa composition, ainsi que celle de son Comité opérationnel chargé de mettre en œuvre le plan d’actions 2024-2028 et les orientations du comité local. 

Afin de protéger, restaurer et gérer durablement les récifs coralliens et écosystèmes associés de la Polynésie, l’Ifrecor a mis en place une approche intégrative et multidisciplinaire débouchant sur un cadre stratégique global basé sur sept axes, déclinés eux-mêmes en plusieurs activités (voir ci-dessous). « L’approche intégrative est une méthode globale qui appréhende les écosystèmes coralliens comme des systèmes dynamiques et interconnectés, en intégrant les processus physiques, chimiques et biologiques. Une approche écosystémique qui prend en compte un ensemble plus vaste dont elle dépend, en incluant les communautés humaines, les activités économiques, les autres écosystèmes marins et terrestres dans un continuum Terre-Mer », précise l’organisme.

Les sept axes stratégiques

1. Fédérer et mettre en réseau les acteurs pour co-construire des projets intégratifs dans une approche multidisciplinaire et multi-acteurs, élargie au continuum terre-mer ; 2. Fournir aux opérateurs une expertise et des outils adaptés pour renforcer l’évaluation environnementale ; 3. Identifier les pressions principales sur les récifs coralliens et proposer des mesures de gestion et des procédés de réduction de ces pressions ; 4. Évaluer l’efficacité de restauration corallienne et partager les bonnes pratiques aux acteurs de ces initiatives ; 5. Structurer et mettre en cohérence les réseaux de surveillance, y compris par le biais des sciences participatives ; 6. Renforcer les compétences des acteurs et soutenir les actions de sensibilisation liées à la protection et la gestion durable des récifs ; et 7. Mettre en place des outils d’aide à la décision pour les thématiques relevant du programme national de l’Ifrecor.

PM