Il a été largement question de transition énergétique lors de la session du gouvernement calédonien de ce mercredi 12 février. Les membres de l’exécutif ont notamment décidé à l’unanimité de supprimer la prime sur le photovoltaïque, qui avait suscité de vives réactions de la part des consommateurs. Explications de notre partenaire Les Nouvelles Calédoniennes.
Renouant avec une tradition du gouvernement Santa, un point presse hebdomadaire a été organisé ce mercredi 12 février pour présenter les décisions prises le matin en collégialité par les membres du gouvernement.
La « prime de puissance » sur le photovoltaïque suspendue
Le porte-parole, Christopher Gygès, par ailleurs en charge du secteur de l’énergie, a annoncé que l’exécutif a voté à l’unanimité la suppression de la prime sur les panneaux photovoltaïques, adoptée en août 2024 par le Congrès. Un texte déposé par le groupe Uni-Palika, qui était censé aider à résorber les difficultés de financement du réseau électrique, en déficit chronique.
Cette prime qui concerne 7 000 propriétaires de panneaux photovoltaïques avait suscité une levée de boucliers, notamment de la part des consommateurs, qui la jugeaient « abusive et contraire aux relations contractuelles », selon l’UFC Que-Choisir, qui avait déposé un recours devant le tribunal administratif contre cette taxe.
Le gouvernement a justifié cette décision par le fait que cette « prime était perçue comme une véritable taxe par la population. En supprimant cette charge (30 000 francs par an, NDLR), nous marquons une avancée significative pour le pouvoir d’achat des Calédoniens et pour notre engagement en faveur de la transition énergétique », estime l’exécutif.
C’est notamment l’aspect rétroactif de cette taxe qui faisait grincer des dents : « Les personnes qui ont passé des contrats et effectuent des investissements sous un certain nombre de conditions n’ont pas à payer une redevance ou une prime supplémentaire », a martelé Christopher Gygès. La taxe devrait donc être suspendue pour le mois de mars, en attendant que sa suppression soit adoptée par le Congrès.
Quatre nouvelles fermes photovoltaïques sur les îles
Toujours au chapitre de l’énergie, le gouvernement a autorisé l’exploitation de fermes photovoltaïques sur les îles, deux à Maré (à Cengeïté et à Atha, 1 400 kWc -le kilo Watt/crête est une notion qui permet de prévoir le rendement des panneaux photovoltaïques- chacune), une à Ouvéa (à Gethen Beu, 800 kWc) et une sur Kunié (à Moue, 900 kWc).
« La transition énergétique est une filière d’avenir, d’autant plus sur les îles », selon le porte-parole du gouvernement. « Le photovoltaïque y présente le double avantage de réduire les émissions de carbone et de mettre un terme au transport de gasoil, dangereux et coûteux pour les finances publiques ».
« La plus grande batterie de France » défiscalisée
Toujours sur cette thématique, une défiscalisation locale a été accordée au projet de la SAS Grande Batterie de Boulouparis, « la plus grande batterie de stockage de France et d’Europe, aime rappeler le porte-parole, pour stocker la production d’énergie renouvelable notamment destinée au secteur de la métallurgie ». Une décision qui pourrait inciter Bercy à accorder une défisc’ nationale, espère le gouvernement.
La taxe sur l’électricité réaffectée
Enfin, une réaffectation des revenus de la taxe sur l’électricité a été adoptée. L’avant-projet de loi du pays prévoyait d’en affecter trois quarts au Fonds pour l’électrification rurale et un quart à l’Agence calédonienne de l’énergie, que Christopher Gygès a par ailleurs annoncé qu’il ne présidera plus. « Nous avons fait le choix de réaffecter la part de l’ACE sur le financement du système électrique, car l’ACE bénéficie d’une subvention de 850 millions attribuée par le Fonds européen », a-t-il détaillé.
Le discours de politique générale programmé le 20 février
D’autres décisions ont été prises ce mercredi matin, parmi lesquelles on retiendra comme les plus importantes, le maintien de l’allocation de rentrée scolaire au niveau de celle de 2024. « Un effort du gouvernement de l’ordre de 250 millions », précise Christopher Gygès, ainsi qu’une série de conventions destinées à maintenir l’activité de la clinique Kuindo-Magnin.
Mais aussi le retrait de textes qui étaient sur le bureau du Congrès, dont celui sur la réforme de l’impôt sur le revenu et de la taxe sur les alcools et le tabac qui « entreront dans une politique fiscale dont les grands axes seront annoncés lors du discours de politique générale du président Alcide Ponga ». Ce discours aura lieu au Congrès, le 20 février, deux jours avant l’arrivée de Manuel Valls, le ministre des Outre-mer.
Julien Mazzoni pour Les Nouvelles Calédoniennes