En Polynésie, les professionnels du tourisme nautique rêvent de croisières

©Port autonome de Papeete (Illustration)

En Polynésie, les professionnels du tourisme nautique rêvent de croisières

Les professionnels du tourisme nautique rêvent du grand large et la réouverture partielle des frontières aériennes permet de capter à nouveau le marché américain. Pour autant, la plaisance internationale et les compagnies de croisière manquent de visibilité pour accueillir les touristes européens, essentiels pour remplir les cabines. Un sujet de notre partenaire TNTV. 

Le marché américain, c’est la bouée de sauvetage tant espérée dans le secteur de la croisière. Alors que des navires larguent à nouveau les amarres en Grande-Bretagne et en Méditerranée, le Tahiti Cruise Club se veut optimiste. Les paquebots remplis de passagers internationaux pourraient revenir sillonner le Pacifique au 3ème trimestre.

« Les premières personnes vaccinées sont des personnes âgées, explique Bud Gilroy, le président du Tahiti Cruise Club. « Pour les Américains, il y a 195 millions de vaccinés aujourd’hui. Les personnes âges, c’est notre marché porteur, donc c’est un marché que l’on attend. On a déjà une année 2022. Mais on espère un redémarrage au 3e trimestre 2021 ».

En 2020, le marché de la croisière en Polynésie s’est effondré avec -70% d’escales par rapport aux prévisions d’avant la crise Covid. Avec les perspectives de reprise encore incertaines, la priorité est de conforter les opérations du Paul Gauguin, de l’Aranui, du Wind Spirit et du Ponant, qui dépendent principalement des touristes européens.

Pour le Aranui par exemple, la clientèle nord-américaine ne pèse guère plus de 20% de sa demande. « Le plus intéressant, c’est celui de l’Europe », indique Romina Wong, attachée de direction. « Il représente à peu près 60% de notre activité. Nous avons un petit sursaut de réservations avec les Américains, mais ils attendent aussi des nouvelles de la procédure, surtout s’il y a un test antigénique à faire pour revenir vers le pays ».

Le tourisme nautique a besoin de visibilité pour relancer son activité et combler les pertes cumulées sur quasi deux ans. Une société de charters a vu son chiffre d’affaires chuté de 60% en 2020. Elle s’est repositionnée vers la clientèle locale, mais cela ne représente que 20% de l’activité de l’entreprise.

« Le fait de ne pas avoir de visibilité comme ça, c’est assez anxiogène pour nous les opérateurs, mais aussi pour les voyageurs qui voient leurs billets d’avion sans cesse renouvelés, sans cesse décalés. Ce n’est pas facile de prévoir quoi que ce soit », lance Bruce Andrieux, le directeur de Poe Charter. « En tout cas ce qui est sûr, c’est que la saison est déjà entamée. C’est sûr qu’on ne fera pas une bonne saison ».

Le retour des flux de passagers maritimes est attendu, et les compagnies recomposent leur flotte. Les navires de moins de 300 passagers auront le vent en poupe. Ils vont être convoités dans les destinations tropicales. Autre segment sur lequel la Polynésie devra rester attractive, celui des navires de 800 à 1200 passagers. Selon la Cruise Lines International Association, la plus grande corporation internationale de croisiéristes, 74% des croisiéristes sont prêts à renouveler l’expérience dans les prochaines années.

Thomas Chabrol pour TNTV