En Polynésie, les pompes funèbres et les mairies confrontées à la hausse brutale des décès dus au Covid-19

©Radio 1 Tahiti

En Polynésie, les pompes funèbres et les mairies confrontées à la hausse brutale des décès dus au Covid-19

Alors que la Polynésie française a enregistré 100 décès la semaine dernière, les services de pompes funèbres et les mairies sont débordés par les enterrements. Certaines ont dû faire appel à des prestataires privés pour que les familles ne soient pas forcées d’enterrer elles-mêmes leurs défunts.

« Ça n’arrête pas, on travaille même le week-end » confie Henri Haoa, agent technique à la commune de Paea, interrogé par nos partenaires de TNTV. La semaine dernière, la Polynésie française a déploré 100 décès, dont 54 durant le weekend. Et l’épidémie continue encore de faire des victimes, avec 25 décès ce lundi et 17 ce mardi. Henri Haoa, lui, enchaîne les interventions dans les cimetières de sa commune avec une équipe diminuée par les cas de Covid au sein du service.

« Quand vous avez par exemple, comme c’est le cas aujourd’hui, 5 enterrements d’affilée, ils n’ont pas le temps de tout faire. Parce que les familles, elles ne voient pas tout, elles croient qu’on enterre tout au même cimetière, mais non, il y en a qui sont enterrés chez eux, il y en a d’autres qui sont enterrés dans des cimetières privés, et enfin, il y a ceux qui sont enterrés dans les cimetières publics. Mais nous, on intervient sur tout » explique Antony Geros, maire de la commune, toujours au micro de TNTV. 

Face à cette situation, certaines familles font le choix de préparer elles-mêmes la tombe de leur défunt, malgré la douleur de la perte subite d’un proche. « Il n’y a personne pour venir aider. Il n’y a que les copains, la famille… pour venir creuser. À qui demander ? On a été voir la mairie, mais ils sont tellement débordés… C’est déjà dur le deuil, mais en plus avec ça… ce n’est pas évident » déplore Delphine Taero, sœur d’un défunt.

À cette douleur s'ajoutent des enterrements rapides, dans les 48h après le décès, et limités sur le nombre de personnes, dans un territoire où les familles veillent parfois trois soirs d'affilée autour de leurs défunts, entourées par leurs proches : amis et familles élargies. « On fait le maximum pour que les familles puissent vivre leur deuil », explique Poussy Timau, thanatopractrice chez Min Chiu, à nos partenaires de Radio 1 Tahiti. 

Pour aider les personnels communaux, le maire de Paea a fait appel à des prestataires de service : « les consignes que j’ai données, c’est que quand on est dépassé par les effectifs municipaux, on fait appel aux effectifs privés en faisant des prestations de service. Donc on demande à des petits entrepreneurs de venir combler le manque ».

« Il y a énormément de décès covid, il y en a plus que de décès normaux » a commenté de son côté Floriane Tehei, co-gérante d'une société de pompes funèbres, interrogée par Polynésie la 1ère. En moyenne, on recense en Polynésie 1 500 à 1 600 décès par an, soit environ 4 à 5 décès par jours. En outre, la vague épidémique à laquelle la Polynésie est actuellement confrontée est plus meurtrière que la première, survenue l’an dernier, avec près de 200 personnes décédées depuis début août, sur 328 décès depuis le début de l’épidémie.

Pour faire face, cette entreprise, basée dans la commune de Papara, a mis en service au début du mois un conteneur réfrigéré acquis l’an dernier. Cinq cercueils y étaient entreposés ce mardi, révèle Polynésie La 1ère. Les protocoles de préparation des défunts ont également changé. Avec cette vague violente qui secoue le territoire, les employés de pompes funèbres doivent s’équiper de blouses, de masques FFP2 et de gants avant de récupérer les cercueils, scellés par la police, au Centre hospitalier de Polynésie. Il n’y a pas de toilette ni de soins effectués, précise encore Polynésie La 1ère.

Pour rappel, les principales îles de la Polynésie française sont en confinement, pour deux semaines, depuis ce lundi. Les autres îles sont confinées uniquement le weekend. Les établissements scolaires du premier et second degré sont fermés. Le 11 août, le gouvernement a décrété l’état d’urgence sanitaire pour ce territoire. Il devrait être prolongé jusqu’au 15 novembre, au même titre que les Antilles et la Guyane, a annoncé le porte-parole de l'exécutif Gabriel Attal, à l'issue du Conseil des ministres.