En Polynésie, le succès des écoles bilingues Français-Tahitien

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En Polynésie, le succès des écoles bilingues Français-Tahitien

L’enseignement du Reo Ma'ohi (Tahitien) attire et porte ses fruits depuis la mise en place des écoles bilingues en Polynésie. Aujourd’hui, 17 écoles expérimentales existent sur le territoire et profitent aux élèves qui apprennent la théorie mais aussi la vie qui les entoure et ce, dans deux langues différentes. Un reportage de notre partenaire TNTV.

Un groupe scolaire de la commune de Paea, sur la côte Ouest de Tahiti, se prépare à entamer plusieurs heures de cours en Reo Ma’ohi. Les élèves sont en maternelle. Au menu ce matin, un cours de mathématiques. A l’aide d’une bassine et de fruits, les enfants savent déjà compter jusqu’à trois en tahitien.

Une technique pour permettre de mieux assimiler la langue selon Linda Turina, professeure des écoles : « j’utilise la bassine et les fruits parce que ça attire les enfants. Je prends un grand récipient, ils voient mieux. Les fruits, ils aiment ça. Si je donne des cubes, des perles, c’est tout petit, ce n’est pas très intéressant. J’aime bien utiliser tout ce qui est concret. Ce qui se mange, ils aiment ». 

Le but de ces établissements : savoir compter, écrire, lire ou encore parler en tahitien, mais pas seulement. Dans les écoles bilingues on apprend aussi et surtout à s’ouvrir au monde qui nous entoure : « connaître sa langue, connaître sa culture, connaître son identité, c’est pouvoir grandir, pouvoir être. Et donc on permet aux enfants d’être en vivant leur langue », explique Moeata Fanaura, directrice du groupe scolaire Maraa-Vaipuarii. « On a mis à contribution toutes les entités de l’école : les enseignants, les taties, les jardiniers, le personnel de la cantine… ». 

Dans les écoles bilingues, 13 heures et 30 minutes de cours sont consacrés au Reo Ma’ohi et les enfants bénéficient du même temps d’apprentissage en langue française. Mis en place il y a trois ans, le dispositif a nécessité beaucoup d’investissements, comme le détaille Jonathan Tupea, conseiller pédagogique : « c’est un travail de longue haleine sur plusieurs années. Ça a démarré en 2008 sur un premier site avec ce qu’on appelait à l’époque « l’école POM », où il y a eu l’enseignement de l’art oratoire, il y a eu aussi les sites 5h. Tous ces dispositifs-là préparaient de toute manière l’entrée évidente de nos écoles dans le dispositif de sites bilingues à parité horaire ».

Il existe aujourd’hui 17 écoles bilingues réparties sur l’ensemble de la Polynésie. Des classes toujours plus convoitées. « La première année, on avait du mal à trouver des écoles qui voulaient bien se lancer dans ce challenge et aujourd’hui on a du mal à freiner les ardeurs parce que tout le monde est partant pour adhérer à ce dispositif. Parce qu’ils voient que ça fonctionne. Au final, c’est en faisant des petites choses qu’on arrive à faire en sorte que ça marche » explique Jonathan Tupea. Une loi de pays est en préparation pour permettre de pérenniser le dispositif.

Sophie Guébel et Esther Parau-Cordette pour TNTV