Le ministre de l'Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin, et le ministre chargé des Outre-mer, Jean-François Carenco, ont débuté leur visite officielle en Nouvelle-Calédonie. Une visite décisive pour la reprise du dialogue politique et l'avenir institutionnel de l'archipel.
C'était une visite attendue depuis la Convention des partenaires des 27 et 28 octobre dernier à Matignon et qui s'est tenue sans les partenaires politiques indépendantistes. Cette visite est d'autant plus cruciale que le climat politique s'est refroidi entre l'État et les partisans de l'indépendance, notamment le FLNKS, depuis le troisième et très contesté référendum d'autodétermination prévu par l'accord de Nouméa. Depuis, les indépendantistes, qui contestent sa légitimité, ne sont pas revenus à la table des discussions politiques, et conditionnent ce retour à la question de l'accession de l'archipel à la pleine souveraineté.
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Voilà pour le contexte. Dans la pratique, Gérald Darmanin et Jean-François Carenco ont débuté leur visite ce lundi de façon très protocolaire : cérémonie des honneurs militaires au Monument aux Morts, cérémonie coutumière au Sénat coutumier, et entretien avec le président indépendantiste du gouvernement calédonien. Une séquence, en fin de journée, a été consacrée à la lutte contre les violences intra-familiales.
Devant la presse, Gérald Darmanin s'est dit « à l’écoute de chacune et de chacun des acteurs politiques afin de renouer le dialogue et de trouver en toute humilité et respect un chemin pour l’avenir », appelant à « construire ce beau projet pour la Nouvelle-Calédonie dans la République française ». « On doit lever l’incertitude qu’ont créée tous ces événements politiques » a-t-il aussi insisté, évoquant « la demande d'Emmanuel Macron » : « pouvoir trouver le chemin qui mène tous ceux qui, en Nouvelle-Calédonie, ont envie de construire ensemble ».
Si le ministre répète « le projet de Nouvelle-Calédonie dans la République française », conformément aux résultats des trois référendums, il donne aussi des gages aux indépendantistes : « nous sommes là pour travailler avec eux, que l’autodétermination est toujours dans les règles de la République ». « On est ici pour venir écouter l’ensemble des acteurs », a-t-il martelé. Paris s'est plusieurs fois engagé à ne pas remettre en question le droit à l'autodétermination de l'archipel.
Nickel, énergies, sécurité et axe indopacifique
« On doit construire l’avenir par un projet nouveau » et « imaginer de nouvelles institutions » a ajouté le ministre de l'Intérieur et des Outre-mer. Des institutions aux « compétences partagées » et « nouvelles ». « Il faut construire ce nouveau chemin », a-t-il ajouté. Pour la suite, Gérald Darmanin va installer en fin de semaine les groupes de travail sur l'avenir de l'archipel, à la fois institutionnel, politique, économique, social, culturel, environnemental et identitaire. Des travaux qui avaient été annoncés lors de la Convention des partenaires.
Gérald Darmanin a aussi assuré que les audits, celui sur le bilan des transferts de compétences et celui sur la décolonisation, seront prochainement lancés par le Haut-commissaire Patrice Faure. Le ministre s'entretiendra pendant son séjour avec les présidents des trois provinces, dont Sonia Backès, également secrétaire d'État à la citoyenneté, ou encore le président du Congrès et les maires. Surtout, il doit s'entretenir ce mardi avec tous les responsables et partis politiques de l'archipel, indépendantistes et loyalistes. Le ministre est aussi attendu sur la question du nickel, de l'énergie, de la sécurité ou encore, de la défense et de l'axe indopacifique.
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De son côté, Jean-François Carenco a insisté sur la notion de « chemin » : « qui veut dire volonté d’y aller ensemble, qui veut dire qu’il y a un but, qu’il y a des barrières le long du chemin ». Jean-François Carenco, qui effectue sa seconde visite dans l'archipel depuis sa nomination à Oudinot, restera en Nouvelle-Calédonie jusqu'à mercredi, avant de rejoindre l'Hexagone jeudi pour les débats sur le budget de la mission Outre-mer au Sénat. Mickaël Forrest, membre UC-FLNKS du gouvernement collégial calédonien a salué « un état d’esprit assez courtois, assez positif » du ministre Gérald Darmanin, montrant une forme d'optimisme quant à l'ouverture d'« une nouvelle séquence » après « le passage en force du troisième référendum ».