Emmanuel Macron en Polynésie : Le président débute sa visite auprès des « soldats du premier front » du Centre hospitalier

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Emmanuel Macron en Polynésie : Le président débute sa visite auprès des « soldats du premier front » du Centre hospitalier

Arrivé sur le tarmac de l’aéroport de Tahiti-Faa’a, ce samedi 24 juillet à 16h20 (heure locale), le président de la République a réservé sa première visite en Polynésie française aux soignants du Centre hospitalier de la Collectivité d’Outre-mer. L’occasion d’insister sur l’importance de la vaccination et d’assurer la « mobilisation » de l’État alors que la Polynésie mais aussi l’Hexagone, La Réunion, la Martinique et la Guadeloupe font face à un regain épidémique.

« Je voulais en premier geste (…) me rendre à l’hôpital » a déclaré le chef de l’État une courte prise de parole, après avoir rencontré et échangé avec les soignants de Polynésie. « Vous avez tenu ici comme partout sur le sol français contre l’épidémie », a-t-il poursuivi. La Polynésie a été fortement touchée par le Covid-19 entre août 2020 et janvier 2021, avec notamment un taux d’incidence qui fut parmi les plus élevés au monde. Et alors que la Collectivité observait une nette baisse de l’épidémie, et que son service de réanimation s’est dépeuplé, la circulation avérée du variant Delta engendre une nouvelle augmentation des cas.

À ce titre, le président de la République a assuré du soutien de l’État à travers la « mobilisation si besoin de la réserve (sanitaire, ndlr), des moyens militaires ». La réserve sanitaire a déjà été déployée en Polynésie et un A400M de l’armée avait été envoyé pour assurer les évacuations sanitaires ainsi que l’acheminement de matériels médicaux. « Depuis le début de la crise, l’État français a accompagné pour fournir des tests, des vaccins (224 000 doses essentiellement du vaccin Pfizer, ndlr), du matériel (…) mais il va falloir tenir durant les prochains mois » a-t-il insisté. « Immanquablement, la pression va continuer à monter ». 

L’opportunité donc pour Emmanuel Macron d’insister sur la vaccination : « Lorsque la science donne des armes, il faut les utiliser ». « Quand on est vacciné, on est protégé, on ne diffuse plus le virus et surtout, on ne tombe plus malade ou quasiment plus. Et dans les très peu de cas où l’on tombe malade, on n’a plus les formes graves ». À l’instar des autres Départements, Régions et Collectivité d’Outre-mer, la Polynésie affiche un taux de vaccination bas : environ 25% de la population a un schéma vaccinal complet. 

Prise en charge des cancers

Lors de cette visite au Centre hospitalier de Polynésie française (CHPF), Emmanuel Macron a aussi souligné « l’excellence » de cet établissement et ce qu’il représente pour un territoire éclaté vaste comme l’Europe. Le CHPF est en effet l’unique grand hôpital de la Collectivité, qui compte aussi quatre autres petits hôpitaux sur les îles de Moorea, de Raiatea, de Hiva Oa aux Marquises et sur la presqu’île de Tahiti. Et si la santé est une compétence de la Polynésie à travers son statut d’autonomie, l’État y apporte sa pierre notamment sur les financements et la continuité.

Emmanuel Macron s’est donc engagé à sur ce rôle de l’État, notamment sur la prise en charge des cancers. « La décision a été prise de lancer une nouvelle série de coopération avec le CHU de Bordeaux pour développer formation, équipements, et aussi réseau de soin adapté pour les différents cancers de spécialité auxquels vous êtes le plus exposés » a expliqué le chef de l’État, afin de « déployer autour du Centre hospitalier (…) une stratégie oncologie spécialité par spécialité (…) pour apporter les meilleures réponses ».

En outre, et toujours sur la prise en charge des cancers, le président a annoncé « déployer une mission qui permettra d’identifier ce qu’on peut faire pour accompagner l’ensemble des équipes pour avoir une réponse plus adaptée et éviter que cette pression ne repose que sur les équipes existantes ». « Nous continuerons d’être là en termes de continuité territoriale » a-t-il ajouté, assurant que « le rôle de l’État français c’est d’être là, et d’avoir cette part d’engagement et d’accompagnement ».

Interrogé par les journalistes à l’issue de cette visite, Emmanuel Macron s’est aussi exprimé sur le pass sanitaire et les vives contestations dont il fait l’objet. Samedi, plus de 160 000 personnes se sont mobilisées dans l’Hexagone, et environ 300 à Papeete. « Si on aime sa propre liberté et qu'on respecte les autres, le seul geste à faire est de se faire vacciner » a une nouvelle fois insisté le président, estimant qu’ « aucune liberté n'existe sans devoir ».

« La liberté où je ne dois rien à personne n'existe pas. Que vaut votre liberté si vous me dites que vous ne voulez pas vous faire vacciner ? Si demain vous contaminez votre père, votre mère ou moi-même, je suis victime de votre liberté (...) Ça n'est pas la liberté, ça s'appelle l'irresponsabilité, l'égoïsme » a-t-il poursuivi, assurant qu’il « assume totalement » sa décision du 12 juillet, instaurant le pass sanitaire et la vaccination obligatoire pour les soignants. « Je respecte toute personne qui s'exprime librement dans notre pays. Je les écoute avec beaucoup de considération », a-t-il assuré, fustigeant toutefois les manifestants qui sont « dans la mobilisation irrationnelle, parfois cynique, manipulatrice ».  

Un peuple qui « attend des réponses »

Lors de son arrivée à Tahiti, île principale de Polynésie française, Emmanuel Macron a été accueilli par un ‘Orero, art déclamatoire ancestral, réalisé par deux jeunes polynésiens : Tekava Dauphin, 14 ans, et Tuariki Teai, 12 ans. Dans ce ‘Orero d’accueil, « on lui dit que le peuple, hospitalier et généreux, attend des réponses », a expliqué John Mairai, qui a dirigé la prestation des deux jeunes polynésiens. « Un peuple à l’oreille attentive, il vous écoute, à l’œil attentif, il vous regarde pour cet échange dont tous les Polynésiens ont besoin ». Emmanuel Macron a ensuite remercié les deux jeunes déclamateurs, sur quoi Tuariki Teai a répondu « je t'en prie ».

Durant cette visite, le chef de l’État est attendu sur la culture, avec un déplacement aux Marquises qui préparent une candidature à l’UNESCO, le changement climatique et la protection des océans, avec la visite d’un abri de survie aux Tuamotu ou encore, l’inauguration de l’éco-musée « Fare Natura » sur l’île de Moorea où il doit aussi rencontrer les chercheurs du CRIOBE. Une séquence mémoire est également prévue ce dimanche au Monument aux Morts de Papeete : Emmanuel Macron doit rendre hommage aux 600 Polynésiens qui s’engagent dans l’armée chaque année, ainsi qu’à ceux qui sont morts pour la France. 

Mais comme le disait le ‘Orero d’accueil, le peuple polynésien attend surtout des réponses sur le dossier des conséquences des trente années d’essais nucléaires français. Plusieurs manifestations étaient prévues durant sa visite, à l’appel du collectif « Fait nucléaire en Polynésie » composé notamment des organisations politiques et associatives historiquement engagées contre ces essais et pour la prise en charge des conséquences de ces derniers, notamment pour les victimes. Ces manifestations ont toutefois été interdites, n’empêchant pas les militants d’accueillir le président au son des huées, alors qu’il quittait l’aéroport pour se rendre au CHPF.

À ce sujet, Emmanuel Macron a assuré qu’il apporterait des réponses dimanche et lundi.