Éducation : La Nouvelle-Calédonie, pionnière de la réforme du bac

Éducation : La Nouvelle-Calédonie, pionnière de la réforme du bac

La Nouvelle-Calédonie est le seul territoire français à avoir terminé l’année scolaire 2020, avec à la clé la tenue des épreuves pour la dernière édition du bac tel que nous le connaissons et un examen de français pour les élèves de première, pionniers de la réforme du bac. Bilan d’une année des plus singulières. Un sujet de notre partenaire Actu.nc

7h15, jeudi 3 décembre 2020, les élèves de terminale du lycée Lapérouse entrent pour la dernière fois dans la salle d’examen du bac. Phénomène tout à fait inédit cette année : ils sont les derniers à le passer selon les anciennes modalités, mais aussi et surtout les seuls. « Dans toutes les autres collectivités françaises et en métropole, les lycéens ont obtenu leur diplôme sur contrôle continu en raison de la crise sanitaire », rappelle Claire-Marie Mouret, enseignante au lycée Lapérouse. Clap de fin insolite donc pour l’ancien bac, balayé par la réforme mise en œuvre cette même année avec les élèves de première.

Là encore, la situation de la Nouvelle-Calédonie apparaît singulière. Elle est le seul territoire français à avoir mené la réforme pour les élèves de première jusqu’au bout. Pour rappel, celle-ci repose sur l’abandon des séries littéraire (L), scientifique (S) et économique et sociale (ES) pour un parcours basé sur un tronc commun et le choix de 3 spécialités. L’une d’elle sera abandonnée en terminale. Sur le territoire, 133 combinaisons différentes ont ainsi été choisies cette année. Un casse-tête pour l’organisation des emplois du temps, mais le vice-recteur Erick Roser se réjouit de voir toutes les demandes des élèves satisfaites. « C’est précisément l’objet de cette réforme, elle permet d’avoir des parcours hybrides. Il est désormais possible de suivre math, physique et sciences économiques et sociales par exemple », explique-t-il.

Refonte complète du bac 

Dans ce nouveau cadre, la note du nouveau bac repose à 40 % sur le contrôle continu, tandis que les 60 % restant se basent sur des épreuves : le français en première, la philo, les deux spécialités conservées et le grand oral, en terminale. En raison de la crise sanitaire, seule la Nouvelle-Calédonie a maintenu le contrôle continu et les épreuves de français pour les premières. Si, à la clôture des épreuves, les professeurs ont le sourire aux lèvres, ils terminent l’année à bout de souffle. « Cette réforme n’est pas seulement disciplinaire, elle demande beaucoup plus qu’une refonte des programmes comme nous le faisons déjà tous les 10 ans, souligne l’enseignante. Elle est aussi structurelle, nous avons dû nous ajuster en permanence, il a fallu tout repenser ! ».

Des lycéens stressés Du côté des lycéens aussi, le bilan apparaît contrasté. « Ils ont été à la hauteur de l’enjeu, mais nous nous sommes rendus compte que les élèves de première étaient très angoissés car ils ont eu l’impression d’être constamment en examen », remarque Claire-Marie Mouret. D’autres inquiétudes sont apparues. Les élèves de terminale souhaitant poursuivre leurs études en métropole s’interrogent sur la valeur de leur bac « ancienne réforme », qui sera comparé à celui des élèves de métropole obtenu en 2021, sous la nouvelle réforme donc. « Il n’y a pas d’inquiétude à avoir, rassure d’emblée le vice-recteur. Le diplôme obtenu en ici en 2020 sur examen a une reconnaissance nationale, il aura la même valeur que celui obtenu avec la réforme ».

Pour les premières, c’est plutôt le choix des spécialités qui tourmente. « Si je prends cette matière, cela va-t-il me fermer des portes ? » se sont demandé beaucoup d’élèves. En théorie, le choix des spécialités ne sera pas un critère de discrimination pour la sélection des dossiers en grandes écoles et universités. « Bien sûr, un élève qui ne prend pas de matières scientifiques, n’aura aucune chance d’intégrer des études supérieures en mathématiques, mais parmi les 5 enseignements de spécialité scientifique proposés, il pourra choisir ceux qu’il souhaite », souligne Erick Roser. « L’ensemble de tous les directeurs des grandes écoles ont convenu que les enseignements de spécialité ne seraient pas une des conditions imposées pour avoir telle ou telle filière ». Restera à vérifier après les premières sélections opérées par l’enseignement supérieur d’élèves issus du nouveau bac si la théorie colle à la réalité.

Actu.nc