Desserte aérienne : En Polynésie, un « fonds de continuité du transport aérien insulaire » en 2021

Desserte aérienne : En Polynésie, un « fonds de continuité du transport aérien insulaire » en 2021

Manate Vivish, Directeur général d’Air Tahiti et Édouard Fritch, président de la Polynésie ©Présidence de la Polynésie 

C’est un des points importants de la convention signée, ce mercredi à Papeete, entre le gouvernement de la Polynésie française et la compagnie domestique privée Air Tahiti, pour assurer la desserte de l’ensemble de son réseau, sans risquer de mettre à mal sa trésorerie.

« Durant des années, un équilibre économique a été trouvé par Air Tahiti au travers d’un réseau de desserte de toutes les îles selon des fréquences qui permettent de préserver la rentabilité de la société », explique un communiqué du gouvernement. « Aujourd’hui, la crise économique causée par la pandémie du Covid-19 fragilise la survie d’Air Tahiti. Le gouvernement prend en compte cette situation et fait tout ce qui est possible pour maintenir Air Tahiti et l’ensemble de son réseau, outil essentiel du développement et de l’unité géographique de la Polynésie française ».

Après plusieurs échanges, parfois tendus, entre le gouvernement local et la compagnie domestique privée, un terrain d’entente a été trouvé et officialisé ce mercredi. Résultat : Air Tahiti va pouvoir reprendre la desserte de l’ensemble de son réseau dès le mardi 7 juillet, alors qu’elle avait annoncé l’abandon contraint des vols sur une vingtaine d’îles déficitaires. Dans la convention signée ce mercredi, la Collectivité s’engage notamment « à encadrer et rémunérer la mission de service public de la compagnie », rapportent nos confrères de Radio 1 Tahiti. Une demande de longue date d’Air Tahiti enfin concrétisée.

Ce fonds de continuité du transport aérien interinsulaire devrait donc compenser les déficits liés aux lignes de désenclavement d’ici le 1er janvier 2021, poursuit Radio 1 Tahiti. Des discussions doivent être menées sur la constitution de ce fonds qui pourrait atteindre le milliard de fCFP (environ 8,38 millions d’euros) d’après le ministre des Transports. Un « appel d’offre ouvert » doit être créé pour encadrer ce fonds qui devrait être lancé avant la fin de l’année pour une délégation de service public sur la desserte des lignes déficitaires. En 2016, une loi de pays prévoyait justement l’officialisation d’une délégation de service public mais les délibérations d’application n’ont finalement pas été votées par le gouvernement.

La compagnie assure la desserte de près d'une cinquantaine d'îles en Polynésie, qu'elles soient bénéficiaires ou déficitaires ©Facebook / PYF Spotters

La compagnie assure la desserte de près d’une cinquantaine d’îles en Polynésie, qu’elles soient bénéficiaires ou déficitaires ©Facebook / PYF Spotters

« Ce fonds de continuité n’est pas destiné à Air Tahiti », prévient toutefois Manate Vivish, Directeur général de la compagnie. « Il est destiné à financer une délégation de service public qui est ouverte. Des entreprises seront mises en compétition. Si Air Tahiti a la chance d’être retenue alors effectivement la compagnie voit un pan de ses activités être financées par les deniers publics », poursuit-il, soulignant la possibilité dès lors « d’avoir une politique tarifaire différente ». Jusqu’ici, celle-ci était « contrainte du fait qu’il fallait assurer la couverture du déficit » provoqué par les lignes non rentables.

Outre ce fonds et l’officialisation de la délégation de service public, le gouvernement de la Polynésie a annoncé une subvention de 450 millions de fCFP pour la compagnie (3,771 millions d’euros). Cette subvention doit être versée avant décembre 2020 et permettra, au moins, de solidifier la trésorerie de la compagnie qui s’attend à un déficit de 41,9 millions d’euros à la fin de l’année. En contrepartie, la compagnie, deuxième employeur de Polynésie, s’engage à « ne procéder à aucun licenciement pour motif économique » cette année et naturellement, à reprendre la desserte totale de son réseau le 7 juillet.

500 000 passagers en moins en 2020

Durant cette réunion entre la compagnie et le « Pays », la question de l’actionnariat d’Air Tahiti a également été évoqué. Rappelons-le, la compagnie domestique est une entreprise privée, dans laquelle le gouvernement polynésien est un actionnaire minoritaire, à hauteur de 14%. La direction d’Air Tahiti s’engage, dans l’accord, à convenir avec ce conseil d’administration des « modalités d’un soutien financier » en cas de difficultés liées à la crise économique, explique encore Radio 1 Tahiti. « Y compris sous la forme d’une recapitalisation si nécessaire ». Pour autant, une recapitalisation de la compagnie n’est pas à l’ordre du jour. « Air Tahiti a encore un peu d’eau sous la quille », assure Manate Vivish.

« Nous sommes soulagés et satisfaits pour les habitants des archipels. Notre préoccupation s’est constamment centrée sur nos 70 000 compatriotes et résidents des archipels », a salué le président de la Polynésie française, Édouard Fritch, à l’issue de la signature de cette convention. Satisfaction également du côté de la direction de la compagnie qui s’estime « mieux outillée pour faire face à une éventuelle concurrence ». La compagnie prévoit encore des pertes jusqu’en 2023. En 2019, la compagnie avait transporté 900 000 passagers, contre 400 000 selon les prévisions pour cette année.

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