La compagnie américaine, poids lourd mondial de l’aérien, et déjà partenaire d’Air France dans la desserte du fenua, a annoncé qu’elle allait lancer trois rotations par semaine avec ses propres appareils entre Los Angeles et Tahiti-Faa’a. Pourtant, aucune autorisation n’a encore été accordée par le gouvernement. Un sujet de notre partenaire Radio1.
La compagnie américaine n’est pas une nouvelle venue au fenua. Poids lourd de l’aérien – numéro un mondial en termes de revenus, numéro deux pour le nombre de passagers transportés et numéro trois pour le nombre d’appareils – Delta Airlines est déjà présente en Polynésie, au travers de son partenariat avec Air France, avec qui elle a fondé l’alliance SkyTeam. Elle a même signé avec la compagnie tricolore une « joint venture », partenariat plus intime qu’un codeshare puisqu’elle permet de partager les coûts et les revenus et s’accorder sur les tarifs, qui concerne la ligne LAX – PPT au même titre que les vols transatlantiques. Mais cette fois il s’agirait d’envoyer ses propres avions en Polynésie : Tahiti Infos expliquait ce matin qu’une demande officielle avait été déposée sur la table du Pays.
La major a même commencé à communiquer, cette nuit, sur ces nouvelles routes. Trois rotations par semaine en Boeing 767 entre Los Angeles et Faa’a, à partir du 17 décembre, peut-on lire sur son site. Soit 630 à 680 sièges supplémentaires par semaine en direction de la Polynésie. Une information relayée par de nombreux sites généralistes et spécialisés, qui promettent pour certains des ventes de billets dans les jours à venir et qui omettent, pour la plupart, l’astérisque soigneusement associée à cette annonce par Delta : « L’exploitation de cette route est soumise à l’approbation finale du gouvernement ».
Car du côté du Pays, compétent en la matière, on n’a pas donné de feu vert. Et le débat pourrait s’annoncer animé. Certes, Delta et son gigantesque réseau a de quoi promettre de la visibilité pour la destination fenua. Mais dans le secteur de l’aérien on prévient : les habitués de Delta se voient déjà proposer des vols et package vers la Polynésie, via Air France, et le million de sièges proposés par les autres compagnies vers Tahiti-Faa’a n’affiche pas, aujourd’hui, un taux de remplissage optimal. Certains évoquent aussi les capacités hôtelières limitées du pays, mais les hôteliers eux-mêmes nuancent le propos. D’autres doutes sont évoqués concernant la capacité de l’aéroport de Tahiti-Faa’a à accueillir ce nouvel acteur. Du côté du terminal où les files d’attente se sont déjà considérablement allongées ces derniers mois au passage de la police aux frontières et du côté du tarmac, où les horaires d’arrivées des vols en provenance des États-Unis ont tendance à coïncider. De ce côté, le Pays aurait déjà interrogé Delta Airlines sur les possibilités d’aménagement de ses horaires, avec une réponse semble-t-il positive de la compagnie.
Le fond du débat reste toutefois la viabilité des autres compagnies internationales – elles sont 6 à desservir le fenua, dont 4 depuis la Californie. « La stratégie de Delta, c’est tout simplement de vouloir tuer ATN et French Bee », accuse un professionnel. Le Pays aura probablement une pensée particulière pour la compagnie du Pays dont elle a soutenu les finances au travers de la crise Covid. Le sujet devrait être discuté en conseil des ministres dans les semaines à venir.
Par Charlie René pour Radio 1