Covid-19 : La Nouvelle-Calédonie espère gagner le pari de la vaccination

Le Congrès de la Nouvelle-Calédonie a été transformé en vaccinodrome ce weekend ©Facebook

Covid-19 : La Nouvelle-Calédonie espère gagner le pari de la vaccination

Chaque jour, un graphique en forme de cadran est scruté en Nouvelle-Calédonie, touchée plus tard que d'autres territoires d'Outre-mer par l'épidémie de Covid-19 : il indique la date estimée à laquelle l'objectif de 80% de primo-vaccinés sera atteint. En ce moment, l'aiguille oscille entre le 4 et le 14 octobre.

Alors que la Nouvelle-Calédonie enregistre son 25ème mort, les autorités espèrent aller vite car depuis la découverte des premiers cas autochtones de Covid-19 dans cet archipel français, le 6 septembre, la vaccination suscite un véritable engouement. Le nombre d'injections quotidiennes tourne désormais autour de 5 000 contre moins de 500 avant cette date. 

Juste avant le début de la crise sanitaire, les élus du Congrès avaient même voté l'obligation vaccinale pour les plus de 18 ans, en espérant faire décoller les chiffres. Désormais, que ce soit à Nouméa ou dans les communes de Brousse et des îles, les mêmes scènes de longues files d'attente se reproduisent. A Ko We Kara, gigantesque salle polyvalente en périphérie de Nouméa, transformée en vaccinodrome, certains « arrivent dès 6h », indique cette bénévole occupée à distribuer des formulaires d'inscription.

Les candidats à la vaccination le savent, il va falloir patienter : certains ont même apporté leur natte de sol ou leurs fauteuils de camping. Ce qui motive Adèle, venue avec ses filles et son mari, « c'est la peur de la maladie. C'est vrai qu'avant on n'avait pas trop envie, mais maintenant c'est différent », admet-elle. Au départ, la campagne de vaccination a eu du mal à prendre. « On a eu beaucoup de monde au tout début, en janvier-février, des personnes certainement motivées par un voyage à l'extérieur du territoire. Mais pour tous ceux qui ne voyagent pas, on n’a pas su les accrocher », regrette Jean-Baptiste Friat, directeur de l'action sanitaire et sociale de la province Sud. 

Vaccination en pharmacie

Alors les autorités locales veulent surfer sur cet engouement récent. Dans les îles Loyauté et le Nord, la vaccination est possible sept jours sur sept sans rendez-vous dans les dispensaires. Le nombre de vaccinodromes a explosé. Chaque commune dispose, en plus des structures médicales, de sites de vaccination, permanents ou éphémères, dans les gymnases des villages ou les maisons communes des tribus. À Nouméa, l’hôtel de ville et le Congrès se sont également transformés en vaccinodromes.  

Sur l'atoll d'Ouvéa (îles Loyauté), le maire lui-même, Maurice Tillewa, infirmier de formation, a repris sa blouse pour vacciner ses administrés. L'île de Tiga, 63 habitants à l'année, a reçu la visite d'une équipe médicale venue vacciner et tester, tandis qu'à Bélep, c'est l'armée et le RSMA qui ont acheminé les doses de vaccin, les liaisons aériennes et maritimes étant interrompues. Enfin, vendredi le gouvernement a autorisé les médecins et pharmaciens à vacciner dans leurs cabinets et officines.

Si les autorités se mobilisent massivement, c'est que l'enjeu de la vaccination est aussi économique : le seul volet sanitaire « coûtera au bas mot 20 milliards de francs (168 millions d'euros) », selon Yannick Slamet membre du gouvernement chargé de la santé, alors que les comptes sociaux sont dans le rouge (109 millions d'euros de déficit annuel). 

La Nouvelle-Calédonie est confinée depuis le 7 septembre et seuls les commerces vendant des produits essentiels sont autorisés à ouvrir. Un confinement beaucoup plus strict que ceux qu'a déjà connu le territoire en mars dernier et en avril 2020, qui avaient coûté respectivement 168 et 319 millions d'euros à l'économie locale. Or, le gouvernement ne veut pas risquer de saturer le système de santé en allégeant les mesures avant d'obtenir une couverture vaccinale suffisante. 

Reste une inconnue : le nombre de personnes refusant catégoriquement la vaccination. « On va atteindre un plafond, on le sait mais on ne sait pas dire combien il y a réellement d'irréductibles », note Jean-Baptiste Friat. Une manifestation d'opposants à l'obligation vaccinale qui devait se tenir lundi 20 septembre a été interdite par le haut-commissariat mais les anti-vaccins restent très actifs, notamment sur les réseaux sociaux.

Le procureur de la République a annoncé vendredi que des poursuites seraient engagées, notamment pour des menaces de mort proférées en ligne à l'encontre de médecins soutenant publiquement la vaccination. En attendant, le taux de vaccination (schéma vaccinal complet) en Nouvelle-Calédonie avoisine les 30% chez les personnes de 12 ans et plus. 

Avec AFP.