Covid-19 : Air Caraïbes en Polynésie pour évacuer des patients vers l’Hexagone

Un des A350 d'Air Caraïbes a été aménagé pour assurer les évacuations sanitaires des Antilles vers l'Hexagone

Covid-19 : Air Caraïbes en Polynésie pour évacuer des patients vers l’Hexagone

Un avion de la compagnie Air Caraïbes atterrit ce mercredi soir à Tahiti-Faa’a. Il devrait repartir, d’ici la fin de semaine, avec à son bord jusqu’à dix patients touchés par des formes lourdes du Covid. L’opération, financée par l’État, doit permettre à ces malades de bénéficier d’une prise en charge « optimale » dans l’Hexagone, et au Centre hospitalier polynésien (CHPF) de soulager plus rapidement son service de réanimation. Les explications de notre partenaire Radio 1 Tahiti.

L’appareil d’Air Caraïbes, compagnie sœur de French bee qui affrète officiellement le vol, atterrit ce mercredi soir à l’aéroport international de Tahiti-Faa’a, mais sa date de départ n’est pas encore connue avec précision. Il faut dire que la mission, financée par l’État, et pilotée avec le Pays et le CHPF, est « très délicate » et surtout inédite pour la Polynésie.

L’Airbus A350 doit embarquer, d’ici la fin de semaine, jusqu’à dix patients atteints par des formes lourdes de Covid pour qu’ils soient pris en charge dans des hôpitaux de l’Hexagone. Des patients intubés ou sous sédation qui occupent actuellement des lits de réanimation ou de soin intensifs au CHPF et dont l’état laisse penser qu’ils devront être hospitalisés encore plusieurs semaines. Cette évacuation, qui doit être validée par les équipes médicales mais surtout par les familles des malades, doit leur permettre d’accéder à une « prise en charge optimale » dans un des hôpitaux franciliens et partenaires de la Caisse de Prévoyance Sociale (CPS, équivalent de la Sécurité sociale en Polynésie), et à des soins de suite que l’équipement et la situation sanitaire du fenua ne permet pas de leur fournir.

Pourquoi maintenant ?

La mission, qui s’inscrit dans la lignée d’évasans lancée courant août depuis les Antilles - quelques dizaines de patients ont été évasanés depuis la Guadeloupe et la Martinique vers l’Hexagone -, et assurée notamment par Air Caraïbes, paraît étonnante dans son timing. Les derniers chiffres de l’épidémie indiquent en effet depuis plus de deux semaines une lente baisse de pression dans les hôpitaux de Polynésie. Les appels à l’État pour « étudier toutes les solutions » pour lutter contre la saturation hospitalière datent d’ailleurs du pic de la crise.  

Mais si tardive soit-elle, cette réponse, proposée par le ministère national de la Santé et validée par le Pays, n’est pas considérée comme inutile au CHPF, où on rappelle que la crise est loin d’être terminée. Le CHPF, malgré les améliorations récentes (voir plus bas), est toujours largement mobilisé sur le front du Covid. Et ce mercredi matin, 41 Polynésiens étaient pris en charge dans son service de réanimation, qui n’est habituellement équipé que d’un maximum de 18 lits.

La libération de plusieurs places aurait certes été plus stratégique il y a une quinzaine de jours quand tous les malades ne pouvaient être accueillis en « réa ». Mais elle permettra tout de même, cette semaine, de libérer des soignants et donc d’accélérer la réouverture des services du centre hospitalier, quasiment tous fermés à mesure que la filière Covid enflait. Et ainsi reprendre des activités « normales » et des opérations programmées, à destination de patients non-Covid qui font aussi partie des victimes de cette crise.

Le nombre d’évacuations sanitaires ou leur date de départ n’est pas connu avec certitude, même si un décollage vendredi est évoqué. Car l’état de santé et les besoins de chaque patient doivent être précisément évalués, par les équipes du CHPF, mais aussi par les médecins et infirmiers qui arrivent ce soir à bord de l’avion. C’est cette équipe, spécialisée, qui doit accompagner les patients polynésiens jusqu’à Paris.

Une fois arrivé à Paris, les patients sont pris en charge par le SAMU 

En Polynésie, le nombre de patients hospitalisés poursuit sa lente baisse : on en compte désormais 213, dont 49 en réanimation sur l’ensemble des hôpitaux de la Collectivité d’Outre-mer. Sur le seul Centre hospitalier de Polynésie, situé en périphérie de Papeete, on compte 139 patients hospitalisés, dont 41 en réanimation. Par conséquent, le Centre hospitalier a pu désinstaller les lits médicalisés qui avaient été disposés fin août dans son grand hall, le transformant ainsi en hôpital de campagne, et dont l’image avait fait le tour des réseaux sociaux.

« On va pouvoir reprendre un peu plus d’activité programmée », a ajouté le Dr Philippe Dupire, président de la commission médicale d’établissement. Mais le fonctionnement est loin d’être « normal » : le CHPF compte normalement 8 blocs opératoires, et les anesthésistes, comme beaucoup d’autres soignants, sont encore largement mobilisés en filière Covid.

La mortalité, elle, continue également sa baisse : 2 décès Covid ont été déclarés mardi, le bilan quotidien le plus bas depuis plus d’un mois. Sur une semaine, l’épidémie a emporté au moins 48 personnes en Polynésie et 440 depuis l’introduction du variant Delta. Des chiffres qui n’incluent pas de nombreux décès à domicile. Depuis le début de la pandémie, le Covid-19 a fait 583 victimes en Polynésie française et le seul mois d’août dernier enregistre une hausse brutale de 346% de décès, toutes causes confondues. 

Charlie René pour Radio 1 Tahiti