Cancer du sein : le Caillou, 3ème territoire français le plus touché

Cancer du sein : le Caillou, 3ème territoire français le plus touché

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Premier cancer chez la femme dans le monde, il l’est également en Nouvelle-Calédonie. 11% des cancers diagnostiqués le sont à un stade métastasique (très élevé) sur le territoire alors que dans l’Hexagone ce chiffre est de 4%. Une disparité due notamment à des problèmes systémiques. L’Agence sanitaire et sociale de la Nouvelle-Calédonie (ASSNC) rappelle donc l’importance d’un suivi gynécologique pour toutes les femmes. Un article de notre partenaire Actu.nc.

Le cancer du sein est un problème de santé publique majeur en Europe. Il est de loin le néoplasme – tissu d’éléments organiques non prévus dans un corps – le plus fréquemment diagnostiqué chez les femmes européennes et est responsable de près d’un tiers de tous les nouveaux cas de cancer chez les femmes dans 31 pays européens en 2018. Il est également la principale cause de décès chez les femmes européennes. En France, ce cancer se situe au premier rang chez la femme. 78% sont diagnostiqués chez des femmes de 50 ans et plus (24 % chez celles de 75 ans et plus). L’âge moyen au diagnostic est de 63 ans.

Et la Nouvelle-Calédonie ne déroge pas à la règle. Selon la Direction des affaires sanitaires et sociales (DASS), le nombre de cancers du sein a quadruplé en 30 ans, passant d’une trentaine de cas par an en 1984-1985 à plus de 120 cas depuis 2009. Les principaux facteurs de risque connus sont l’âge, la prédisposition génétique, un antécédent de pathologie mammaire et un antécédent personnel d’irradiation thoracique médicale à forte dose. D’autres facteurs sont suspectés comme l’exposition hormonale endogène et exogène, le surpoids et l’obésité.

Des problèmes systémiques

Entre 2008 et 2016, 1 167 cancers du sein ont été diagnostiqués sur le territoire. Parmi ces 1 167 patientes, 213 (18%) sont décédées de la maladie (données au 31 décembre 2018). Cette même année, la Nouvelle-Calédonie se plaçait en 3e position des territoires français les plus touchés par ce phénomène. En 2016, le cancer du sein était le 1er cancer tous sexes confondus avec 145 tumeurs invasives. Il se situe au 1er rang chez les femmes avec 143 tumeurs, soit une augmentation de 26,5 % du nombre de cas par rapport à 2015.

« Nous le diagnostiquons encore trop tardivement. En Nouvelle-Calédonie, il y a encore 11% des cancers qui sont diagnostiqués à un stade métastatique – stade très avancé – alors qu’en métropole il n’est que de 4% », déplore Loïc Broquart, chef du programme de dépistage des cancers féminins à l’Agence sanitaire et sociale de la Nouvelle-Calédonie (ASSNC).

Ce retard semble dû à des diagnostics trop tardifs, et donc des dépistages pas assez réguliers. « Les personnes échappent aux dépistages ou n’ont pas un suivi gynécologique », explique Loïc Broquart. Même si aucune statistique ne l’affirme, les provinces des Îles et du Nord semblent encore plus en retard sur le diagnostic et le dépistage qu’en province Sud en raison notamment de problèmes systémiques comme le faible développement des transports en commun ou encore l’éloignement de certaines communes des cabinets médicaux. « Dans le Nord, il y a un recours à la mammographie qui est moins important qu’ailleurs. Les îles sont également touchées », assure le chef du programme de dépistage des cancers féminins. La couverture médicale du dépistage est donc faible sur le territoire puisque seulement une femme sur deux fait sa mammographie régulièrement. « Nous sommes un peu en-dessous de ce qui se fait dans l’Hexagone. Le dépistage prend son sens si les examens sont renouvelés ».

Geste-auto-palpasion

« La notion de dépistage est une notion encore mal comprise »

Pour y remédier, l’ASSNC a décidé de mettre en avant une nouvelle pratique cette année : l’autopalpation mammaire (voir encadré). Cette méthode permet aux femmes de connaître leurs seins, de les observer et les palper de manière régulière pour être capable de détecter un changement, de découvrir un signe anormal ou une masse suspecte.

Selon de nombreuses études scientifiques, le dépistage précoce reste le principal moyen de lutter contre la maladie. Il permet d’améliorer les chances de survie ainsi que l’issue du cancer du sein. Selon une étude sur « Le potentiel du dépistage du cancer du sein en Europe », publiée en juillet dernier et réalisée par des chercheurs néerlandais et américains, le dépistage en Europe a déjà un impact considérable en prévenant près de 21 700 décès par an. En outre, « en optimisant davantage la couverture du dépistage par des interventions fondées sur des données probantes, le nombre de décès pourrait encore être réduit de manière significative », indique l’étude.

« La notion de dépistage est une notion encore mal comprise sur le territoire. De nombreuses femmes pensent que le seul fait de réaliser un dépistage évite les maladies. Or, il faut faire une mammographie tous les deux ans principalement pour les femmes de plus de 50 ans. » L’ASSNC a également souhaité rappeler l’importance du suivi gynécologique. « Tous les ans, chaque femme devrait voir un gynécologue ou une sage-femme pour avoir un examen clinique ».