Après le discours de la Première ministre à Matignon, le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer a reçu, place Beauvau, les délégations indépendantiste et non indépendantiste qu’il a pu réunir en trilatérale. Une réunion durant laquelle il a aussi proposé un « projet d’accord ambitieux » pour l’avenir institutionnel de l’archipel, et annoncé un déplacement sur place en octobre.
« Gérald Darmanin et Philippe Vigier ont reçu cet après-midi les délégations indépendantiste et non-indépendantiste place Beauvau pour la première réunion trilatérale organisée depuis 2019 » a annoncé dans un communiqué le Ministère de l’Intérieur et des Outre-mer. « Les ministres ont tout d’abord salué cette reprise de dialogue historique entre l’ensemble des partenaires, qui démontre leur volonté de se tourner vers l’avenir », poursuit-on.
Gérald Darmanin, qui s’est déjà rendu quatre fois en Nouvelle-Calédonie depuis juillet 2022 pour « un cycle de négociations afin de préparer le nouveau statut de l’archipel », a également proposé aux délégations « projet d’accord ambitieux ». « Ce dernier se nourrit des différentes propositions des groupes politiques, des nombreux échanges avec la population calédonienne et d’un important travail d’expertise juridique effectué par les services de l’État ».
« Ce projet d’accord, largement amendable par les parties, est constitué de six thématiques : le statut de la Nouvelle-Calédonie au sein de la République, les institutions locales, le corps électoral et la citoyenneté calédonienne, l’exercice de l’autodétermination, les compétences, les mesures économiques et financières, les mesures d’application de l’accord », poursuit encore le communiqué, qui précise que Gérald Darmanin et Philippe Vigier vont à nouveau se rendre sur l’archipel en octobre, « pour finaliser la discussion autour de ce projet ».
« On a largement été entendu sur notre proposition de méthode » s’est félicitée la secrétaire d’État, présidente de la province Sud et membre Les Loyalistes, Sonia Backès, qui rappelle avoir, avec ses alliés non indépendantistes, réclamé « que l’État mette un projet sur la table » et « un calendrier serré de manière à se donner une échéance des fins de discussions », fixée selon l’élue à fin novembre pour aboutir en début 2024 à une réforme constitutionnelle permettant, « a minima », le dégel du corps électoral avant les provinciales de mai prochain.
« Nous allons défendre le fait que la Nouvelle-Calédonie s’inscrive dans la stabilité avec de la visibilité, que le corps électoral soit définitivement dégelé, que les institutions permettent d’avoir une Nouvelle-Calédonie qui fonctionne et retrouve de la stabilité » a-t-elle poursuivi. « Les Calédoniens seront consultés au final sur une proposition ».
« Tout se présente pour qu’on trouve un nouvel équilibre et un nouvel accord » s’est également réjoui le député Renaissance, membre du parti non indépendantiste Calédonie Ensemble, Philippe Dunoyer. « On a une base, un calendrier de réunions et surtout une perspective » avec « le Pacte de Nouméa que le président de la République nous a présenté (…). Il reste à nourrir de nos positions parfois antagonistes (…), de nos discussions, des équilibres » poursuit-il, pour « construire un accord consensuel d’ici la fin de l’année ».
Si les délégations indépendantistes n’ont pas souhaité s’exprimer avant ce vendredi, dernier jour de réunions parisiennes, le président du gouvernement Louis Mapou, également membre du parti Palika, composante du FLNKS, a salué le discours de la Première ministre « qui permet de travailler ». « C’est un tournant depuis le référendum de 2021 » a-t-il confié, reconnaissant une forme « d’attentisme des uns et des autres » qui s’était installée depuis la dernière consultation d’autodétermination, boycottée par les indépendantistes.