Élisabeth Borne prononcera mercredi après-midi un discours devant les délégations indépendantistes et non-indépendantistes calédoniennes, a annoncé Matignon lundi, dans un contexte d'enlisement des discussions entre les acteurs politiques de l'archipel autour d'une future réforme institutionnelle.
La Première ministre s'exprimera à 15h45 depuis Matignon devant les partisans de l'indépendance et ceux du maintien dans la République française de la Nouvelle-Calédonie. Tout l'enjeu est d'arriver, à l'issue de ce discours, à réunir autour de la même table ces parties prenantes, qui n'ont pas échangé sur l'avenir institutionnel de l'archipel depuis près de deux ans.
Réuni mardi dernier en bureau politique, le Front de libération kanak socialiste (FLNKS) a réaffirmé la ligne arrêtée lors d'un congrès populaire tenu en août 2022 : son refus de participer à des réunions trilatérales, au profit de négociations bilatérales avec l'État. Pour l'heure, l'exécutif n'a pas réussi à lever ces blocages, alors que le président Macron s'est rendu fin juillet sur le Caillou, que le ministre de l'Intérieur et des Outre-mer Gérald Darmanin s'y est déplacé à trois reprises et que les Calédoniens ont été invités par deux fois, en octobre 2022 et avril 2023, à Paris.
« Pour ceux qui n'étaient pas là, j'ai personnellement été blessé par leur absence », avait d'ailleurs regretté le chef de l'État le 26 juillet depuis Nouméa, alors que l'invitation présidentielle avait été déclinée par plusieurs figures indépendantistes. Ces dernières contestent toujours le résultat du dernier des trois référendums (2018, 2020, 2021) sur l'indépendance organisés selon les accords de Nouméa : celui-ci s'était soldé par une nouvelle victoire du « non » mais avait été massivement boycotté par les soutiens de l'indépendance.
Lors de cette même visite en juillet, Emmanuel Macron avait confirmé le souhait de l'État de procéder à une réforme constitutionnelle début 2024, ne laissant plus que quelques mois aux parties prenantes pour s'entendre, notamment sur le corps électoral, restreint, et éventuellement un futur statut pour l’archipel.
Après une réunion lundi à Paris, la délégation indépendantiste laissait supposer une possible ouverture de discussions sur « un certain nombre de sujets pour nous rapprocher de part et d’autre ». « On est encore dans des expressions parallèles » a toutefois nuancé Gilbert Tyuienon, selon qui « cette semaine parisienne est en quelque sorte un aboutissement des discussions en bilatérales avec l’État ».
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Dans un courrier adressé à Élisabeth Borne, la délégation Les Loyalistes, dénonçant les « atermoiements » des indépendantistes, demandait à l’État, en cas d'absence de trilatérales, de communiquer d'ici le 9 septembre sur le calendrier d'adoption de la réforme constitutionnelle annoncée pour début 2024 et sur le texte qui serait soumis au Parlement.
De son côté, fustigeant les « oukases (ordres impératifs, ndlr) à répétition des uns », et les « hésitations des autres », l’autre mouvement non indépendantiste Calédonie Ensemble, appelait le gouvernement à ne pas restreindre les discussions au seul sujet du corps électoral, ni à passer en force sur un accord contraint aux élections provinciales de mai 2024 : « L’important, au bout de 35 années (d’accords de Matignon et de Nouméa, ndlr), n’est pas de tenir les élections à l’heure mais d’être à l’heure de l’Histoire ».
Mercredi, Élisabeth Borne s'exprimera également devant les membres d'un groupe de travail sur le nickel, une filière ultra-stratégique pour la Nouvelle-Calédonie, mais en grande difficulté. Ces acteurs avaient rendez-vous dès ce lundi à Bercy pour des discussions techniques. Les échanges se poursuivront au Ministère de l'Intérieur et des Outre-mer et au Ministère de l'Économie jusqu'au 8 septembre, a précisé Matignon.
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Avec AFP.