Après avoir exporté plus de 4000 tonnes de déchets dangereux vers l'Hexagone en 2022, la Région Réunion se mobilise vers une meilleure gestion des déchets au sein de la collectivité. A partir de 2023,la collectivité entend faire du tri des biodéchets un axe majeur de sa politique environnementale. Le point avec notre partenaire RTL Réunion.
Batteries, huiles, déchets hospitaliers, boues hydrocarburées ou résidus d'amiante, plusieurs milliers de tonnes s'entassaient en attente d'être exportés vers l'Hexagone. Une accumulation de déchets dangereux en raison du ralentissement du trafic maritime dû à la crise Covid. En octobre dernier, un bateau spécial a été affrété. Fabrice Hoarau, conseiller régional, délégué à l'environnement et à la problématique des déchets, dresse le bilan au micro de notre partenaire RTL Réunion. « Il nous a fallu travailler avec tous les partenaires, opérateurs, collecteurs,les producteurs de déchets pour mettre en place un bateau. Le convoi chargé de plus de 4000 tonnes de déchets dangereux est arrivé fin novembre. Il reste sur le port du Havre, six conteneurs sur les 244 transportés. C'est un travail effectué en partenariat avec la Préfecture, les services de la Région».au micro de Johanna Martin.
En 2021, 2 400 tonnes de déchets dangereux étaient stockés à La Réunion, c'est le double qui a été envoyé dans l'Hexagone cette année, soit le cumul de l'an dernier avec 2020. Mayotte était également concernée par cette problématique avec 245 tonnes accumulées... Il était donc plus que temps après deux ans de crise.
La problématique de la gestion des déchets a été également abordée dans un rapport de la Délégation sénatoriale aux Outre-mer. Porté par la sénatrice réunionnaise Viviane Malet et Gisèle Jourda, ce rapport sénatorial met en exergue que La Réunion et Mayotte font face à « une crise de la gestion des déchets dangereux sans précédent ». « La saturation du transport maritime international, conjuguée au durcissement de la réglementation sur le transport international des déchets dangereux et à son application extrêmement précautionneuse par les compagnies maritimes » sont la cause de cette situation selon la délégation sénatoriale. Et le Sénat ajoute : « cette crise a contribué à la prise de conscience de la faible résilience de La Réunion et de Mayotte en matière de gestion des déchets dangereux : le seul exutoire est l’exportation vers l’Europe, soumise à la bonne volonté des compagnies maritimes. »
Anticiper le tri des biodéchets pour fin 2023
Désormais, se pose la question majeure du développement d’outils locaux pour le traitement des déchets dangereux, via le recyclage et la valorisation. A La Réunion, la solution du stockage est très contrainte. Quant au recyclage, s'il offre des perspectives, il nécessite probablement de lourds investissements. En attendant, pour 2023, la Région promet de poursuivre sa gestion des déchets dangereux tout en anticipant 2024 avec un autre sujet qui concerne tous les Réunionnais : le tri des biodéchets. Tout ça s'inscrivant dans le Plan Régional de Prévention et de Gestion des Déchets Fabrice Hoarau.« Pour l'année 2023, nous allons continuer à finaliser le Plan Régional de Prévention et de Gestion des Déchets, nous allons travailler avec la chambre de commerce et d'industrie en accord avec les 5 EPCI sur une étude pour essayer d'éradiquer ou diminuer fortement les dépôts sauvages à l'endroit des entreprises, pour les déchets industriels et du bâtiment. Nous allons continuer à travailler sur la problématiques des bio déchets par le travail sur un plan stratégique,il faut avoir au 31 décembre 2023, tous les Réunionnais sont dans l'obligation de trier les biodéchets. Il ne sera plus possible de mettre les pelures de pommes de terre ou restes de riz dans la poubelle. Il faut anticiper cela, nous sommes un peu en retard sur ce sujet», ajoute Fabrice Hoarau, au micro de notre partenaire RTL Réunion.
D'autres résolutions sont à l'ordre du jour de la Région, comme diminuer la production des déchets à la source, chez les particuliers comme chez les industriels, et sensibiliser davantage les Réunionnais au tri. Notez que le rapport sénatorial sur les déchets en outre-mer qui est sorti il y a une petite quinzaine de jours est pour le moins inquiétant. Il parle notamment de cas de plombémie et de saturnisme infantile à La Réunion.