Risques naturels : Les dernières conclusions des recherches indiquent que Mayotte se révèle à hauts risques volcaniques

© Réseau de surveillance volcanologique et sismologique de Mayotte

Risques naturels : Les dernières conclusions des recherches indiquent que Mayotte se révèle à hauts risques volcaniques

Qui ne se souvient pas du séisme qui a secoué très fortement Mayotte toute entière le 15 mai 2018 alors que la ministre de l’Outre-Mer était en voyage officiel sur le département. La magnitude mesurée avait été de 5.9 sur l’échelle de Richter, soit la plus forte secousse jamais enregistrée dans l’île. Détails avec France-Mayotte Matin.

 

Des milliers d’autres secousses ont depuis été enregistrées tout comme la naissance d’un volcan sous-marin à quelques dizaines de kilomètres de nos côtes. Or, en 2018, Mayotte n’était pas considérée comme un territoire à haut risque sismique. La zone était d’ailleurs assez peu étudiée car il ne s’y passait pas grand-chose. Les lignes ont alors bougé très rapidement et des recherches scientifiques de grande envergure ont été lancées pour définir si l’origine des secousses était volcanique ou tec- tonique… Le verdict est connu, à 50 kilomètres de l’île, le responsable des secousses est un volcan posé à 3 500 mètres de profondeur, crachant jusqu’à 400 mètres cubes de lave par seconde. 

En quelques mois, Fani Maoré, comme il a été baptisé, s’était fabriqué un cône de 800 mètres de hauteur et de 2 kilomètres de diamètre. Au cours de cette éruption qui a duré trois ans, il a expulsé pas moins de 6 kilomètres cubes de lave soit la plus grosse éruption effusive connue après l’éruption du Laki, en Islande, en 1783… Les volumes de magma en jeu étaient tels qu’au cours de cette éruption sous-marine, Mayotte s’est déplacée de 24 centimètres vers l’Est et s’est enfoncée de 19 centimètres. Pour surveiller l’activité de Fani Maoré, une trentaine de campagnes océanographiques se sont succédées au cours des trois années suivantes. L’une des missions d’ob- servation les plus ambitieuses, la mission Sis- maoré a pour sa part élargi le champ de vision en étudiant le volcanisme à l’échelle des Comores et les relevés bathymétriques ont révélé l’existence non pas de dizaines, mais bien de centaines de volcans sous-marins et ce, sur un corridor de 600 kilomètres de long et 200 kilomètres de large. 

Mais encore, lors de la mission Mayobs 1, les images sous-marines ont révélé la présence d’im- portantes remontées de gaz provenant du plancher océanique sur une zone appelée Fer à Cheval, à 10 kilomètres de Mayotte. Ces remontées ont-elles toujours existé ? Sont-elles le signe d’un dégazage de magma profond sous cette structure ? Sont-elles annonciatrices d’une nouvelle éruption ? 

Aucun scénario n’est exclu. Ce que l’on sait, c’est qu’entre les campagnes océanographiques Mayobs 1 et Mayobs 2-3, leur nombre n’a cessé d’augmenter. En tout cas, si une nouvelle éruption plus proche de Mayotte survenait, cela pourrait être dangereux pour la population. Mayotte est donc placée sous très haute surveillance avec de très nombreux dispositifs techniques mis en place, car l’île se révèle à très risque volcanique selon les chercheurs… 

 

Par Samuel Boscher pour France Mayotte-Matin