Présidentielle à Madagascar : La justice reporte le scrutin d’une semaine alors que le climat électoral se dégrade

©Facebook / Andry Raobelina

Présidentielle à Madagascar : La justice reporte le scrutin d’une semaine alors que le climat électoral se dégrade

Le premier tour de l'élection présidentielle à Madagascar, initialement prévu le 9 novembre, a été reporté d'une semaine suite à la blessure d’un candidat opposant au président sortant, lors d'une manifestation, a annoncé jeudi la Haute cour constitutionnelle. 

« La Haute Cour Constitutionnelle, en vertu de son pouvoir de régulation, ordonne le report du premier tour de l'élection présidentielle au 16 novembre 2023 », a prononcé la plus haute juridiction de la grande île de l'océan Indien dans une décision publiée sur son site internet. Le second tour du scrutin est maintenu au 20 décembre mais la campagne électorale, qui a officiellement débuté lundi, est prolongée d'une semaine.

L'élection, à laquelle le président sortant Andry Rajoelina est candidat, se prépare depuis plusieurs semaines dans un climat qui ne cesse de se dégrader. L'opposition dénonce une machination du pouvoir pour favoriser Rajoelina. L'Union européenne et les États-Unis ont affirmé le mois dernier suivre avec « la plus grande vigilance » la préparation du scrutin. Au total, treize aspirants à la fonction suprême sont en lice.

La majorité de ceux qui s'opposeront à Andry Rajoelina dans les urnes, rassemblés dans une alliance de convenance baptisée le « collectif des onze », ont appelé quasi quotidiennement à manifester depuis le début du mois. Mais ces rassemblements ont été empêchés par les forces de l'ordre faisant usage de gaz lacrymogènes.

« Égalité de chance »

Le 2 octobre, le candidat Andry Raobelina, qui fait partie des onze opposants à Andry Rajoelina aspirant à la fonction suprême, a été blessé au visage par un éclat de grenade lacrymogène dans le centre de la capitale Antananarivo. Il est actuellement soigné sur l'île voisine de Maurice. Il avait déposé une demande de report du scrutin pour « cas de force majeure ».

La justice a rejeté sa requête, estimant qu’Andry Raobelina s'était « délibérément exposé à un risque certain » car « un risque de blessures lors des opérations de dispersions des manifestants par les éléments des forces de l'ordre était prévisible ». La haute juridiction a toutefois mis en avant « la liberté, la sincérité du vote et l'égalité de chance des candidats » comme conditions inconditionnelles pour des élections « justes, transparentes et apaisées ».

Andry Rajoelina, 49 ans, avait accédé au pouvoir en 2009 à la faveur d'une mutinerie chassant Marc Ravalomanana. Sous pression de la communauté internationale, il avait renoncé à se présenter en 2013 mais avait été élu ensuite en 2018. Le mois dernier, dix candidats de l'opposition ont dénoncé « un coup d'État institutionnel » orchestré par le pouvoir : la Haute cour constitutionnelle avait rejeté trois recours réclamant l'invalidation de la candidature de Rajoelina « pour défaut de nationalité malgache ». Fin juin, des informations de presse avaient en effet révélé qu'il avait été naturalisé français en catimini en 2014. 

La plus haute juridiction du pays a par ailleurs désigné un gouvernement d'intérim dirigé par le Premier ministre Christian Ntsay, un proche de Rajoelina. Conformément à la Constitution en période électorale, le président a cessé d'exercer le pouvoir un mois avant le scrutin. L'intérim devait normalement être assuré par le président du Sénat, qui a cependant décliné pour « raisons personnelles ». Il a annoncé cette semaine revenir sur sa décision et avoir fait l'objet de « pressions » pour se retirer. Les sénateurs rassemblés jeudi en session extraordinaire ont voté à la majorité pour sa destitution de son poste de président du Sénat.

Avec AFP