Nouvelle Route du littoral à La Réunion : la Chambre régionale des comptes critique certains choix de la Région

Vue de la Nouvelle Route du littoral, dont le chantier n’est pas encore terminé ©DR

Nouvelle Route du littoral à La Réunion : la Chambre régionale des comptes critique certains choix de la Région

Dans un rapport publié le 16 décembre, la Chambre régionale des comptes de La Réunion tire un bilan plutôt sévère de la construction de la Nouvelle Route du littoral, soulignant le manque de mesures de compensation des dégradations faites à l’environnement, la révision des coûts à plus de 2,4 milliards d’euros, et la dette de 1,3 milliard de la Région dont 800 millions d’euros d’emprunts nouveaux, sans avoir achevé la route dont l’ouverture définitive est reportée jusqu’en 2028, au mieux…

 

Pour rappel, l’objectif de la construction de la Nouvelle Route du littoral (NRL), d’une longueur de 12,3 km, doit permettre la jonction entre les agglomérations nord et ouest de l’île, les plus peuplées et les plus actives sur le plan économique, ainsi que la sécurisation des quelque 85.000 usagers qui empruntent quotidiennement l’itinéraire entre les communes de La Possession et de Saint-Denis. En 2008, à la suite du transfert des routes d’intérêt national, la collectivité régionale a hérité d’un projet mené jusqu’alors par l’État.

 « L’impossibilité de poursuivre le projet de tram-train prévu par le premier protocole État-région signé en 2007 conduit à un nouvel accord en 2010 engageant l’État et la Région sur la voie d’une infrastructure maritime intermodale, dans un environnement naturel terrestre et maritime sensible. L’option retenue en 2011-2012 est celle d’une NRL constituée de digues et de viaducs sans péage ni tunnel », relève la Chambre régionale des comptes, qui ajoute que la collectivité a souhaité privilégier le choix de la solution la plus favorable aux plans socioéconomique et budgétaire plutôt qu’environnementale.

 En 2021, les coûts de construction de la NRL ont atteint 1,61 milliard d’euros, auxquels s’ajoutent au moins 114 millions supplémentaires, notamment des charges des emprunts mobilisés, les montants initiaux partis sur le tram-train, des politiques publiques régionales menées en lien avec le projet (aides économiques, formation professionnelle) ou internes. Au total, la NRL a canalisé 59% des dépenses d’équipement du territoire de 2015 à 2021, précise la Chambre régionale des comptes.

 « Au-delà de la complexité technique du projet qui pouvait justifier un coût initial déjà élevé pour une région de cette taille, ce coût a été révisé jusqu’en 2021 à plus de 2,4 milliards d’euros sans toutefois avoir été clairement affiché, ni même totalement couvert par l’autorisation de programme budgétaire votée par la région d’à peine 2 milliards. Malgré le suivi des risques mis en place, aucune provision pour risques et charges n’a été constituée. Fin 2021, la région se retrouvait déjà avec une dette de 1,3 milliard, dont 800 millions d’euros d’emprunts nouveaux pour financer la NRL, sans avoir achevé cette nouvelle route, dont l’ouverture complète est reportée jusqu’en 2028 au mieux », fustige la Chambre.

 

Les recommandations de la Chambre régionale des comptes de La Réunion

Si 80% de la NRL est déjà construite, le raccordement anticipé permettra la mise en service d’une portion de l’ordre de 70%, au plus tard début 2023. La route ne mettra pas totalement en sécurité la circulation vis-à-vis de la falaise ni fin aux basculements sur 30% du parcours. Reprenant des projections de la Région, la Chambre régionale des comptes explique qu’ « il faudra attendre l’achèvement de la portion entre La Grande Chaloupe et la commune de La Possession par la construction d’un nouveau viaduc d’ici 2028 ».

Une quinzaine de kilomètres de Transport en commun en site propre (TCSP) par voies de bus serait mise en service, soit plus de 80% de l’indicateur initial prévu, souligne encore l’institution. Cette longueur de voies de bus correspond à 60% du parcours entre les communes de Saint-Denis et de La Possession.

La Région étudie également des solutions moins consommatrices en matériaux pour pouvoir terminer la route d’ici 2028. « En tout état de cause, la collectivité régionale devrait être amenée à revoir ses niveaux prévisionnels de dépenses, principalement en fonctionnement, pour pouvoir respecter les ratios de solvabilité qu’elle s’est fixée, eu égard à sa dette atteignant 1,3 milliard d’euros fin 2021, à moins de rechercher des recettes supplémentaires. Le coût global qui devrait dépasser 2,5 milliards pour 12,3 km de route, représente plus de 200 millions par kilomètre », écrit la Chambre régionale des comptes.

 

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PM