Mayotte : Un observatoire et un conseil scientifique pour prévenir la violence

Mayotte : Un observatoire et un conseil scientifique pour prévenir la violence

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Au mois de février dernier, la directrice de l’ARS, le procureur de la République et le recteur ont annoncé la mise en place d’un observatoire de la violence à Mayotte. Depuis 10 mois, Balbine Ollier pour le Rectorat et Salim Mouhoutar pour l’Agence régionale de santé ont eu pour mission d’identifier et de solliciter les différents interlocuteurs pouvant contribuer à ce projet. Aujourd’hui, l’observatoire est prêt à entrer dans une nouvelle étape avec toujours le même objectif poursuivi : identifier des actions efficaces pour gérer les situations conflictuelles et prévenir la violence. Un sujet de Pierre Bellusci pour notre partenaire France Mayotte Matin. 

Hier matin, les locaux du Conseil économique, social et environnemental de Mayotte (CESEM) accueillait une conférence de presse en lien avec la mise en place de l’observatoire de la violence. En effet, cet outil à naître sera rattaché au CESEM, notamment parce qu’à l’instar du conseil économique, l’observatoire se veut un organe consultatif permettant d’orienter les politiques publiques. Selon Salim Mouhoutar, directeur adjoint à l’ARS Mayotte, cela fait 10 mois qu’un travail est mené afin d’obtenir les premières bases de cet observatoire.

Si la crise sanitaire a ralenti les différents protagonistes, les choses avancent. Dès le mois prochain, un conseil scientifique va être mis en place. L’observatoire va en effet s’appuyer sur ce comité composé de scientifiques basés à Mayotte, à La Réunion et au sein d’un département métropolitain encore inconnu. « Nous avons associé beaucoup de partenaires locaux comme le Conseil département, les maires, des scientifiques locaux. Ensemble on réussit toujours. Avec les acteurs que nous avons réunis, je pense que nous pouvons aller très loin et asseoir l’observatoire sur le court, moyen et le long terme », confie Salim Mouhoutar.

Ce comité scientifique aura pour mission de produire des données qui peuvent servir à un comité de pilotage dont le rôle sera de traduire ces données en actions sur le terrain. Le Conseil départemental sera associé à la démarche comme l’expliquait hier Issa Abdou Issa, 4ème vice-président en charge de l’action sociale : « L’insécurité́ concerne tout le monde, parents, État, institutions. Mais les faits de violence sont souvent à mettre au crédit des mineurs. Le Conseil départemental a en charge la question de l’enfance à Mayotte. Nous sommes peut-être les plus intéressés par le sujet. La jeunesse doit être une solution, plus le problème. C’est une journée à marquer d’une pierre blanche mais il ne faut pas que la montagne accouche d’une souris », prévient le conseiller départemental de Dembeni.

Preuve que la dynamique est réelle, depuis 10 mois, de nombreux témoignages sur cette thématique de la violence ont déjà été recueillis, sorte de première pierre à la réflexion globale qui s’amorce. Dans les prochaines semaines, ce travail d’analyse de la situation réelle va se poursuivre sur la base d’une division en 5 zones de l’île. A chaque fois, un trinôme sera à la manœuvre. Il sera composé d’un réfèrent éducation nationale, d’un référent du Conseil départemental et d’un référent parent. Chacun apportera une analyse terrain, secteur par secteur grâce notamment à des rencontres avec la population. De quoi alimenter les assises de la jeunesse qui se tiendront fin janvier, début février 2021. Selon le recteur, cet évènement s’articulera autour de trois axes. D’abord la prévention en se basant notamment sur l’existant. C’est le cas du dispositif d’élèves pairs qui a été mis en place par la Brigade de Prévention de la Délinquance Juvénile (BPDJ) et le rectorat. Des élèves sont formés à la médiation scolaire et à la détection des signes précurseurs de conflits

Autre axe et non des moindres à Mayotte : l’éducation des parents. Là encore, des actions existent déjà à l’image de l’école des parents. Il s’agira d’amplifier ce type de dispositifs et d’en créer de nouveaux de manière à ce que les parents deviennent l’un des premiers remparts à la violence juvénile. Enfin, dernier axe indispensable au regard du contexte, l’aspect répressif. Selon le recteur Gilles Halbout, les acteurs de ces assises vont devoir « envisager de nouvelles formes de répression, peut-être plus participatives comme les travaux d’intérêt général. Il faudra également de nouvelles formes de suivi ». Le rectorat proposera l’éloignement des jeunes les plus violents. Après les annonces, place maintenant au travail concret de manière à ce que l’année 2021 ne soit plus celle de la réflexion, mais bel et bien de l’action.

Pierre Bellusci