Malgré des capacités portuaires suffisantes, le port de Longoni fait face à des difficultés de sur-stockage des conteneurs. Les bouchons sur les routes et la capacité des magasins à recevoir les livraisons au-delà de 15h30 ralentissent la logistique. La patronne du port souligne les investissements prévus pour accompagner l’augmentation de l’activité. Mais que fait-on pour les routes ? Réponse avec notre partenaire France Mayotte Matin.
Tout va bien au port de Longoni pour sa patronne. Le problème de l’approvisionnement des magasins ne reposerait pas sur les capacités portuaires à charger ou décharger les conteneurs, mais bien sur la chaîne logistique aval, dépendante notamment des interminables bouchons sur la route. Elle explique avoir déchargé, avec ses équipes, lundi un chargement de 1 150 conteneurs d’un navire MSC.
En ce moment même, ses équipes chargent 680 conteneurs sur un autre bateau, et lundi prochain, elles déchargeront 1 650 conteneurs d’un bateau CMA CGM. Elle souligne que seuls 175 conteneurs sont sortis lundi du port. Elle prend un autre exemple : les entreprises et les transitaires disposent d’une application leur permettant désormais de préciser la veille les conteneurs qu’ils souhaitent récupérer.
L’équipe de MCG les prépare, et ils peuvent venir les chercher dès le lendemain, le gain de temps est considérable. Cependant, elle cite une journée de la semaine dernière où 135 conteneurs planifiés par les transitaires et les importateurs n’ont pas été enlevés. Ce phénomène pose un problème pour la gestion des stocks au port et constitue une explication aux pénuries dans les magasins.
170 conteneurs congelés seront à bord du bateau CMA CGM qui arrivera au port de Longoni lundi prochain « A quelle vitesse seront-ils enlevés ? » s’interroge-t-elle en précisant que le problème ce ne sont pas les transitaires mais bien les routes. Selon elle, les marchandises ne manquent pas, mais la difficulté réside non seulement dans les bouchons, mais aussi dans la capacité des magasins à accueillir les camions de livraison au-delà de 15h30.
Toutes ces limitations entraînent une accumulation de stocks extrêmement importants sur le port, rallongeant les délais pour trouver de traitement des conteneurs, c’est-à-dire manipuler les piles et sortir ceux qui doivent être récupérés. Elle précise que la situation est loin de s’arranger. « L’activité augmente et va continuer d’augmenter » dit-elle plutôt satisfaite.
Des investissements sont prévus au port de Longoni : deux stackers complémentaires ont été commandés, et MCG envisage, selon nos informations, d’investir dans trois nouveaux RTG, ces immenses grues qui permettent de manipuler les conteneurs directement sur les navires. C’est donc une opportunité majeure pour Mayotte, qui dépend des importations.
À l’heure de la reconstruction, où toutes les matières premières arriveront par bateau, il est essentiel d’accélérer la cadence du déchargement des bateaux. Mais si les difficultés routières empêchent les transitaires et les importateurs de récupérer leur matériel, la problématique reste entière. Il devient crucial de repenser la livraison de toutes ces matières aux quatre coins de Mayotte.
Cela renvoie à un projet annoncé il y a plusieurs années : celui de faire partir les poids lourds directement du port à destination de la Petite Terre. Où en est-on ? N’est-il pas temps de réfléchir à une meilleure utilisation de la mer pour désengorger les routes et optimiser la logistique ?
Anne-Constance Onghéna pour France Mayotte Matin