Mayotte : l’Insee avance des solutions au casse-tête du recensement

Les zones d’habitation à Mayotte comprennent de nombreux logements informels ©Outremers360

Mayotte : l’Insee avance des solutions au casse-tête du recensement

Dans un document de travail publié le 20 juillet, l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) se penche sur la question du recensement à Mayotte. L’étude constate que l’importance de « l’habitat de fortune » dans le territoire peut altérer sensiblement les résultats d’une méthodologie habituellement utilisée dans les autres départements d’Outre-mer. Conséquence, à Mayotte, le zonage a été redéfini. Explications.

 

En France, depuis 2004, le recensement est réalisé par sondage lors des enquêtes annuelles de recensement (EAR). « La méthodologie habituellement employée pour le recensement de la population se différencie selon la taille de la commune : en « petite » commune (commune de moins de 10.000 habitants), un recensement exhaustif de la population est effectué tous les cinq ans alors qu’en « grande » commune (commune de 10.000 habitants ou plus) une interrogation d’environ 8% des logements de la commune est réalisée chaque année », détaille l’Insee.

 Dans les départements d’Outre-mer, l’approche méthodologique est différente. En effet, une enquête cartographique est réalisée entre cinq et dix mois avant les EAR. Elle permet de constituer la base de sondage d’adresses (dite BSA) dans laquelle seront tirés les logements à recenser au sein de zones de collecte appelées « îlots ». Toutefois Mayotte connaît une situation particulière. Dans l’archipel, d’après l’Insee, « 39% des logements recensés au recensement de la population 2017 sont des habitations de fortune et font partie d’un type d’habitat qui évolue très rapidement et pose des problèmes de repérabilité sur le terrain ». Ce défaut de couverture risque donc de biaiser les estimations, en comparaison avec les autres DOM.

 Aussi, l’étude de l’Insee évalue des scénarios alternatifs « afin de déterminer une adaptation du protocole classique qui répondrait aux spécificités du terrain mahorais ». Les auteurs du document se sont focalisés sur les dix communes de Mayotte (sur un total de 17) comptant plus de 10.000 habitants : Bandraboua, Bandrélé, Dembeni, Dzaoudzi, Koungou, Mamoudzou, Ouangani, Pamandzi, Sada et Tsingoni. Pour faciliter la mise en place des enquêtes annuelles de recensement, l’Insee, en collaboration avec le Service régional de Mayotte, a redéfini le territoire « de sorte que leurs frontières soient durablement repérables sur le terrain et qu’ils soient raisonnablement homogènes en taille ».

Explication du tableau : un biais lié à un défaut de couverture de la base de sondage d’adresses (BSA) s’évalue sur la base des adresses « entrantes ». Plus le nombre d’adresses qui apparaissent entre l’enquête cartographique et le recensement de la population 2017 est important, plus la sous-estimation de la population sera forte. Le tableau permet de qualifier ce biais sur deux variables d’intérêt : la population et le pourcentage d’étrangers dans l’ensemble des grandes communes de Mayotte.

Concernant la redéfinition des îlots, l’Insee précise : « L’idée est de découper l’ensemble des communes en plus petites zones (dites « zones élémentaires ») dont on pense que les contours seront durablement repérables sur le terrain et d’appliquer un algorithme de regroupement de ces zones de façon à s’approcher le plus possible d’une taille-cible. Le résultat attendu est un fort gain d’homogénéité en taille des îlots obtenus et une taille moyenne globale contrôlée ». 

Evidemment, tout cela reste un peu technique pour le profane. Mais les éléments contenus dans l’étude permettent d’appréhender la spécificité de Mayotte par rapport aux autres territoires d’Outre-mer. Par exemple, si l’on se réfère au recensement de la population en 2017, on notera que l’archipel comptait 105 logements par « îlots » (zones de collecte de données ou de recensement) en moyenne dans les grandes communes, contre 58 dans les autres DOM. Ces habitats, bien souvent indignes, sont également très hétérogènes en taille et changent rapidement au rythme des constructions, modifications ou destructions, avec de multiples personnes « entrantes » et/ou « sortantes ». D’où la nécessité d’une réflexion sur les calculs statistiques. Par ailleurs, rien ne change dans les communes de moins de 10.000 habitants par rapport aux autres départements. La méthodologie ne sera pas réévaluée car le recensement y est exhaustif tous les cinq ans.

Lire ► Préparation des Enquêtes annuelles de recensement à Mayotte : étude du plan de sondage et redéfinition des zones de collecte

 

PM