Ce 2 novembre, la Cadema célébrait le lancement de sa première laverie solidaire, située à Dembéni. Une structure aux vertus multiples qui visera à terme à limiter les lavages en rivière éminemment polluants, tout en généralisant l’accès à l’eau aux populations les plus précaires. Précisions avec notre partenaire France Mayotte Matin.

C’est une première que cette laverie solidaire mahoraise soit mise en place par une collectivité. Et pour la Cadema selon Liza Mahamoudou, la vice-présidente chargée de la gestion eau assainissement milieux aquatiques et prévention des inondations, « la création de la laverie solidaire était une décision indispensable à la protection de nos cours d’eau, et donc de notre ressource en eau ». Elle explique que « le lavage en rivière n’est plus acceptable, il pollue nos cours d’eaux, nos rivières et leurs abords, ça peut être aussi très dangereux pour la santé : aussi bien pour celle des femmes qui lavent leur linge que celle des enfants qui se baignent, ou encore de tous les habitants de Mayotte. Notre ressource en eau est un enjeu primordial pour Mayotte, c’est l’avenir de notre île, c’est pourquoi la création de notre laverie solidaire nous a semblé essentielle ».
Un enjeu environnemental donc, mais aussi une visée sociétale et solidaire. La laverie, si elle s’adresse à tout le monde et verra ses services rendus accessibles au grand public, cible tout particulièrement les publics les plus précaires : « solidaire, pour que le plus grand nombre de personnes en situation de grande précarité puisse y accéder » développe Mme Mahamoudou.
Des locaux qui se décomposent en deux machines d’une capacité de 8 kilos et une machine de 14 kilos, et dont les prix défient toute concurrence : un lavage de 8 kilos revient à un euro, et un lavage de 14 kilos revient à 1,50 euros, comprenant vingt minutes de séchage. Pour le moment, le local est accessible du lundi au samedi, de 7h à 12h.
Au total, le projet aura nécessité un financement de 175 000 euros, réparti entre l’État ( à hauteur de 60%), l’ARS ( 20%) et les fonds propres de la Cadema pour le reste. Et ce n’est là qu’un premier pas, la Cadema poussant ses ambitions plus loin : d’autres laveries solidaires devraient bientôt voir le jour, avec 4 projets similaires prévus d’ici 2022 sur le territoire de la Communauté d’agglomération, et cinq autres à l’horizon 2023. D’ici un peu moins de deux ans donc, le territoire de la Cadema comprendra une dizaine de laveries solidaires. Mais quant à savoir si cela suffira à empêcher les lavages en rivière, c’est une autre histoire…
Si c’est en grande pompe que l’on inaugurait hier la laverie solidaire de Dembéni, il en est une, plus discrète, qui continue de fonctionner depuis son ouverture en 2019. La laverie solidaire de Yeswecannette, située à Mtsapere dans les locaux de l’association. Une initiative au service de l’amélioration des cours d’eau, entendant s’associer au retrait des personnes lavant leur linge en rivière. Un fonctionnement qui va de pair avec les volontaires en service civique qui prennent contact auprès des personnes lavant dans les rivières, et les convainquent de changer leurs habitudes. Grâce à des subventions de l’ARS, la laverie offre au public trois machines semi-professionnelles ainsi qu’un sèche-linge, accessibles au plus grand nombre mais tout particulièrement aux publics précaires. Bien que l’association Yeswecannette ait dû fermer son autre local anciennement situé à Dagoni en Petite-Terre, celle-ci n’a pas vocation « à être hégémonique » et ouvrir d’autres locaux similaires, comme nous l’explique le directeur de l’association. Néanmoins, la Cadema s’est approchée de l’association pour lui demander d’assurer l’exploitation de sa future laverie solidaire de Kawéni. Et vu l’expérience et l’engagement environnemental de l’association, nul doute que celle-ci sera entre de bonnes mains. |
Par Mathieu Janvier pour France Mayotte Matin