Gérald Darmanin a confirmé jeudi soir l'opération « Wuambushu » contre la délinquance et l'immigration illégale à Mayotte, déjà largement ébruitée dans les médias depuis plusieurs semaines, mais sans donner de date de lancement, dans un entretien mis en ligne sur le site du Figaro.
C'est la première fois que le ministre de l'Intérieur et des Outre-mer s'exprime publiquement sur le sujet depuis les révélations du Canard enchaîné en février. Gérald Darmanin a confirmé l'envoi ces derniers jours sur l'archipel de « quatre escadrons de gendarmes mobiles, des policiers de la CRS-8, spécialistes de la lutte contre les violences urbaines, au total 510 membres des forces de l'ordre ».
Mais il ne se prononce pas sur une date de début d'engagement de ces forces dans l'archipel, situé à mi-chemin entre Madagascar et l'Afrique, sujet à une forte immigration en provenance notamment des Comores voisines. « Les opérations d'ordre publique à Mayotte, c'est tous les jours », balaye-t-il. Côté justice, « six magistrats et sept greffiers, ainsi que quinze agents de la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) », ont été dépêchés.
Baptisée « Wuambushu », qui peut vouloir dire en mahorais « reprise » comme « poil à gratter », l'opération a été validée par Emmanuel Macron en conseil de défense et devrait débuter la semaine prochaine, selon une source proche du dossier. Elle devrait durer au moins deux mois, selon les informations obtenues par l'AFP de source proche. Elle est localement soutenue par de nombreux élus, y compris les conseillers départementaux et les députés.
Grâce à ces renforts, « nous allons redoubler d'activité » contre la délinquance locale, indique le ministre. Au total, « une quarantaine de bandes criminelles organisées » ont été recensées à Mayotte, dit-il. L'objectif est également d'expulser les migrants illégaux, majoritairement originaires de l'archipel voisin des Comores, installés dans des quartiers particulièrement insalubres, appelés « bangas ».
« Nous prendrons le temps nécessaire » pour la destruction de ces habitats, « toujours sur autorisation du juge, car il va de soi que nous relogeons les personnes conformément au droit », a assuré Gérald Darmanin. Plusieurs associations, dont la Ligue des droits de l'Homme (LDH), se sont inquiétées dans un communiqué commun que « la France place ainsi des mineurs dans des situations de vulnérabilité et de danger intolérables ».
Le président comorien, Azali Assoumani a de son côté déclaré à l'AFP espérer « que l'opération sera annulée », reconnaissant « n'avoir pas les moyens de (la) stopper par la force ». D'intenses tractations ont eu lieu ces dernières semaines entre Moroni et Paris, laissant planer la possibilité d'un accord de dernière minute.
Tous nos derniers sujets sur l'opération « Wuambushu » ici
Avec AFP