Le préfet de Mayotte et le président du Conseil départemental se rencontraient hier sous l’oeil des caméras pour la signature d’une convention portant à constituer le groupement d’intérêt public que les deux institutions entendent mener de front. Un article de notre partenaire France Mayotte Matin.
Un GIP qui permettra une gestion commune des fonds européens et à terme, de préparer le Conseil départemental à recevoir cette autorité de gestion jusque-là détenue par l’État. C’est au détour d’un petit bureau du Conseil départemental que le représentant de l’État à Mayotte et le président du Conseil départemental signaient hier la convention au terme de laquelle sera constituée un groupement d’intérêt public ayant pour ambition de gérer conjointement les fonds européens du programme finissant (2014-2020) mais également ceux du programme 2021-2027, lequel a notamment doublé sa valeur sur le FEDER et le FSE. « Donc ce GIP, c’est une façon de se mettre en équipe, de jouer comme des partenaires pour mettre toutes les chances de notre côté, c’est à dire du côté du territoire mahorais pour faire en sorte que ces crédits puissent être gérés avec efficacité, compétence, agilité, et que pas un euro ne soit perdu, que tout soit engagé au bénéfice de Mayotte. » déclarait Jean-François Colombet. Telle est la genèse de cette structure commune aux deux entités.
De l’intérêt d’une synergie
Et ce pour « mieux préparer le Conseil départemental à ce qui arrivera de façon inéluctable à la fin du programme : le transfert de l’autorité de gestion au conseil départemental comme ça s’est passé dans les mêmes conditions en métropole, au bénéfice des conseils régionaux. » continuait le Préfet. Un groupement d’intérêt public fraîchement constitué qui aura une durée de vie limitée (10 ans) et permettra de gérer l’ensemble des fonds conjointement avant même que l’autorité de gestion des fonds européens ne soit transférée au Conseil départemental. Une façon d’institutionnaliser le travail commun déjà mis en œuvre, expliquait JFC. « On faisait déjà beaucoup de choses ensemble. Le préfet a autorité de gestion, il peut programmer tout seul, il peut faire tout un tas de choses tout seul, mais ça n’a pas d’intérêt. ».
Et plus concrètement ?
Le groupement d’intérêts publics aura son siège au Conseil départemental : « Symboliquement nous y avons tenu » déclarait la préfecture. Il sera présidé les trois premières années d’exercice durant par le préfet, puis remplacé par le président du Conseil départemental. En termes d’effectifs, la structure comptera une cinquantaine d’agents au total, dont une trentaine mis à disposition par le Conseil départemental et les services de l’État, lesquels étaient déjà attelés à la tâche de l’instruction des dossiers. Une vingtaine d’autres seront recrutés spécialement, car « le GIP est une formule souple qui permet de recruter la compétence » selon les mots du Préfet Colombet. Le tout pour un budget annuel estimé à 6 millions d’euros, en grande partie financée par l’assistance technique de l’Union Européenne, le reste par ses deux membres à part égale.
Le GIP dispose déjà d’un préfigurateur, un jeune cadre mahorais basé dans l'Hexagone qui rejoindra sa terre natale rapidement. Et le rôle de la structure sera d’importance, car les fonds européens représentent des sommes folles : plusieurs centaines de millions d’euros à instruire.
Une initiative historique ?
« Voilà en gros ce que nous faisons ici aujourd’hui, concluait le préfet. Je pense que c’est historique, parce que nous aurions pu rester dans le schéma de l’autorité de gestion telle qu’elle se produit depuis 2014, c’est à dire l’État qui se fait autorité de gestion. Le pas que nous faisons en direction du Conseil départemental, je pense que c’est un pas historique, et on se rendra compte très vite de l’efficacité de ce que nous proposons ensemble avec le président pour qu’il y ait vraiment ce front uni pour faire avancer les dossiers européens ». Une efficacité qu’il s’agira désormais de constater, puisque les échéances seront rapides...
Mathieu Janvier