Les radios associatives de Mayotte poussent un « coup de gueule »

Les radios associatives de Mayotte poussent un « coup de gueule »

Elles sont 16 à Mayotte réparties au cœur des communes. Leurs missions: faire animer localement la vie des citoyens, transmettre de l’information, sensibiliser. Leur rôle est essentiel au cœur de la cité. Leurs difficultés quotidiennes sont importantes à tel point que leur nombre se réduit d’année en année, elles étaient 20 il y a 4 ans. Aujourd’hui elles en ont marre et adressent un courrier au Préfet. Un article de notre partenaire France Mayotte Matin.

Elles s’appellent Radio Parole, Radio Maescha Educative, Radio Ntsika, Radio Serie One, Radio Chimen Gomen, Radio La Voix Musulmane, Radio Mawoua, Radio Culturelle Mahoraise, Chiconi FM, Radio Mayotte Fm, Anteou FM, Radio A3M, Radio RMV, Radio Dziani, Radio Carrefour et Radio Fassiny Albani. Elles sont d’Acoua, de Bandradoua, de Sada, de Petite Terre, de Mtsangadoua, de Bandrelé. Elles disposent de la possibilité d’émettre des programmes suite à un créneau attribué par le CTA, la représentation du CSA (Conseil Supérieur de l’Audiovisuel) à Mayotte et à La Réunion.

C’est par un courrier adressé par leur fédération que les 16 radios associatives de Mayotte ont formulé un large appel entre demande d’aide et expression d’un malaise : en cause leurs difficultés à exercer leurs missions faute de moyens financiers.
Parmi leurs obligations au titre du créneau qui leur a été octroyé : tenir 4 heures d’antenne tous les jours. Pour y parvenir, elles ont des besoins financiers : loyers, matériel, électricité. Les besoins pour animer et assurer la technique sont aussi à prendre en compte, si une partie des besoins en ressources humaines est bénévole, un travail avec la DJSCS a été initié pour permettre le recours à des services civiques. Le problème c’est que le dossier n’a jamais abouti, les conseillers s’en allant sans transmettre toutes les informations. La fédération des radios associatives de Mayotte (FRAM) compte réinitier le dossier mais déplore le temps perdu.

La fédération va aussi poursuivre ses négociations avec le CTA de manière à alléger un certain nombre des contraintes qui pèsent sur les radios associatives. Elles doivent en effet disposer de trésorerie pour financer notamment un expert-comptable pour certifier les comptes qui sont rendus à l’institution, elles sont nombreuses à avoir des difficultés à financer cette dépense étant entendu que le premier bilan certifié est à déposer avec la demande d’octroi de créneaux. Des négociations étaient en cours pour faciliter ou alléger les démarches de démarrage au travers de facilité de caisse ou encore d’un contrat d’expertise comptable financé auprès de la FRAM pour le compte des radios associatives. Le Covid a malheureusement interrompu les réflexions.

Les radios associatives vivent essentiellement de subventions ; leurs ressources publicitaires sont limitées à 20% de leur chiffre d’affaires, la principale c’est le FSR, le fonds de soutien radiophonique, elles ne sont que 6 sur 16 à pouvoir en bénéficier. La fédération questionne : pourquoi ? Dans les autres régions de France, la plupart des radios de catégorie émarge sur ces enveloppes.

Autre question soulevée par la FRAM pourquoi alors qu’il a été mis en place à Mayotte en 2015 aucune des radios associatives n’a pu encore bénéficier du fonds de soutien pour les médias mahorais ? C’est la DAC de Mayotte qui instruirait les dossiers. Concernant la campagne de 2020, l’instruction des demandes est en cours depuis avril mais toujours pas de réponses.

Enfin, la FRAM se demande pourquoi aucune des radios associatives de Mayotte n’est jamais retenue pour un appel à projet de la DJSCS, de la DAC ou d’autres partenaires institutionnels alors même que les structures associatives y sont éligibles ?

Autant de questions importantes soumises aux autorités au moment où les radios associatives jouent pleinement leur rôle pendant la crise sanitaire : elles relaient les messages de sensibilisation et de prévention auprès de la population dans les 3 langues parlées à Mayotte : français, shimaoré et kibushi. Ce relais de messages se fait par ailleurs sans rémunération par les radios associatives.

Anne Constance Onghéna pour France Mayotte Matin