Le gouvernement dévoile les contours d'un dispositif technologique massif pour durcir la chasse aux immigrés à Mayotte, suscitant des inquiétudes quant à une militarisation croissante des frontières maritimes. Un sujet de notre partenaire France Mayotte Matin. 

Le projet de « rideau de fer maritime » à Mayotte, annoncé par le ministre de l'Intérieur des Outre-mer Gérald Darmanin, se précise avec la publication de 11 demandes d'information par le sous-préfet chargé de la lutte contre l'immigration clandestine. Ces demandes, destinées aux industriels, révèlent les contours d'un investissement technologique massif visant à renforcer la surveillance des frontières maritimes pour empêcher l'immigration en provenance des autres îles comoriennes.

Le plan comprend la mise en place de dispositifs de haute technologie tels que des balises de géo-positionnement, des caméras dotées d'intelligence artificielle et la création d'un centre de contrôle dédié à la surveillance maritime. Ces mesures visent d’une certaine manière à militariser la lutte contre l’immigration clandestine, avec une coordination entre la préfecture et l'armée pour renforcer les contrôles.

Ce projet de rideau de fer va s’inscrire dans le prolongement de l'opération Shikandra lancée en 2018, qui avait déjà renforcé la coopération entre l'armée et les autorités locales pour lutter contre l'immigration. Les nouvelles demandes d'information confirment la volonté du gouvernement de militariser davantage la gestion de l'immigration à Mayotte, faisant de l'île un laboratoire technologique. Les tensions migratoires sont telles dans l’Hexagone que cette « épreuve modèle » est prise très au sérieux par les autorités.

Cette escalade dans la lutte contre l’immigration clandestine s'inscrit dans un contexte mondial où de nombreux pays renforcent leurs frontières et développent des technologies toujours plus sophistiquées pour contrôler les flux migratoires à l’instar de la Grande Bretagne.

Anne-Constance Onghéna pour France Mayotte Matin