C’est le 6 octobre dernier que la 11ème édition du festival Torino Underground Cinefest s’est achevée en Italie. À cette occasion, la Réunionnaise Aurélia Mengin, reconnue comme l'une des figures du renouveau du cinéma fantastique français, a remporté le Prix de la Mise en Scène pour son film Scarlet Blue. Fondatrice du festival Même pas peur et première Réunionnaise à avoir réalisé un long métrage de fiction pour le cinéma, la réalisatrice est donc aujourd’hui, à nouveau mise à l’honneur par ses pairs.
« Je dédie ce Prix de la Mise en Scène à mon papa, Vincent Mengin-Lecreulx, avec qui j'aurais tant aimé partager ce moment. Je le partage également avec mon casting, mon chef opérateur, mon steadicamer, et toute mon équipe de post-production, qui m'a accompagnée pendant de longs mois. Ce prix est aussi pour toutes celles et ceux qui croient en mon travail et me soutiennent depuis de nombreuses années ». À travers ces mots, Aurélia Mengin revient sur la récompense obtenue pour son deuxième long métrage, Scarlet Blue.
Le film, projeté le 26 septembre lors de la cérémonie d'ouverture du Torino Underground Cinefest, a impressionné par sa mise en scène hypnotique et audacieuse. Ce festival, dédié au cinéma indépendant et expérimental, attire chaque année des centaines de films du monde entier. Le Prix de la Mise en Scène est donc une reconnaissance importante du travail de la cinéaste réunionnaise. « Je remercie chaleureusement le directeur général du festival, Mauro Russo, ainsi que son co-directeur Alessandro Amato, pour leur coup de cœur pour Scarlet Blue. Merci également à Geoffrey Félix, directeur de l'Alliance Française de Turin, d’avoir organisé notre voyage en Italie », a-t-elle ajouté.
Scarlet Blue : une plongée dans les méandres de la psyché
Scarlet Blue raconte l’histoire d’Alter, une femme aux prises avec des pertes de mémoire et des épisodes schizophréniques, qui suit un traitement par hypnose sous la supervision du thérapeute Léandro Lecreulx. Ce processus la conduit à explorer les zones les plus sombres de son passé, dévoilant des secrets familiaux enfouis. Le film, mêlant drame psychologique et fantastique, se distingue par une esthétique particulièrement soignée.
« Si Fornacis avait déjà impressionné visuellement, Scarlet Blue franchit un nouveau palier avec une photographie époustouflante et un jeu sur les couleurs, notamment le rouge et le bleu, d'une richesse incroyable », peut-on lire sur Horreur.com, site spécialisé dans le cinéma fantastique et horrifique, qui suit depuis des années le travail de la réalisatrice. « L’univers visuel d’Aurélia Mengin rappelle celui de Mario Bava, en termes d’inventivité et d’attention aux détails dans les couleurs et les ambiances. Un tel niveau artistique est rare, et Scarlet Blue émerveillera sans aucun doute les spectateurs. Le travail sonore est également un point fort : il est impératif de découvrir Scarlet Blue avec un bon système de sonorisation, voire même au casque, pour apprécier toutes les subtilités sonores présentes tout au long du film », poursuit Stéphane Erbisti, l’un des membres fondateurs du site.
La critique italienne n’a pas manqué de saluer l’originalité de la mise en scène, où chaque mouvement de caméra et chaque plan sont pensés pour susciter une réaction émotionnelle chez le spectateur. « Le prix de la mise en scène revient à Aurélia Mengin pour le film SCARLET BLUE (France – La Réunion) pour la sensibilité avec laquelle elle a filmé ses personnages et leurs actions, parvenant à communiquer par des choix de cadrages audacieux et des mouvements de caméra dynamiques, l'angoisse nécessaire pour laisser le spectateur entrer dans le monde surréaliste et artificiel qu'Aurélia Mengin a construit », écrivait le 7 octobre dernier le journal Quotidiano Piemontese. « La recherche esthétique et l'expérimentation du langage enrichissent l'aspect visuel de Scarlet Blue, dont les couleurs vives nous capturent et nous entraînent dans une expérience hypnotique ».
Un regard unique sur le cinéma de genre
Aurélia Mengin n’en est pas à son premier coup d’essai dans le cinéma fantastique. Avant Scarlet Blue, elle avait déjà réalisé plusieurs courts-métrages entre 2011 et 2015. Son premier long métrage, Fornacis, sorti en 2018, avait, lui, été sélectionné dans plusieurs festivals internationaux prestigieux. Cette nouvelle distinction renforce donc le statut de la réalisatrice comme ‘figure incontournable du cinéma fantastique français’. Mais avec cette nouvelle distinction, de nouvelles portes pourraient s’ouvrir. Le Torino Underground Cinefest n'est, en effet, pas un festival comme les autres. En plus d’être une plateforme pour les cinéastes indépendants, il est un lieu de découverte et de célébration des œuvres les plus innovantes.
Avec plus de 100 films projetés sur dix jours, le festival attire aussi bien des professionnels que des amateurs de cinéma curieux de découvrir des films originaux. Le Prix de la Mise en Scène est l'une des distinctions les plus convoitées, récompensant les réalisateurs pour leur vision artistique et leur maîtrise technique. En recevant ce prix, voilà donc Aurélia Mengin désormais bien lancée dans le cinéma indépendant international.
Abby Saïd Adinani
