Distinguée par l’Institut Choiseul comme faisant partie du Top 40 des jeunes dirigeants qui façonnent le futur des économies ultramarines, Haïria Ibrahim est la fondatrice de Baobab Partners Global Advisory, un cabinet de conseil en stratégie, ingénierie financière et patrimoniale. La Mahoraise, qui se fait un nom dans l’écosystème économique de l’océan Indien, s’est donnée une mission simple : accompagner les acteurs publics et privés du grand océan Indien dans la réussite de leurs projets. Juriste de formation, la Mahoraise ne compte pas s’arrêter là.
Début décembre, Haïria Ibrahim se préparait à se rendre à Mayotte pour suivre le dossier Zena Airlines, le projet de création de compagnie aérienne mahoraise qu’elle accompagne depuis plusieurs années. « C’est une réponse locale à des enjeux globaux », explique-t-elle. « Mayotte est trop souvent oubliée dans les stratégies de connectivité régionale et internationale. Nous avons besoin de désenclaver notre territoire et de le connecter au reste du monde. Zena Airlines est notre réponse. »
La jeune femme ne restera que quelques jours sur le territoire. Elle ne vivra pas directement le passage du cyclone Chido, à la différence de ses nombreux partenaires et porteurs de projets présents sur place ce samedi 14 décembre. « Depuis, nous apportons un soutien significatif aux pêcheurs, par exemple, qui sont particulièrement fragilisés. Nous facilitons le montage de leurs dossiers pour les demandes de subventions et les accompagnons dans toutes les démarches administratives, y compris les réclamations auprès des assureurs. Plus globalement, nous participons activement à l'élaboration de stratégies pour renforcer la résilience et la durabilité de la pêche, essentielles pour faire face aux défis environnementaux et économiques. » Haïria Ibrahim se rendra à Mayotte en avril pour suivre l’évolution de la situation des porteurs de projets qu’elle accompagne mais aussi pour suivre l’évolution de certains dossiers.
Un cabinet enraciné dans l’océan Indien
Fondé en 2022 par Haïria Ibrahim, Baobab Partners Global Advisory se positionne comme un acteur clé de l’accompagnement de projets à fort impact dans l’océan Indien. Né d’une conviction forte, ce cabinet s’inscrit dans une démarche de valorisation des territoires en connectant des idées locales à des capitaux internationaux. Un engagement récompensé aujourd’hui, puisque la jeune femme a été distinguée par l’Institut Choiseul, qui a dévoilé il y a quelques jours son Top 40 Outre-mer, un palmarès inédit mettant en avant les jeunes talents économiques ultramarins engagés dans le dynamisme économique et social de leurs régions. « C’est un honneur et une fierté », a réagi Haïria Ibrahim. « Ça met en valeur mon territoire et cela permet de mettre en lumière certaines initiatives, et tant mieux. Je suis doublement heureuse, car dans la liste figurent aussi des porteurs de projets avec qui je travaille. Cela signifie que nous sommes sur la bonne voie. »
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Depuis sa création, Baobab Partners a accompagné une diversité de projets illustrant son engagement en faveur du développement durable et de la modernisation de Mayotte et de la région. « Mon objectif est simple : faire le pont entre les besoins immenses de notre région et les ressources financières et techniques disponibles ailleurs dans le monde. L’océan Indien est une terre d’opportunités, et nous avons la capacité de répondre à ces enjeux. »
Dans le domaine de la santé, Baobab Partners accompagne trois projets majeurs, dont un particulièrement avancé. « Le premier projet consiste à développer un centre médical pluridisciplinaire moderne, en collaboration avec des bailleurs de fonds locaux et internationaux. » Un autre projet en cours vise à améliorer l’accès aux soins dans les zones rurales. « Nous travaillons sur un modèle de soins mobiles qui permettra de couvrir les zones isolées en apportant des consultations médicales directement aux populations n’ayant pas les moyens de se déplacer. Je ne peux pas en dire plus pour le moment. »
Le secteur du tourisme est également une priorité pour le cabinet. « Il ne suffit pas de parler de tourisme, il faut développer des infrastructures adaptées : logements touristiques, hôtels écologiques et logements sociaux pour les employés du secteur », explique la jeune femme. Dans cette optique, Baobab Partners collabore avec des promoteurs immobiliers pour répondre à ces besoins, tout en adoptant une approche respectueuse de l’environnement et du tissu local. « Nous sommes convaincus que le changement ne viendra pas uniquement de l’extérieur. Les solutions locales, portées par des acteurs locaux, auront le plus grand impact à long terme. »
La consultante soutient aussi Esseyi, une plateforme numérique qui lutte contre la fuite des cerveaux en Afrique en facilitant l’accès à des établissements locaux d’excellence. « Nous voulons montrer qu’il est possible de se former et de réussir en Afrique. Esseyi ne se contente pas de mettre en relation étudiants et universités : elle accompagne aussi les jeunes dans leur recherche de financement et leur insertion professionnelle. »
Une marathonienne dans l’âme
Quand elle ne soutient pas des projets d’envergure, Haïria Ibrahim court. Littéralement. Six fois finisher du Marathon de Paris, elle a fait de cette discipline un véritable pilier de sa vie. « Courir un marathon, c’est l’école de la vie. Cela m’a appris à décomposer les objectifs en étapes, à accepter les moments de doute et à toujours avancer, peu importe le rythme. » La jeune femme participe également régulièrement à de nombreux semi-marathons, notamment Paris-Versailles et les 20 km de Paris. « La première fois que j’ai couru, j’étais au bout de mes forces après 30 kilomètres. Ce jour-là, un autre coureur, un inconnu, m’a dit : ‘Oublie le chrono, vise seulement la ligne d’arrivée !’ Et c’est ce que je fais ! À chaque fois ! Et c’est ça qui est beau avec le marathon. Nous sommes parfois des milliers sur la ligne de départ. Nous ne nous connaissons pas. Nous sommes seuls. Mais à un moment, dans la difficulté, nous nous soutenons avec cet objectif commun : franchir la ligne d’arrivée. Ces mots me suivent dans tout ce que j’entreprends aujourd’hui. »
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Forte de ces expériences, la marathonienne rêve de participer au Marathon de New York, mais aussi au mythique Marathon des Sables, une course de 250 kilomètres dans le désert marocain. « Je n’y crois plus, tellement les places sont limitées, mais je continuerai d’essayer. Ce serait le test ultime de résilience et de dépassement de soi… Encore faut-il réussir à s’inscrire ! » En attendant, la jeune femme participe à toutes les courses qu’elle peut, trouvant dans chaque événement une source d’inspiration renouvelée. « Chaque course est une nouvelle leçon : la discipline, la résilience, mais aussi la gratitude envers ceux qui nous soutiennent sur le chemin. » Une passion pour les marathons qui trouve peut-être son origine dans son parcours, initié à 9 ans après la lecture du livre Les Hommes qui marchent de Malika Mokeddem. « Ce livre m’a donné l’élan pour rêver plus grand, pour imaginer une vie où je pourrais être connectée au monde tout en restant profondément ancrée dans mes origines. Il a dessiné le premier pas de ma vision : il fallait que je quitte mon île pour l’Europe, non pas pour m’en éloigner, mais pour acquérir des outils, des connaissances et une expérience qui me permettraient de revenir et de contribuer au développement de Mayotte. »
Le premier marathon de sa vie ? La réussite scolaire. « Pendant que je préparais mes diplômes, je travaillais comme serveuse, hôtesse, pour financer mes études. Ces expériences m’ont appris l’humilité, mais aussi la valeur de chaque étape vers mon objectif. » Diplômée en droit, sciences politiques et finance, elle a perfectionné ses compétences dans des écoles de renom comme l’ESCP Europe. Forte de ce cursus solide, elle a commencé sa vie professionnelle en tant que salariée dans de grands groupes avant de se lancer, en 2022, dans le consulting.
La prochaine étape pour Haïria Ibrahim ? Ouvrir des antennes de Baobab Partners Global Advisory à Mayotte et ailleurs, développer de nouveaux projets dans la santé et le tourisme, et, qui sait ? Franchir enfin la ligne d’arrivée du Marathon des Sables.
Abby Said Adinani