C’est au salon Vivatech 2024 que nous avons rencontré Benoît Dumortier, co-fondateur de l’entreprise GreenSkin. Au grand rendez-vous de l’innovation qui s’est clôturé le 25 mai dernier, il a présenté ses parois végétales, à bilan carbone positif, capables de couvrir murs, toits et façades. Pour Benoît Dumortier et Stéphane Boudrandi, les deux hommes à l’origine de GreenSkin, une architecture verte, durable et inclusive est possible. C’est ce qu’ils sont en train de démontrer avec le lancement de leur plateforme de production dans l’Hexagone, confiée à l’Établissement et service d'accompagnement par le travail (ESAT) du Boulonnais.
Légères et faciles à installer grâce à l'absence de terre, les parois végétales développées par la société GreenSkin jouent le rôle de “seconde peau” protectrice pour le bâti. La particularité de ces murs ? Un système de végétalisation qui permet de faire baisser la température ressentie de 7 à 10 degrés, à l'intérieur, en période de fortes chaleurs ; une faible consommation énergétique ; une meilleure longévité et un système connecté qui permet d’optimiser l’irrigation et de limiter l’entretien à un ou deux passages annuels, grâce à une sélection de végétaux à croissance lente.
« L’efficacité du procédé a été démontrée », indique le co-fondateur de l’entreprise Benoît Dumortier. « L’avantage aujourd’hui, c’est que nous sommes assimilés à un isolant thermique. Les subventions qui pourraient permettre d'envisager ces solutions pour les bâtiments publics et les collectivités sont conséquentes. Cela va faciliter le déploiement et la démocratisation de cette solution. »
L’innovation au service de l’inclusion sociale
Désormais, GreenSkin vise le marché national mais également international. Cette démarche se fait étape par étape pour la société. Un premier cap a été franchi le 21 mai dernier avec l’inauguration de sa première plateforme de production nationale. Dans cette lancée, les fondateurs de la société font le pari de l'inclusion sociale et ont souhaité s’associer à des acteurs engagés. C’est la raison pour laquelle ils ont confié la fabrication de leurs parois végétales à l’ESAT du Boulonnais, une structure dédiée à l'insertion professionnelle des personnes en situation de handicap.
« Nous faisons de la recherche et du développement relative à la transition écologique, donc tout ce qui peut apporter des bénéfices en termes de maîtrise de l'énergie et production d’énergie, mais la vision qui est la nôtre comprend un large volet inclusif », explique Benoît Dumortier, co-fondateur de GreenSkin. L’Établissement et Service d'Aide par le Travail (ESAT) du Boulonnais permet à près de 240 personnes en situation de handicap d'exercer une activité professionnelle tout en bénéficiant d'un soutien médico-social et éducatif.
« Les parois végétales de démonstration présentes à VivaTech sont d’ailleurs les premières réalisées par les travailleurs de cet ESAT. Le but, c’est qu’une fois que les modules sont mis en culture, de les donner à des installateurs RGE, donc reconnus garants de l'environnement, qui finaliseront le processus. Participer à VivaTech, c’était aussi démontrer que nous étions prêts pour le marché national. » L'entreprise envisage de déployer son projet en collaborant avec les 1 450 ESAT répartis sur tout le territoire. Cette approche renforce l’engagement de la structure pour une innovation socialement responsable.
Des matériaux pour tous types de besoins
Si cela fait plus près de 15 ans que l’acteur réunionnais existe sur le département ultramarin, le déploiement dans l’Hexagone commence doucement. « Nous nous attendions à commencer par le Sud, mais c’est au Nord que les opportunités se sont présentées. Notre première plateforme de production dans l’Hexagone est située à Boulogne-sur-Mer.» La situation pourrait très vite changer. Des pays de l’Europe, à l’instar de l’Espagne, se sont montrés très intéressés par les technologies proposées par GreenSkin, lors du Salon VivaTech.
« Pour la végétalisation, notre brevet ne concerne pour le moment que 81 pays. Nous priorisons les partenaires venant de ces pays même si nous allons rapidement breveter partout », prévient Benoît Dumortier. D’autres technologies sont en train d’être développées. « On vient de mettre au point un système photovoltaïque qui va venir se coupler au végétal et qui va bénéficier en fait de la fraîcheur des plantes pour être hyper productif. En effet, quand un panneau solaire chauffe, il a tendance à perdre de la puissance. Nous allons pouvoir remédier à cela et en plus avec les panneaux, nous allons pouvoir protéger le végétal, ce qui va occasionner un besoin en termes d'irrigation moindre. »
Concernant les gammes et les végétaux utilisés, il y en a pour tous types d’habitations et pour différents types de climats. « Nous nous adaptons à chaque région. À La Réunion, nous utilisons beaucoup de plantes endémiques. L'idée, c’est de rendre accessible la végétalisation à tous. D’ailleurs, d’ici la fin du mois de juin, nous allons mettre en place une marketplace pour permettre aux particuliers de commander des modules déjà végétalisés. Ils pourront acheter en ligne et ce sera livré directement chez eux. Ils pourront faire de l’auto-installation. » GreenSkin promeut une installation facile mais également des matériaux solides et durables. « Ce sont des produits qui sont destinés à tenir minimum 35 ans », conclut son co-fondateur.
Charles Baudry et Abby Said Adinani