Handicap : à Mayotte, une reconnaissance administrative et une insertion professionnelle plus difficiles qu’ailleurs, selon l’Insee

Handicap : à Mayotte, une reconnaissance administrative et une insertion professionnelle plus difficiles qu’ailleurs, selon l’Insee

En 2021, à Mayotte, seulement 1% des personnes de 15 ans et plus, soit environ 2200 individus, indiquaient avoir une reconnaissance administrative de leur handicap. Actuellement, 0,4% des adultes âgés de 20 à 59 ans bénéficient de l’allocation aux adultes handicapés, contre 3,3% dans l’Hexagone. Par ailleurs, dans une situation de l’emploi déjà sous tension, il est encore plus difficile pour les personnes en situation de handicap de pouvoir travailler dans l’archipel.

 

En 2021, à Mayotte, quelque 22.000 personnes de 15 ans ou plus (soit 13% de cette tranche d’âge) étaient en situation de handicap, « au sens où elles sont sévèrement limitées ou fortement restreintes dans leur vie quotidienne », selon l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). Les femmes sont plus souvent en situation de handicap dans l’archipel : 15% contre 11% des hommes, et leurs limitations physiques sont en lien avec une obésité deux fois plus fréquente.

« Le handicap augmente fortement avec l’âge, à Mayotte comme ailleurs en France. Ainsi, 9% des personnes de 15 à 44 ans vivant à Mayotte sont en situation de handicap, soit 11.000 personnes. Cette part monte à 17% entre 45 et 59 ans : à ces âges, 5000 personnes sont en situation de handicap à Mayotte. À partir de 60 ans, âge à partir duquel le handicap est plus fréquemment associé à la perte d’autonomie, ces parts atteignent 35% pour les personnes âgées de 60 à 74 ans (soit 4000 personnes) et 66% à partir de 75 ans (2000 personnes) », indique l’Insee.  

Comme d’autres inégalités, celles dues au handicap perdurent dans le 101e département. Seules 25% des personnes handicapées déclarent par exemple avoir recours à une aide, contre 58% dans l’Hexagone et 60% dans les autres départements et régions d’Outre-mer (Drom). « En particulier, les personnes les plus jeunes en bénéficient rarement : seules 15% des personnes en situation de handicap de moins de 60 ans reçoivent une aide, soit trois fois moins que dans l’Hexagone ou dans les autres Drom », précise l’Insee.  

 

Point positif, l’aide de l’entourage est plus importante à Mayotte qu’en France hexagonale. Cependant, les assistances techniques (prothèses, appareillages…), professionnelles (soins infirmiers, « densité quatre fois inférieure à celle dans l’Hexagone »), et les aménagements de logements sont bien moins fréquentes que dans les autres territoires au regard des besoins de la population. L’institut statistique souligne en outre que « de plus, les aides financières et d’accompagnement proposées aux personnes en situation de handicap à Mayotte sont plus restrictives qu’ailleurs, et restent méconnues d’une large partie de la population ».

  

Selon l’enquête Vie quotidienne et santé Mayotte en 2021, seulement 1% des personnes âgées de 15 ans ou plus déclaraient avoir une reconnaissance administrative de leur handicap, alors qu’elle est de 9% dans l’Hexagone et de 7% dans les autres Drom. Ainsi, début 2023, d’après la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH), « seules 1500 personnes détiennent une reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH), qui doit leur permettre de bénéficier de mesures favorisant leur insertion professionnelle, et 2300 personnes détiennent une carte mobilité inclusion pour faciliter leurs déplacements. Seules 700 personnes bénéficient de l’allocation aux adultes handicapés (AAH) à Mayotte : 0,4% des adultes âgés de 20 à 59 ans reçoivent cette allocation, contre 3,3% dans l’Hexagone », rapporte l’Insee. 

En ce qui concerne l’emploi, seul un quart des personnes handicapées de 15 à 64 ans en a un à Mayotte, contre un tiers pour le reste de la population dans cette tranche d’âge. Il faut dire que la loi a du mal à s’imposer dans l’archipel. « Toute entreprise d’au moins 20 salariés est dans l’obligation d’embaucher des personnes ayant une reconnaissance administrative de leur handicap à hauteur de 6% de son effectif, à Mayotte comme ailleurs en France. Néanmoins, à Mayotte, la fonction publique n’est soumise à cette obligation que depuis 2022. Dans le secteur privé, l’obligation s’élevait seulement à 2% jusqu’en 2018 et augmente progressivement jusqu’en 2022. (…) Cette obligation d’emploi est pour le moment peu respectée, à Mayotte encore moins qu’ailleurs. Ainsi, en 2021, seules 300 personnes sont embauchées à ce titre. Rapporté au nombre d’emplois des établissements d’au moins 20 salariés, cela représente moins de 1% des effectifs, contre 3,5% au niveau national en 2019 », déplore l’Insee.

 

PM