Des trombes d'eau s'abattaient dimanche sur Mayotte, provoquant des inondations, alors que la tempête tropicale Dikeledi commence à s'éloigner de l'archipel après avoir fait trois morts à Madagascar, moins d'un mois après les ravages de Chido dans l'océan Indien.
A 15h36 locales (13h36 à Paris), la tempête tropicale se trouvait à 160 km au sud de Mayotte, a indiqué Météo-France dans son dernier point de situation. Au plus près, Dikeledi est passé à environ 100 km au sud du territoire français tôt dimanche. « Il s'éloigne désormais (...) en poursuivant sa route vers l'Ouest-Sud-Ouest », précise Météo-France.
Sur l'archipel, pluie et vent se sont intensifiés dans la matinée. Météo-France avait mis en garde contre « de très fortes pluies pouvant générer des crues soudaines, des inondations et des glissements de terrain », ainsi que des « rafales pouvant atteindre 80 à 90 km/h ».
La chaîne Mayotte-La 1ère a diffusé des images du village de Mbouini (sud) « complètement inondé et dévasté ». A Hamouro (est), les ravines étaient en crue et à Ouangani (centre), des torrents d'eau déferlaient dans les rues. Des pluies tombantes « de manière torrentielle » étaient signalées à Pamandzi, dans le sud de l'île de Petite-Terre.
L'intensité du phénomène diminue désormais : « Le plus dur au niveau de la pluie est en train de baisser, on a encore du vent, avec de fortes rafales qui font chanter les tôles », témoigne Gilles Mounier, un habitant de Kawéni (nord) de 55 ans, joint par téléphone par l'AFP. « On a eu énormément d'eau et mon voisin du dessus n'a plus de toit, la bâche est partie avec le vent donc son appartement est inondé et ça coule chez moi », déplore le cadre informatique.
A Madagascar, touché par des pluies diluviennes, trois personnes ont trouvé la mort et au moins 920 personnes étaient sinistrées dans le nord de l'île. Après avoir atteint la côte nord-est de Madagascar samedi après-midi, le cyclone a commencé à s'affaiblir pour être rétrogradé au stade de forte tempête tropicale, avec des rafales de vent pouvant atteindre sur mer les 130 km/h en rafales, selon Météo-France.
La population de Mayotte qui compte 320 000 habitants est confinée depuis samedi soir 22h00 locales avec interdiction de se déplacer jusqu'à nouvel ordre, l'archipel étant placé sous alerte rouge cyclonique depuis samedi soir. La préfecture a rappelé dimanche matin sur X à la population de respecter ce confinement : « L'événement est en cours (...) Les quelques accalmies localisées ne sont que temporaires, le danger pour la population persiste ».
Durant toute la durée de l'alerte, toute circulation est interdite hormis pour les secours et les personnes autorisées. Mais sur les réseaux sociaux, de nombreuses vidéos circulent montrant des habitants braver l'interdit, alors que des torrents d'eau provoquent d'innombrables inondations à plusieurs endroits de l'île principale.
« Tenir »
Quatre vingts centres d'hébergement d'urgence (écoles, MJC, mosquées...), mis en place dans toutes les communes de l'archipel, accueillent quelque 14 500 personnes, selon la préfecture. Certaines communes ont dû abriter davantage de personnes par rapport à Chido, tout en ayant moins de centres ouverts. La population a été appelée à constituer des stocks d'eau et de nourriture pour « tenir le temps du cyclone », a exhorté la préfecture. Le trafic des barges a été mis à l'arrêt samedi à 19h locales, l'aéroport international Marcel-Henry dès 16h locales.
Après son transit au sud de Mayotte, Dikeledi « devrait s'intensifier lentement dans les prochaines 24 heures jusqu'au stade de cyclone tropical tout en se rapprochant des côtes mozambicaines avant d'incurver sa trajectoire vers le sud », indique Météo-France. Selon leurs prévisions actuelles, la tempête ne devrait pas toucher terre au Mozambique, « mais la région de Nampula devrait tout de même connaître des conditions très dégradées ».
À Mayotte, quelque 645 personnels de la Sécurité civile avaient été pré-positionnés dans des lieux stratégiques de l'archipel pour intervenir le plus rapidement possible à l'issue de l'alerte cyclonique. Chido a causé des dommages colossaux faisant au moins 39 morts et plus de 5 600 blessés, détruisant de très nombreuses habitations précaires et en dur du 101e département français.
Les cyclones se développent habituellement dans l'océan Indien et Pacifique sud de novembre à mars. Cette année, les eaux de surface sont proches de 30°C dans la zone, ce qui fournit plus d'énergie aux tempêtes, un phénomène de réchauffement climatique observé également cet automne dans l'Atlantique nord et le Pacifique.
Avec AFP