Démographie : A Mayotte, la consommation de riz comme donnée complémentaire au recensement

Démographie : A Mayotte, la consommation de riz comme donnée complémentaire au recensement

Les chiffres du recensement sur le département font l'objet d'âpres critiques de la part des autorités, de la Cour des comptes au Conseil départemental tous émettent un doute. Le Département a voté une motion cette semaine pour demander à l'Etat de reprendre le travail de recensement de notre département. Un sujet de notre partenaire France Mayotte Matin.

La méthode de calcul, quant à elle, est éprouvée et fonctionne dans l’Hexagone et dans les autres territoires d'Outre-mer; pour autant la configuration même de Mayotte où une grande partie de la population est issue de l'immigration clandestine, cherchant à fuir les contacts pour ne pas être identifié, pose la question du redressement à appliquer, étape propre à tous les calculs statistiques.

Bien consciente du problème, l’Insee océan Indien souligne la difficulté qui consiste à effectuer le recensement notamment dans les quartiers non urbanisés où les agents enquêteurs se sentent de plus en plus en difficulté et craignent pour leur sécurité. Loup Wolf, le directeur régional ouvre aujourd'hui la voie pour intégrer d'autres paramètres dans le calcul pour redresser les chiffres et faire évoluer à minima le process officiel.

C'est ainsi que les consommations du riz, d'huile, et d'autres produits de première nécessité pourraient donner une grille de lecture complémentaire sur le nombre de personnes présentes sur le territoire. Reste maintenant à identifier quoi et combien. S'agissant du riz, la moyenne de l'OCDE pour les pays africains pose la consommation à 31 kilos de riz par an et par personne quand elle est plus près de 80 kilos pour les pays d'origine asiatique. La consommation de riz aux Comores se situerait aux alentours de 70 kilos par personne et par an.

Quel doit donc être le chiffre retenu pour notre département ? Etant entendu qu’en Afrique, la disparité entre les consommations évolue fortement en fonction duPIB par habitant de chaque pays ; les pays les plus pauvres consomment plus de riz que les pays plus riches. Ainsi, 70 kilos de riz par personne consommés aux Comores avec un PIB par habitant à 1 550 euros en 2017 quand Mayotte à la même date se situe à 9 220 euros pose la question du niveau de consommation à retenir.

En tout état de cause, c'est une période passionnante qui s'ouvre pour notre département à la fois parce que l'Insee montre un signe d'ouverture pour redresser ses chiffres, et en même temps parce que ces périodes d'introspection pour essayer de mieux se connaître sont souvent riches d'enseignements d'un point de vue sociologique et d'un point de vue sociétal.

Anne Constance Onghéna pour France Mayotte Matin