Cyclone Chido : Emmanuel Macron quitte Mayotte après une réunion de crise sur l'archipel dévasté, où le bilan humain grimpe à 35 victimes

Cyclone Chido : Emmanuel Macron quitte Mayotte après une réunion de crise sur l'archipel dévasté, où le bilan humain grimpe à 35 victimes

« De l'eau, de l'eau ! ». Emmanuel Macron a quitté Mayotte vendredi après avoir constaté l'immensité des besoins sur l'archipel, où il a été confronté à la détresse d'habitants à la fois exaspérés et accablés par les dégâts du cyclone Chido. Selon le bilan humain officiel, encore très provisoire, 35 personnes ont été victimes du cyclone.

« Nous sommes une Nation » et « Mayotte et la France, jusqu'au bout », a écrit sur le réseau social X le chef de l'État en français et mahorais au moment de s'envoler vendredi midi en direction de Djibouti où il doit partager un repas de Noël avec les troupes militaires, après deux jours de visite dans le département le plus pauvre de France.

Avant de décoller, il a tenu en visioconférence une réunion de la cellule interministérielle de crise pour « transmettre au gouvernement et aux administrations les actions utiles à prendre », a indiqué l'Élysée. « On ne pourra pas régler les problèmes de fond de Mayotte si on ne règle pas le problème de l'immigration clandestine », a affirmé dans la matinée le président à des journalistes. A moyen terme, il entend augmenter, jusqu'à presque doubler, le nombre de reconduites à la frontière depuis ce territoire de l'océan Indien, qui était de 22 000 en 2023.

"Il y a l'urgence qu'on est en train de faire. Il va y avoir la stabilisation parce que pendant des mois, Mayotte ne vivra pas en situation normale", a-t-il déclaré à Mayotte la 1ère, au journal de Mayotte et Kwezi TV avant de s'envoler pour Djibouti et le traditionnel Noël avec les troupes déployées à l'étranger. Les écoles ne pourront pas toutes rouvrir à la rentrée du 13 janvier, a-t-il notamment averti. "Mais on veut pouvoir apporter une solution à toutes les familles" à cette date, a-t-il assuré, évoquant entre autres la scolarisation d'élèves à La Réunion, territoire français distant de 1.400 km.

L'approvisionnement en eau, problème le plus critique six jours après le passage du cyclone, sera en revanche rétabli dans les foyers, au moins de façon partielle, dès samedi, a-t-il ajouté.
Durant ses deux jours à Mayotte, le chef de l'Etat, confronté à la détresse d'habitants à la fois exaspérés et accablés par les dégâts du cyclone, a promis la mobilisation générale de la métropole et mis en garde contre la "division".
 

« Coupés du monde »

Ce vendredi, le chef de l'État s'est rendu à Tsingoni, commune enclavée de l'ouest de Grande-Terre, l'île principale de l'archipel. Loin de Mamoudzou, le chef-lieu, les secours, l'eau, l'électricité et la nourriture tardent à arriver. « On veut de l'eau, de l'eau », l'ont imploré plusieurs habitants.

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L'un d'eux, Badirou Abdou, raconte que des hélicoptères ont « largué (...) des bouteilles sur le terrain de foot ». « Heureusement on est une population sage qui ne se bouscule pas, mais ce n'est pas la meilleure manière de le faire », glisse-t-il. Il prévient : « Ici on est coupés du monde », il « y a des gens qui dorment dehors, par terre... Les maladies, ça va arriver ». C'était « la manière la plus rapide » pour que l'eau arrive, « mais on va faire mieux ces prochains jours », assure le président, précisant que la sécurité civile avait été déployée pour « déblayer » les routes.

« Déjà 80 tonnes d'alimentation et 50 tonnes d'eau ont été distribuées dans neuf communes hier », a abondé le ministre démissionnaire de l'Intérieur Bruno Retailleau sur X, assurant que « tout est mis en place pour permettre de distribuer 600 000 litres d'eau par jour », soit un peu moins de deux litres par personne, dans un territoire où il fait actuellement plus de 30 degrés. Beauvau assure que les huit autres communes recevront eau et nourriture ce vendredi. 

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Sur place, 30 magasins ont rouvert, soit deux fois plus qu’il y a deux jours, tandis que les poids lourds peuvent circuler pour les livrer. Côté électricité, 25% des foyers, soit 13 000 foyers sont alimentés et le ministère de l’Intérieur espère atteindre les 30 à 35% de foyers alimentés au 25 décembre. Bâches, tentes et modules anticycloniques et antisismiques continuent d’arriver sur l’archipel, afin de reloger les habitants ayant perdu leurs maisons et préparer la rentrée du 13 janvier.

35 victimes selon un dernier bilan

Durant sa déambulation, Emmanuel Macron s'est accroupi devant Moinecha Djindani, 70 ans, qui l'a béni en mahorais. « Il faut bien me regarder droit dans les yeux : je suis votre maman, j'ai un enfant plus âgé que vous », lui dit-elle en lui tapotant le crâne. « On se bat pour rétablir l'eau et on ne va rien lâcher », a promis le chef de l'État. « Je suis très contente », a acquiescé la septuagénaire dans un rire.

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Jeudi, lors d'une première journée parfois tendue sur ces îles ravagées le 14 décembre par le cyclone le plus violent depuis 90 ans, Emmanuel Macron avait pu constater l'étendue des dégâts et l'ampleur de la détresse, faisant face pendant de longues heures à l'impatience, la colère et le désespoir de Mahorais qui ont parfois tout perdu.

Selon des chiffres encore très provisoires, 35 morts et plus de 2 500 blessés ont été officiellement recensés. « Il est vraisemblable qu’il y ait beaucoup plus de victimes », a reconnu Emmanuel Macron, rappelant qu'une mission avait été diligentée pour établir un bilan exact. Environ un tiers de la population de Mayotte, soit plus de 100 000 habitants, notamment les personnes en situation irrégulière venant des Comores voisines, vivent dans des logements précaires.

Un gendarme de 50 ans envoyé en renfort à Mayotte est décédé vendredi des suites d'un malaise, a par ailleurs annoncé dans un communiqué le ministre démissionnaire de l'Intérieur Bruno Retailleau, expliquant qu'il a perdu connaissance alors qu'il menait une opération "de rétablissement des réseaux de communication".

La loi spéciale dans deux ans

« Mettre fin » aux bidonvilles et « supprimer » ces habitats « indignes » et « dangereux », c'est l'un des objectifs de la loi spéciale promise par le président pour « rebâtir » Mayotte. Le Premier ministre François Bayrou a fixé un délai potentiel de deux ans pour cette reconstruction.

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Dans une station-service au pied d'un de ces bidonvilles, celui de Kaweni à Mamoudzou, les habitants qui font la queue dans l'espoir de s'approvisionner notamment pour alimenter des groupes électrogènes laissent éclater leur frustration. « On est fatigué. On en a marre. On a soif. On a faim », énumère Yazéa Abdou, une Mahoraise de 26 ans, qui assure à l'AFPTV que les « gens dorment à la station », faute de mieux.

 Polémique 

Jeudi, lors d'une première journée parfois tendue sur ces îles ravagées le 14 décembre par le cyclone le plus violent depuis 90 ans, Emmanuel Macron avait pu constater l'étendue des dégâts et l'ampleur de la détresse, faisant face pendant de longues heures à l'impatience et la colère de Mahorais qui ont parfois tout perdu.
"Si c'était pas la France, vous seriez 10.000 fois plus dans la merde !", a rétorqué jeudi le président au milieu de la foule en colère.
Face aux polémiques suscitées par ces propos à Paris, le chef de l'Etat a affirmé avoir répondu à des "gens" du Rassemblement national qui "insultaient la France (...) en disant +on ne fait rien+".

 Avec AFP