Covid-19 : Tests obligatoires pour les passagers de La Réunion et Mayotte vers l’Hexagone

Covid-19 : Tests obligatoires pour les passagers de La Réunion et Mayotte vers l’Hexagone

En raison du nouveau variant omicron (ou Nu), apparu en Afrique du Sud, les passagers en provenance de La Réunion et Mayotte vers l’Hexagone devront se faire tester avant l’embarquement, dès ce dimanche.

« Afin de prendre en compte et de lutter le plus rapidement possible contre la circulation virulente du nouveau variant, dit « Nu » détecté en Afrique Australe (Afrique du Sud, Botswana, Eswatini, Lesotho, Mozambique, Namibie et Zimbabwe), le gouvernement a pris cette nuit une nouvelle disposition réglementaire par voie de décret paru le 27 novembre et applicable à tous les passagers à destination de la métropole depuis La Réunion et Mayotte », explique un communiqué de la préfecture réunionnaise.

« La modification du décret n° 2021-699 prévoit donc la mise en place d’un test préalable à l’embarquement depuis La Réunion et Mayotte, réalisé au moins 48h avant le départ du vol. Cette mesure prend effet dès le dimanche 28 novembre », poursuit-on. Ainsi, chaque voyageur à destination de la métropole devra désormais disposer du résultat négatif d’un test PCR ou antigénique de moins de 48h. 

« Une organisation exceptionnelle va être mise en place en urgence pour permettre aux voyageurs embarquant dès ce dimanche de se faire tester. Les modalités de cette organisation seront précisées très très rapidement ». Pour rappel, le ministre des Outre-mer avait annoncé, mercredi devant le Sénat, le retour des tests avant embarquement vers l’Outre-mer depuis l’Hexagone, pour tous les passagers, vaccinés ou pas, afin de faire face à la 5ème vague. La mesure doit entrer en vigueur ce lundi.

Vendredi, après la découverte d’un cas du variant omicron en Belgique, le Premier ministre a annoncé la fermeture des frontières pour les passagers en provenance des sept pays de l’Afrique australe, dont l’Afrique du Sud. Par conséquent, tous les vols entre Saint-Denis de La Réunion et l’Afrique du Sud ont été suspendus par le préfet, qui a également invité les passagers ayant voyagé dans les 14 derniers jours en Afrique du Sud à se signaler et se faire tester.

Omicron, variant « préoccupant » plus contagieux que delta

L'arrivée d'omicron, « préoccupant » selon l'OMS, intervient alors que l'Europe affronte déjà une flambée des cas de Covid-19 depuis plusieurs semaines. « Le variant B.1.1.529 a été signalé pour la première fois à l’OMS par l’Afrique du Sud le 24 novembre 2021. Ce variant présente un grand nombre de mutations, dont certaines sont préoccupantes », a indiqué le groupe d’experts chargé par l’OMS de suivre l’évolution du Covid-19.

Selon Santé Publique France, Omicron présente en effet « 32 mutations, insertions ou délétions de la protéine Spike dont notamment la mutation N501Y qui a été associée à l’augmentation de la transmissibilité des variants alpha, beta et gamma ». À titre de comparaison, Delta présentait seulement deux mutations. « Le souci, c’est que lorsque vous avez autant de mutations, cela peut avoir un impact sur la façon dont le virus se comporte », a déclaré à Sud-Ouest Maria Van Kerkhove, responsable technique de l’OMS pour le Covid-19.

Le nombre élevé de mutation de ce nouveau variant pourrait l'aider à éviter les défenses immunitaires de l'organisme. Il pourrait par définition être plus transmissible. « Nous pouvons voir qu'il a un potentiel de propagation très rapide » a affirmé le virologue Tulio de Oliveira, lors d'une conférence de presse du ministère de la Santé. Le centre de contrôle et de prévention des maladies de l’Union africaine a tenté de tempérer. « Il existe de nombreux variants mais certains n’ont pas de conséquence sur la progression de l’épidémie » a signalé John Nkengasong, le directeur de l'autorité sanitaire.

Pourtant, « le nombre de cas détectés et le pourcentage de tests positifs augmentent rapidement », a déclaré l'Institut national des maladies transmissibles d'Afrique du Sud (NICD), notamment dans la province la plus peuplée du Gauteng, qui comprend Pretoria et Johannesburg.Depuis le séquençage de ce nouveau variant, « vingt-deux cas positifs ont été enregistrés » en Afrique du Sud, selon les chiffres du NICD le 25 novembre. Mais les laboratoires d'analyse confirment détecter de plus en plus de cas. Le nouveau variant a également été enregistré au Botswana, et à Hong Kong sur un voyageur qui revenait d'Afrique du Sud.

Une autre personne a été infectée en Israël. « Il s'agit d'une personne revenue du Malawi », a annoncé, vendredi, le ministère de la Santé israélien, qui soupçonne « deux cas supplémentaires de personnes revenues de l'étranger ». Placées en isolement, ces trois personnes étaient vaccinées contre le Covid-19, a révélé le ministère, sans toutefois préciser le nombre de doses ou le type de vaccin. S'il ne circule pas en France pour l'instant, un cas du nouveau variant a été identifié en Belgique. « Il s'agit de quelqu'un qui venait de l'étranger. Qui a été testé positivement le 22 novembre. Qui n'était pas vacciné », a détaillé le ministre de la Santé belge, Frank Vandenbroucke,

Inquiétudes

L'apparition du variant Omicron suscite de nombreuses inquiétudes dans le monde. Plusieurs pays, tels que les États-Unis, le Canada et le Brésil, ont suspendu les voyages depuis et vers l'Afrique australe pour freiner sa progression. En Europe, le Royaume-Uni, la France, l'Italie et Chypre ont interdit, à partir de vendredi, les vols en provenance d'Afrique du Sud et des pays voisins.

Il existe un risque « élevé à très élevé » que le variant Omicron se répande en Europe, a estimé l'agence de santé de l'UE. Dans un rapport d'évaluation des risques, le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) note qu'il existe toujours « une incertitude considérable concernant la contagiosité, l'efficacité des vaccins, le risque de réinfection et les autres caractéristiques du variant Omicron ».

Quelle réponse vaccinale ?

Les scientifiques ignorent encore si les vaccins actuels constitueront un bouclier efficace contre le variant Omicron mais les indications actuelles sont plutôt pessimistes. Selon le groupe d'experts de l'OMS, les données préliminaires suggèrent qu'il existe « un risque accru de réinfection » avec Omicron, par rapport aux autres variants préoccupants.

Le laboratoire allemand BioNTech, allié à Pfizer, a annoncé, vendredi matin, étudier ce nouveau variant, et attendre « au plus tard dans deux semaines » de premiers résultats d’études qui permettront de déterminer s’il est capable d’échapper à la protection vaccinale. Selon le groupe pharmaceutique, un vaccin peut être mis au point en moins de six semaines et les premières doses « livrées en 100 jours » si un variant s’avérait résistant.

Moderna lui a emboîté le pas dans la soirée, en indiquant par communiqué son intention de « rapidement développer un candidat vaccin pour une dose de rappel spécifique au variant Omicron ». L’Agence européenne des médicaments (EMA) a pour sa part jugé « prématuré» de prévoir une adaptation des vaccins au variant Omicron. En France, selon un point épidémiologique publié jeudi, plus de 99 % des cas positifs étaient issus du variant Delta.